Double fête dans ma famille tibétaine
Un large espace de la cour fut couvert d'un toit temporaire pour servir de cuisine. Dix foyers fonctionnaient à plein temps. L'aide provenait de partout. Le matin de la noce, on se leva tôt pour préparer des pains farcis à la vapeur, vingt-deux poissons, onze poulets, la viande d'une chèvre et d'un porc, sans parler des légumes, et recevoir la commande de treize canards rôtis.
Le plancher de la maison fut démonté; les lourdes planches recouvertes de feuilles de polythène feraient office de tables sur le pré et des tapis serviraient de sièges.
Les époux apparurent d'abord en costume de ville. Au moment de se rendre sur le terrain, ils endossèrent leur tenue traditionnelle. Il n'y eut pas de véritable cérémonie. Le mariage avait eu lieu un mois auparavant dans la famille du mari, puis la famille de la mariée invitait à son tour. Le père de Gemar Yumco prononça un bref discours – sans oublier de m'offrir un hada pour le bien que j'avais fait à leur famille et leur village. Puis ce fut la collecte des cadeaux (de l'argent) recueillis dans un grand chaudron et annoncés publiquement. Pendant le repas, les époux devaient rester assis au centre du terrain et garder un air sérieux.
Le soir, une trentaine de proches restèrent à danser et chanter à la lueur d'une unique ampoule de 60 W pour l'immense pièce de 200 m2. Les plus endurcis, soutenus par le qingkejiu (alcool d'orge) qui coulait à flots, ne quittèrent les lieux qu'au petit matin.