Shanghai, à cause de la pluie
Par Lisa Carducci
Comme j'avais décidé d'assister à la conférence internationale « De Tagore à Mo Yan », à l'université Tongji de Shanghai, j'ai pensé : Pourquoi ne pas prendre deux jours de plus pour revisiter cette ville magnifique ? Je connais bien Pudong, mais depuis au moins dix ans je n'avais pas revu la partie ancienne, l'ouest, à partir de Hongqiao. De l'aéroport, on accède au métro sans même sortir de l'aéroport. Cinq stations sur la ligne 2 plus deux sur la ligne 4, et j'étais à mon auberge, très bien située, au cœur d'un réseau de transports publics.
J'ai toujours pensé que je ne pourrais habiter Shanghai, mais je l'ai trouvée aujourd'hui propre et ordonnée. Est-ce à cause de la pluie? On n'aurait jamais dit une ville de 24 millions d'habitants… Il faut dire que je n'ai pas vu un chien non plus, et pourtant l'on sait que Shanghai en abrite environ un million.
Munie d'une veste et d'un parapluie, j'ai d'abord erré à pied dans le quartier avant de choisir le bus dont la ligne était la plus longue : le 837. Pendant tout le trajet, il ne s'est jamais rempli – à cause de la pluie sans doute – si bien que la préposée aux billets, qui circule dans le bus vers les passagers et non eux vers elle, titubait sur ses talons hauts, cherchant son équilibre en s'appuyant aux pôles et aux banquettes.
Dans cet arrondissement que je crois d'aisance moyenne, le rez-de-chaussée de tous les bâtiments abrite des commerces, et les étages des appartements. Rien de bien typique : Family Mart, Mac Do, Unicom, Suning, Pizza Hut, Xinhua Bookstore, et… la Banque de Shanghai !
La verdure m'a semblé abondante au bord des trottoirs, entre les rangs de maisons, dans les parterres bien entretenus et entourés de clôtures de béton ou brique et de fer forgé, qui donnent une impression de propriété et de vie privée. Les feuilles me paraissaient propres et luisantes. Était-ce à cause de la pluie ?
En fin de ligne, me croyant rendue en banlieue, j'ai demandé dans quel arrondissement nous ; à ma grande surprise, j'ai appris que nous étions toujours dans Putuo.
Puis j'ai aperçu ces perches de bambou et ces tiges de fer typiques de Shanghai, qui servent à étendre le linge à sécher au-dessus de la rue, mais elles étaient nues aujourd'hui, certainement à cause de la pluie.