Envoyer [A A]

Le deuil des xiaochi

French.china.org.cn | Mis à jour le 14. 10. 2015 | Mots clés : deuil, xiaochi

Lisa Carducci

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,

Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,

Et puis est retourné, plein d'usage et raison,

Vivre entre ses parents le reste de son âge !

Joachim du Bellay

Yangrou qian'r et nang

Il n'est pas nécessaire d'aller très loin pour faire des découvertes. Je l'ai déjà dit, mais comme les occasions se répètent, je le répète aussi. Cette fois, il s'agit de mon déménagement de Shunyi, où j'ai vécu agréablement pendant douze ans, vers Chaoyang – orienté vers le soleil, comme le dit son nom, un arrondissement qui ne m'est pas inconnu puisque j'ai toujours beaucoup fréquenté l'Institut français en Chine et l'Institut culturel italien, riches en activités variées et gratuites.

Comme je travaille des journées entières à me créer un nid viable dans un logement que j'ai loué dans des conditions dégoutantes, je n'ai ni temps ni envie de me préparer des repas. Alors, ou bien je ne mange pas, ou bien je sors à la recherche d'un resto maison où je trouverai de quoi me mettre sous la dent rapidement, et sans dépenser une fortune. C'est alors que j'ai constaté que l'alimentation a totalement changé à Beijing, surtout en ce qui concerne les xiaochi ou petites collations que l'on consomme sur le pouce, et le fastfood.

Partout cette odeur de fumée grasse qui émane des bizarres saucisses (que je soupçonne de contenir bien peu de viande véritable) qu'on vend sur une baguette, mais qu'on retrouve aussi dans des rouleaux de printemps et les crêpes. Et je me souviens alors des jianbingguozi – la meilleure valeur qualité/prix, avait dit ma fille en visite, quand ce met rapide et complet coutait seulement 0,8 yuan. Il faut chercher longtemps, aujourd'hui, pour retrouver la recette originale, et si l'on a cette chance, peu importe alors qu'ils coutent maintenant 5 yuans.

Bananes naines

En 1989, il n'y avait pas de choix, surtout l'hiver. Des pommes de terre et des navets, et du chou en abondance. A début de novembre, le chou était subventionné par l'État; des camions venaient décharger leur cargaison à l'entrée des danwei (unités de travail), et chaque famille entassait les choux à 2 mao la livre dans les escaliers, sur les bords de fenêtres et dans tous les recoins frais possibles afin de « durer » jusqu'au printemps. Que de recettes on pouvait préparer à base de chou! C'est une image disparue de nos mémoires, sauf la nôtre, à nous, les vieux. Comme fruits, il y avait de petites pommes et des mandarines, sèches et sans gout. Du sud du pays arrivaient -- pas encore les ananas, connus beaucoup plus tard --, mais de toutes petites bananes savoureuses et sucrées. Elles disparurent quand on se mit à importer les bananes étrangères cueillies encore vertes. Aujourd'hui, on les réimporte d'autres pays d'Asie du sud-est, à 28 yuans le kilo, à côté des avocats, des pommes grenades et des citrons.

Les patates douces rôties

L'hiver, les brochettes d'azeroles, appelées tanghulu, sont carrément en voie de disparition. Il en est de même pour les patates douces rôties, qui vous réchauffaient les mains et le cœur et pouvaient faire office de repas. Il y avait aussi des brochettes d'ananas, de coco, et de hami gua, le meilleur melon (genre cantaloup) qui soit. C'était le bon temps, et heureusement que j'ai saisi ces images en peinture au cours de mon quart de siècle passé en Chine.

Suivez China.org.cn sur Twitter et Facebook pour rejoindre la conversation.
1   2   Suivant  


Source: french.china.org.cn

Réagir à cet article

Votre commentaire
Pseudonyme
Anonyme
Les dernières réactions (0)

Les articles les plus lus