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Mes Chunjie en Chine

French.china.org.cn | Mis à jour le 09. 02. 2015 | Mots clés : Chunjie,Chine

L'arrivée de 2000 fut spéciale : on entrait dans un nouveau millénaire. Plusieurs Chinois avaient économisé sur les pétards l'année précédente pour se reprendre en extravagance en 2000. Un tournant social se produisit : on prônait la diminution des pétards, qui gaspillent de l'argent et polluent l'environnement, mais aussi, les jeunes couples de professionnels commencèrent à ne plus retourner chez leurs parents à la campagne pour la fête, mais plutôt à y envoyer leurs enfants, avec de gros cadeaux, pendant qu'eux-mêmes s'occuperaient de recevoir leurs clients dans leur ville pour d'extravagants banquets et les combler de luxe.

 

 

J'ai passé la fête du Printemps 2001 à Beijing, et pris plaisir à la fête foraine du parc Ditan. Je devais le refaire en 2012, pour découvrir combien le cout de la vie avait augmenté. Les brochettes de mouton rôti, autrefois petites et au prix de 0,5 yuan, étaient beaucoup plus volumineuses, mais coutaient 10 yuans! Aussi, les gens de moins de 40 ans dépensaient énormément en futilités, comme des oreilles de lapin qui tiennent sur la tête au moyen d'un cerceau, et qui n'ont aucune utilité – même pas d'être jolies – que de rapporter de l'argent aux marchands.

J'ai remarqué aussi que la fête était devenue une immense foire où l'on vendait toutes sortes de marchandises qui n'avaient parfois rien à voir avec le Nouvel An. Mais les spectacles, la musique aux instruments traditionnels, les costumes d'époque, cela avait disparu. Les jeunes n'auront jamais plus l'occasion de voir de près et toucher.

En 2002, j'ai réalisé un rêve que je caressais depuis longtemps, car je savais que les coutumes de la fête du Printemps étaient encore très bien conservées au Shaanbei. Cependant, il n'y avait qu'un hôtel dans le village, et les propriétaires, qui étaient du Sichuan, étaient rentrés chez eux pour la fête. Nous étions quatre, et l'on a eu la bonté de nous trouver une chambre, sans lumière, ni eau, ni chauffage, et des lits sans draps, parce que j'étais étrangère, sans doute, car les trois autres étaient chinois et n'avaient rien obtenu avant mon intervention.

Des spectacles se déroulaient : musique traditionnelle, théâtre de marionnettes, danse, mais les « artistes » étaient bien plus occupés à examiner l'étrangère dans l'assistance qu'à jour leur rôle sur scène.

Nous avons visité plusieurs petits villages; tous étaient abondamment décorés de sentences parallèles rouges, et même les porcs dans leur habitat avaient droit aux leurs. Cependant, pas de restaurants ouverts : les propriétaires étaient tous des Sichuanais, nous a-t-on dit…

Au retour, j'ai peint des danseurs au tambourin de ceinture (yaogu) en souvenir du Shaanbei.

 

 

Voilà qu'en 2006 j'ai décidé d'aller faire connaissance de la jeune Tibétaine dont je subventionnais les études universitaires depuis trois ans. De Lhassa à son village, dans le district autonome tibétain de Deqing, au Yunnan, il lui fallait quatre jours, et à moi, de Beijing, un avion jusqu'à Kunming, une nuit à l'hôtel, puis six heures de trajet en autobus, mais on n'en trouvait pas car tous les chauffeurs étaient rentrés pour la fête. Je dus donc trouver un voyageur particulier, qui me conduisit jusqu'à un village où m'attendait « ma fille tibétaine ». Après une autre nuit dans un hôtel minable, nous avons fini par trouver un bus à midi le lendemain, mais le chauffeur qui rentrait chez lui nous laissa à 8 km du village où nous allions. Nous faisions du pouce au bord de la route, mais les chauffeurs qui connaissaient Gemar Yumtso ne pouvaient nous emmener sur la route poussiéreuse car ils venaient de faire laver leur voiture pour la fête. En fin d'après-midi, un camion s'arrêta enfin. On me fit assoir à côté du chauffeur, tandis que Gemar Yumtso et des paysans se tenaient debout dans la benne. Quand on nous fit descendre, il restait 3 km à faire par monts et par vaux. Un jeune homme était venu nous attendre depuis le matin, avec un cheval pour moi, tandis que mes deux compagnons iraient à pied. Ce fut mon plus beau Chunjie, car là, j'appris aussi les traditions tibétaines, parfaitement conservées. Et j'allais y retourner en 2010.

J'ai découvert des traditions comme la bénédiction de la maison par les lamas, qui durent une journée entière; la course de chevaux; les danses accompagnées de chant, à l'intérieur à la lueur du feu ou dehors le jour.

Depuis, j'ai toujours conservé des contacts étroits avec les Tibétains, surtout ceux de Tongrenxian dans la province du Qinghai. Ils ont des traditions différentes des Tibétains d'ailleurs, auxquelles ils ajoutent celles des Han : par exemple, la préparation des jiaozi en famille. De religion lamaïste, ils visitent temples et monastères, où les lamas exposent de magnifiques sculptures de beurre de yak. C'est dans ma deuxième famille tibétaine que j'ai passé le Chunjie 2011.

Les années que je n'ai pas mentionnées, j'ai passé le Chunjie en Chine (Fujian, Alashan en Mongolie intérieure, Macao, Shanxi, Hubei). Partout j'ai découvert des coutumes locales, et la même hospitalité, en particulier dans les familles paysannes. Les traditions disparaissent à grande vitesse dans les villes; nombreux sont les jeunes qui détestent le Chunjie et préfèrent célébrer Noël, parce que c'est nouveau pour eux et que cela fait moderne!

J'ai aussi passé le Nouvel An chinois en Thaïlande, au Népal, en Corée et au Bangladesh, mais toujours parmi des Chinois qui vivaient dans ces pays et qui avaient ajouté de nouvelles traditions aux leurs. Je dois dire que c'est à Montréal et en Californie que j'ai été le plus déçue : si les Chinois célèbrent le Chunjie, ils le font en privé. Par contre, on dit qu'à Paris, le Nouvel An chinois est devenu une célébration française!


 

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Source: french.china.org.cn

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