Lisa Carducci
Hôtel Kongquehe en forme de paon (Photo de Lisa Carducci)
Maintenant que j'ai parcouru tout le Xinjiang – dont la superficie représente un sixième du territoire du pays, je crois que je pourrais très bien m'établir à Korla. J'ai précédemment parlé des poires de Korla, mais ce n'est pas la raison de mon choix ; c'est en fonction de mes besoins que j'ai examiné cette ville, qui est le chef-lieu du département autonome mongol de Bayangol et qui m'a plu au premier abord. J'ai été littéralement fascinée, bien qu'aucune ville, district ou village du pays ne m'ait jamais déplu.
Korla est une ville jeune, érigée il y a un peu plus de cinquante ans, très moderne, ouverte et belle. Elle a été nommée par l'Unesco « ville charmante de Chine », un titre bien mérité. Il est difficile de penser que Korla a été tirée du néant, soit du vaste désert de Taklimakan. Au pied du côté sud de la chaîne des monts Tianshan, elle fait partie du Xinjiang du Sud. C'est en fait une oasis dans le désert, créée sur les bases d'un très ancien royaume.
Korla est un mot ouïgour qui signifie « voir très loin » autant jusqu'à l'horizon que dans l'avenir. C'est justement l'impression que j'ai eue en arrivant : mon regard s'étirait jusqu'à l'infini et je ressentais la vastitude sans restriction.
Korla, dont la population est de 438 000 habitants, abrite vingt-trois ethnies ; les Han, les Hui et les Mongols sont les plus nombreux. Son paysage est varié, des monts enneigés au désert de sable, des lacs immenses aux vastes prairies et steppes.
Ce qui a fait pencher ma balance en faveur de Korla, c'est d'apprendre que son hiver ne connaît pas la neige, qu'il ne dure que trois mois et qu'un tricot de laine ou une veste de cuir suffit. La chaleur de l'été est modérée ; elle peut dépasser les trente degrés, mais elle n'est aucunement suffocante.
Enseigne en chinois et en mongol (Photo de Lisa Carducci)
Traversée par la rivière des Paons (Kongquehe), Korla dégage une impression de fraîcheur. La rivière fait la joie des enfants comme des adultes qui s'y baignent ; et là où la baignade n'est pas permise, l'interdiction est affichée en chinois et en mongol, respectivement langue nationale et langue locale. Les rives de la rivière récemment aménagées en une large promenade permettent un peu de romantisme aux amoureux, et la contemplation d'œuvres d'artistes significatives aux promeneurs solitaires. Différente le jour et le soir, son ambiance est magnifique en tout temps. On construit beaucoup de bâtiments d'appartement au bord de l'eau, et y habiter devient un rêve possible à prix raisonnable. Les rues ont été tracées en prévision de l'avènement de la voiture privée et ne connaissent pas donc pas d'embouteillage.
L'industrie et le commerce de Korla progressent rapidement et sainement. On y trouve des produits de grandes marques mondiales. Remarquablement propre, Korla est renommée pour sa protection de l'environnement. En outre – ce qui n'est pas à négliger –, ses habitants sont particulièrement sympathiques.
(Extrait modifié de Ces gens merveilleux du Xinjiang, Beijing, FLP, 2008.)
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