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Le deuil des xiaochi

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 10. 2015 | Mots clés : deuil, xiaochi

Par ailleurs, il est étonnant qu'on trouve encore des vendeurs de galettes rôties, que ce soit dans des étals près du métro Dongzhimen ou dans les marchés alimentaires, ces kaobing qui n'ont plus le gout du charbon; on s'est modernisé! Mais elles sont souvent sans emballage et exposées à la pollution autant qu'à la toux des passants.

Où sont les Ouigours qui, dans les années 1990, vendaient de savoureuses nang et les brochettes de mouton grillé? Les brochettes ont complètement disparu des rues de Beijing, en raison de la pollution. Ce sacrifice est positif. D'ailleurs, on ne vend plus rien dans les rues : les vendeurs de maïs encombrent les escaliers du métro, tandis que les tables et petits bancs que les passants devaient contourner ont quitté les trottoirs. On ne dine plus à la sauvette…

Où sont passées aussi les brochettes de chou doufu, de calmars frits, de moineaux ou de cigales? On pouvait tout déguster dans la rue; sans doute la modernisation a-t-elle voulu s'associer à l'hygiène et la civilisation ? Au nom de l'évolution, une des premières spécialités à disparaitre a été le mao jidan – un œuf dans lequel un poussin était déjà en formation… Bien des Chinois m'ont dit n'avoir jamais osé gouter … cette horreur. Mais moi, je l'ai fait. Il y a bien vingt ans que je n'en ai plus vu. Quant aux plus jeunes, ils en ont entendu parler tout au plus.

Pas seulement l'alimentation dans les rues a-t-elle changé, mais aussi bien celle des familles chinoises qui prennent leurs repas à la maison. Autrefois (je parle d'il y a trente ans, quand j'ai connu la Chine), le riz était servi en premier lieu, puis venaient les mets pour accompagner cette « céréale de base ». Plus tard, le riz était prêt, on le gardait dans la cuisine et le servait une fois que les invités s'étaient bien rempli la panse. Mais souvent, les convives le refusaient : il ne restait plus d'espace. La viande, qui servait d'abord de condiment pour les légumes, s'est diversifiée et a augmenté en quantité. Il fut une période où les Chinois consommaient beaucoup trop de viande. Je me souviens qu'à la fin du siècle dernier, mes collèges me demandaient ce que signifiait le terme « obésité ». Aujourd'hui, on est plus conscient de l'équilibre alimentaire et du soin de sa santé. Mais les écoliers, qui disposent d'argent de poche, achètent des collations vides sur le chemin du retour, puis, à la maison, refusent de diner.

Jiaozi - Je prépare les miens

De plus en plus de familles consomment des jiaozi surgelés; pour ma part, je prépare encore les miens. Lors de la fête des Lanternes, on ne voit plus d'étals où les yuanxiao étaient confectionnés dehors, devant les clients qui faisaient la queue pour en acheter. Les yuebing connaissent une triste fin; depuis longtemps les Chinois disaient les acheter pour les offrir en cadeau, ajoutant que personne dans leur famille ne les appréciait. Comme le président Xi a sonné le glas des cadeaux fastueux, en particulier des emballages de luxe de ces pâtisseries (et non des gâteaux de lune eux-mêmes), on les a presque oubliés, cette année, lors de la fête de la Mi-automne.

Kingkong Vermicelli

Si Beijing était une ville où l'on pouvait se régaler n'importe où, consommer n'importe quoi et à n'importe quel moment, la capitale chinoise en est à ses dernières heures à cet égard. Par contre, plus de gens consomment davantage de fastfood. Et les nouilles surtout sont à la mode : Malan, Xiabu, Kingkong Vermicelli, nouilles russes, espagnoles, mongoles ou japonaises, et même des pâtes italiennes à saveur du Hunan, sans oublier les fangbian mian instantanées. Les nouilles coutent peu, sont de préparation rapide et de consommation facile. Les salons de thé semblent pousser comme des champignons, du moins dans mon nouveau quartier; toutefois, ils semblent souvent vides.

Puisque mon travail ne m'a pas permis d'aller acheter des aliments aujourd'hui, si je veux diner, j'ai le choix d'acheter du surgelé au supermarché, ou d'aller au restaurant. En fin de compte, j'opterai pour un pain grillé farci de viande d'âne; depuis des années je n'en avais plus consommé.

Par ailleurs, je viens de me rendre compte que je suis tout près du premier Subway de ma vie où je me suis « abonnée » au Spicy Italian. J'y retournerai certainement dès ma prochaine faim de loup.

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Source: french.china.org.cn

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