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Lisa Carducci
Depuis 1989 que je passe le Chunjie en Chine. Cette année-là, j'étais arrivée pendant le congé, et il ne restait que des étudiants africains à l'Institut des langues étrangères, ceux qui n'avaient pas assez d'argent pour voyager.
En 1993, j'ai reçu la visite de ma fille et sa famille. Mes petites-filles, des jumelles blondes aux yeux bleus, sont nées le 7 février, et leur père également. Ils sont donc tous les trois célébré respectivement leur 2e et 32e anniversaire pendant le Chunjie. Quelques étudiants chinois qui n'avaient pu rentrer dans leur patelin venaient chaque jour chez moi, et pratiquaient leur français ou anglais avec nous. C'était notre Chunjie…
En 1995, je suis allée passer dix jours au Zhejiang, dans la famille de mon étudiant Ying Yuanma. De Hangzhou au village de Jiang'ao de Xuanju, il fallait vingt heures de route, en autocar d'abord, puis en voiture privée, et enfin en poussepousse à travers les champs, dans la boue. Ce que j'en retiens, c'est l'atmosphère familiale qui était la même que pour nous Italiens : manger, chanter, rire, causer toute la nuit. Les femmes et les enfants regardaient le célèbre spectacle de quatre heures à la télé, en croquant des graines; les hommes jouaient aux cartes en fumant à qui mieux-mieux. Le lendemain, les femmes escaladèrent la montagne, une tradition locale.
Si, avec le progrès, il ne faut plus qu'une heure et demie entre Hangzhou et Xuanju, il est malheureux de constater que ces réunions simples mais tellement chaleureuses sont en train de disparaitre, et pas seulement en Chine.
En 1996, c'est à Yinchuan, au Ningxia que j'ai passé la fête. Les Hui, musulmans, célèbrent comme les Han l'arrivée de la nouvelle année. C'était la première fois que j'allumais des pétards moi-même, et cela me remplissait de frénésie et de crainte en même temps. Du haut du 15e étage, on voyait toute la ville illuminée de lanternes rouges, davantage qu'à Beijing.
Je ne me souviens plus exactement en quelle année les pétards devinrent interdits dans les villes par mesure de sécurité et de protection environnementale. J'en pleurais, car j'avais toujours, depuis mon enfance, adoré les pétards et feux d'artifice. Cependant, poussé par la force des traditions, le gouvernement redonna peu à peu la permission dans des limites prescrites et sous surveillance policière.
En 1999, la fête du Printemps de Chine tombait le même jour que le Têt au Vietnam. Je suis donc allée voir comment on célébrait au Vietnam, où plusieurs habitants sont d'origine chinoise. Pour la fête, chaque famille achète un pêcher en fleurs et un oranger nain, qu'on rapporte à la maison à motocyclette. La ville semble alors un jardin mobile! Après la fête, on replante ces arbres pour l'année suivante.
Source: french.china.org.cn |
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