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WANG XUEFEI
Ayant décidé d'aller travailler à l'étranger, un jeune Chinois découvre les difficultés et les bonheurs de l'adaptation à un pays aux coutumes différentes des siennes.
Logements sur le chantier
Au printemps de 2007, vers la fin de mes études universitaires, j'ai signé mon premier contrat de travail avec une société chinoise qui construisait un tronçon de l'autoroute Marrakech-Agadir, au Maroc. J'allais y servir d'interprète. À l'automne de la même année, les premiers mois dans le sud-ouest de ce pays allaient s'avérer un peu difficiles.
Le choc du dépaysement
Sur cette autoroute, notre projet était un tronçon de 42 km menant à la petite ville berbère d'Imintanout, dans le massif de l'Atlas. Avant mon départ pour Casablanca, un ami de Marrakech qui étudiait à Beijing m'avait dit : « Au Maroc, il fait doux en hiver et frais en été. Mais dans les montagnes, tout est plus dur. » À notre chantier, le soleil dardait ses rayons pendant le jour, mais heureusement, les nuits étaient fraîches. Il n'a pas fallu longtemps pour que je devienne bronzé comme tous mes collègues, car les endroits ombragés étaient rares, les chèvres se chargeant de manger les quelques feuilles qui auraient pu nous protéger du soleil.
Pour rajouter au choc, le ramadan a commencé peu de temps après mon arrivée dans ce pays. Mes collègues chinois n'étaient pas trop au courant de ce qu'est le ramadan et le jeûne islamique. Quand ils ont dû aller dans les grandes villes pour négocier des contrats, ils ont été surpris de constater que les restaurants étaient fermés, sauf le McDonald's.
Au chantier, selon l'horaire durant cette période, la masse des ouvriers marocains terminaient le travail à 15 h; pour ma part, comme les autres Chinois, je continuais à travailler jusqu'à 19 h.
Chaque soir, quand je retournais à notre baraquement, mes collègues me disaient que j'avais l'air d'être littéralement couvert d'une couche de terre. À ce moment-là, il n'y avait pas d'eau chaude pour la douche, et craignant de prendre froid et de tomber malades, mes collègues plus âgés n'osaient pas souvent prendre une douche.
Il n'y avait pas d'Internet non plus. Quand on voulait parler à sa famille à coût abordable, il fallait faire du stop pour se rendre dans les cybercafés d'Imintanout, située à 22 km de nos installations. C'est d'ailleurs ce que j'ai fait le jour de l'anniversaire de ma copine. Un camion qui transportait le poisson d'Agadir à Casablanca m'a fait monter. Mohamed, le chauffeur, m'a dit qu'il travaillait avec des entreprises de pêche chinoises à Agadir, que les Chinois qu'il connaissait étaient très gentils et qu'il aimait donc les aider. Disant que les Chinois lui avaient offert beaucoup de choses, il a même refusé les 10 dirhams que je voulais lui remettre en arrivant à la ville. Pour ce voyage, j'avais eu de la chance, mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Durant les jours fériés de l'Aïd-el-Adha, le signal de Maroc Télécom a été interrompu, ce qui signifiait qu'il n'y avait ni téléphone fixe, ni portable, ni fax. L'électricité était également coupée. On avait alors installé un groupe électrogène pour la cuisine, mais c'était très bruyant. Puis, un jour, en rentrant du travail, j'ai dû affronter une tempête de sable. Le vent de sable était tellement fort qu'il m'était difficile de marcher. Dans ma chambre, le sable passait par les fissures de notre abri provisoire, et à mon arrivée, une petite dune s'était même déjà formée au coin de mon lit. Malgré tout, je ne détestais pas le sable du Sahara.
Un voyage dans le désert
Un jour, notre directeur a organisé une excursion au sud de l'Atlas, dans le désert du Sahara, et on m'a offert de servir d'interprète pour ce voyage.
Le premier jour, nous nous sommes rendus à Taroudannt et avons habité dans un hôtel construit sur l'emplacement d'un ancien palais. Ce n'était pas un hôtel moderne, mais il était confortable et on pouvait y imaginer le luxe jadis réservé aux rois. Après le petit-déjeuner pris sous les cognassiers et les bananiers, nous sommes partis vers Ouarzazate.
En suivant les conseils d'une Coréenne que nous avions rencontrée dans un restaurant de cette ville, nous avons continué vers la frontière avec l'Algérie et sommes arrivés à Erfoud à 23 h. Après avoir mangé un peu de poulet rôti, des frites et des olives, fatigués, nous nous sommes endormis. Erfoud est renommée pour ses fossiles de trilobites et on peut en acheter à bas prix. À l'hôtel où nous avons logé, la plupart des décorations étaient en pierre de fossile.
Le jour suivant, après avoir roulé 90 km, nous sommes arrivés à Merzouga; là, nous avons remplacé la voiture par des chameaux et sommes entrés dans le Sahara. C'était la première fois que je voyais un désert si beau et si vaste. Le soir, nous avons dansé et chanté avec les Sahariens devant notre campement.
Sur la route du retour, en pleine nuit, notre 4x4 a eu une crevaison. Alors que nous nous préparions à changer le pneu, nous avons constaté que notre cric n'était pas assez puissant. Heureusement, un gros camion passait par là et son chauffeur nous a aidés avec celui du camion. Nous avons eu de la chance parce que, la nuit, il n'y a pas beaucoup de véhicules sur les routes de cette région. Pour le remercier, notre directeur a voulu lui donner 200 dirhams et des cigarettes chinoises, mais cet amical Marocain les a refusés.
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