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Trump 2.0 : implications pour la gouvernance mondiale et les relations entre grandes puissances

French.china.org.cn | Mis à jour le 21. 01. 2025 | Mots clés : Trump,gouvernance mondiale,grandes puissances,OTAN,OMC,Accord de Paris
french.china.org.cn | 21. 01. 2025

Conséquences sur les relations entre grandes puissances

L’approche de Donald Trump concernant les relations entre grandes puissances amplifiera probablement les tensions géopolitiques existantes. Sa préférence pour les négociations bilatérales et son scepticisme à l’égard des institutions multilatérales pourraient affaiblir les efforts collectifs visant à relever les défis mondiaux tels que la prolifération nucléaire, le changement climatique et les normes commerciales internationales. Cela pourrait conduire à un ordre mondial fragmenté, où la dynamique du pouvoir serait plus fluide et moins prévisible.

La relation avec la Chine pourrait être caractérisée par une concurrence économique et une rivalité géopolitique continues. Le précédent mandat de M. Trump a été marqué par des guerres commerciales, les tarifs douaniers et les sanctions ayant été des outils clés pour remédier aux déséquilibres commerciaux et au vol de propriété intellectuelle. S’il poursuit sur cette voie, les tensions entre les États-Unis et la Chine pourraient s’intensifier, ce qui pourrait mettre à rude épreuve l’économie mondiale. Outre le commerce, M. Trump pourrait adopter une ligne plus dure sur des questions telles que Taïwan, la mer de Chine méridionale et la concurrence technologique, en limitant notamment l’accès de la Chine aux semi-conducteurs avancés et aux technologies d’intelligence artificielle (IA). L’atténuation de l’influence de la Chine devrait rester un objectif primordial sous son mandat, ce qui pourrait indiquer une intensification de sa politique d’opposition.

La politique étrangère de M. Trump pourrait contraindre les pays à faire un choix définitif entre le maintien de relations favorables soit avec les États-Unis, soit avec la Chine. Cette approche dichotomique s’oppose toutefois à la politique de « multi-alignement » privilégiée par de nombreux pays du « Sud global », qui aspirent à maintenir des relations équilibrées avec toutes les grandes puissances. L’accent accru mis par Donald Trump sur l’opposition à l’influence de la Chine dans des régions critiques comme l’Afrique pourrait mettre en danger des initiatives d’aide dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Des réductions soudaines dans ces secteurs obligeraient l’Europe et d’autres pays donateurs à compenser les déficiences, ce qui est susceptible d’exercer davantage de pression sur le cadre de l’aide mondiale.

Cependant, la volonté de M. Trump de négocier en tête-à-tête avec les dirigeants chinois pourrait également ouvrir la voie à des dialogues soutenus et à une stabilité relative du système international, mais en raison de sa rhétorique impulsive, ces derniers pourraient manquer de cohérence et de planification stratégique à long terme.

La seconde présidence de M. Trump pourrait montrer une position incertaine envers la Russie. Son mandat précédent a été caractérisé par des allégations de clémence excessive envers la Russie, en particulier concernant l’intervention de la Russie dans les élections américaines et ses stratégies géopolitiques. L'estime de Donald Trump pour le président russe Vladimir Poutine pourrait se traduire par des efforts afin d’établir un rapport personnel avec la Russie. Cela pourrait être contesté par ses alliés européens, car ils estiment que l'administration Trump pourrait réduire son aide à la défense de l'Ukraine, obligeant potentiellement les États européens à assumer un rôle de leadership plus important pour relever les défis de la guerre russo-ukrainienne.

Les relations transatlantiques pourraient elles être confrontées à de nouveaux défis sous la présidence Trump. Ses précédentes remises en question de la pertinence de l’OTAN et ses demandes d’un plus grand partage des charges entre les alliés européens ont tendu les relations pendant son premier mandat. Un second mandat pourrait voir le président américain intensifier ces demandes, ce qui pourrait nuire à la cohésion et à l’efficacité de l’OTAN. Les relations avec l’Union européenne pourraient également se détériorer si M. Trump relance des différends commerciaux ou adopte une position conflictuelle sur des questions telles que les dépenses de défense, la fiscalité numérique ou les politiques énergétiques. Cela pourrait amener l’Europe à chercher à affirmer une plus grande autonomie stratégique, peut-être en renforçant ses liens avec d’autres grandes puissances comme la Chine, la Russie ou l’Inde.

Le second mandat de Donald Trump se concentrera probablement sur des accords transactionnels au Moyen-Orient, tels que les accords d’Abraham négociés pendant son premier mandat. Si ces accords ont élargi la reconnaissance diplomatique d’Israël, le désengagement de M. Trump des efforts plus larges pour la stabilité régionale, comme la résolution des causes profondes du conflit en Syrie ou en Irak, pourrait se poursuivre. Ses liens étroits avec les régimes d’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pourraient également exacerber les tensions avec l’Iran, ce qui pourrait déstabiliser davantage la région.

L’investiture de M. Trump devrait être le témoin d’un changement substantiel de la politique étrangère américaine à l’égard des questions mondiales les plus sensibles. Parmi les défis existants, l’on peut citer les guerres en Ukraine et à Gaza, les ambitions nucléaires de l’Iran et la péninsule coréenne, ou encore la rhétorique de Donald Trump – sur l’annexion du Groenland, sur le changement de nom du golfe du Mexique en golfe d’Amérique, sur l’occupation du canal de Panama sans même hésiter à recourir à la force, sur la fusion du Canada en tant que 51e État des États-Unis – sont des rappels crus du flux de conscience chaotique du président.

Malgré la diminution de la force relative des États-Unis, ils continuent de posséder la plus grande économie et la plus grande armée du monde, ainsi qu’un réseau inégalé d’alliances et de partenariats qui influencent la gouvernance mondiale. Washington doit tirer parti de son pouvoir et de son influence pour promouvoir des règles authentiquement mutuelles qui peuvent orienter la politique mondiale au-delà du simple principe de « la force fait loi ». Faire face aux défis communs urgents nécessite une stratégie sophistiquée qui reconnaisse l’importance d’une gestion stratégique mondiale inclusive pour préserver les principes libéraux, la sécurité humaine et la prospérité de chaque nation. Les États-Unis peuvent soit promouvoir un ordre mondial plus égalitaire, soit s’efforcer de préserver leur suprématie mondiale, mais ils ne peuvent pas réaliser les deux simultanément.

Un ordre mondial visant à consolider la domination américaine est antidémocratique et ne profitera pas aux communautés les plus marginalisées au sein du système international. Par conséquent, un engagement constructif, une égalité souveraine hors du prisme du jeu à somme nulle et une coopération gagnant-gagnant sont la recette d’un ordre international stable, dans lequel les États-Unis devraient jouer un rôle de premier plan et rétablir la confiance des autres nations dans leur leadership en matière de gouvernance mondiale. Des relations positives entre grandes puissances et un engagement constructif pour s’attaquer conjointement aux problèmes mondiaux en renforçant les institutions internationales, en particulier l’ONU, garantiraient l’instauration d’un climat de confiance et une stabilité durable, et cela doit être promu via des efforts collaboratifs.

Traduit d’un article en anglais écrit pour french.china.org.cn par Dr Waseem Ishaque, chercheur principal à l’Institut Taihe de Beijing. Les articles d'opinion reflètent les points de vue de leurs auteurs, et ne sont pas nécessairement représentatifs des opinions de french.china.org.cn.


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Source:french.china.org.cn