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La pièce de résistance de ma collection est un bol en « coquille d’œuf », surnom de cette porcelaine extrêmement mince et fragile.Ces pièces, souvent blanches, sont ensuite peintes des deux côtés, et l’on peut voir,en regardant à travers, l’image interne complétéepar l’image externe. Mon bol, de 14 cm de diamètre en surface, pèse seulement 61 grammes, le poids de six feuilles de papier A4.On peut le voir à droite sur la photo, parmi des pièces de porcelaine anglaise et italienne.
La porcelaine coquille d’œuf est si fragile qu’on n’en fait que des objets décoratifs, et non d’usage courant.
La porcelaine évolue avec le temps; les gouts et l’inspiration changent. Jingdezhen produit aujourd’hui des pièces modernes comme ce joli vase :
En 2001, j’ai visité l’atelier deDing Zhonghai, à Zibo au Shandong. L’artiste, d’ethnie hui, reproduit en terre noire des vases sacrificiels ou d’usage courant des temps anciens, qui étaient originellement en bronzecomme cette gracieuse jarre élancée et ce brule-encens.Cesdeux magnifiques pièces sont des cadeaux de Ding.
Ding a établi son atelier sur le terrain même d’où il tire sa matière première. Des jeunes gens travaillent pour lui à extraire la terre noire, et bénéficient en même temps de l’expérience de l’artiste.
Un autre type de porcelaine s’appelleCéladon; cette appellation étrange viendrait du nom d’un personnage de roman d’Honoré d’Urfé. Céladon portait des rubans verts, et le roman L’Astrée a été publié en 1628, à une période où les produits qingci (céramique verte) des ateliers de Longquan gagnaient en popularité en France. Puis, ce nom aurait été repris dans d'autres langues. D’autres hypothèses veulent que le terme Céladon soit une déformation du nom Saladin (Salah ad-Din),sultan de Ayyubid qui, en 1171, envoya 40 pièces de céramique au sultan de Syrie. Ou encore, le nom pourrait dériver du sanskrit sila (vert) et dhara (pierre). Je dois cette info à Wikipedia.
Le vert bleuté du céladon est dû à la présence d’oxyde de fer dans la terre, et la glaçure présente de nombreuses craquelures vitrifiées. Comme beaucoup de grandes inventions, cette technique découlerait d’un « accident » agréable, puisaurait étéraffinée par les artisans du Zhejiang pendant six siècles !Ce joli petit vase m’a été offert par les autorités de Jingdezhen lors d’une de mes visites.
Comment terminer sans un mot sur la porcelaine Ru (de Ruzhou au Henan. Elle se caractérise par la poudre d’agate ajoutée à l’émail, sa glaçure luisante, et sa couleur de ciel d’azur après la pluie. La glaçure est couverte de veinures en forme de feuilles de thé, et l’on peut voir au soleil de petites bulles d’air qui brillent sous l’émail comme des étoiles dans le ciel. La couleur des porcelaines Ru est particulière ; à la lumière du jour, elle est azurée ; mais sous l’éclairage fluorescent, elle apparait bleu gris. On n’a trouvé aucune de ces porcelaines dans les tombes. Monopolisés par le gouvernement impérial, les fours Ru n’ont produit que de 1086 à 1106, puis ont disparu à cause des guerres. Il n’existe donc dans les musées du monde qu’une centaine de pièces produites à Ruzhou.
Huit siècles plus tard, Zhu Wenli, après plus de 2 000 jours d’effort et plus de 1 500 échecs, a finalement, en 1987, tiré du four ses œuvres, et constaté, très ému, qu’il avait réussi. Puis, il s’est effondré d’épuisement.
Source:french.china.org.cn |