Sommet du G20 de Hambourg : une plateforme pour les Nouvelles routes de la soie

Depuis la dernière édition du Sommet du G20 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang, les 4 et 5 septembre dernier, le développement des Nouvelles routes de la soie a connu une accélération phénoménale. Cette initiative – la Ceinture économique de la Route de la Soie et la Route maritime de la Soie – a été proposée par le président chinois Xi Jinping en septembre et octobre 2013. Elle est devenue, comme Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, le fait parfois remarquer, « l'initiative la plus importante et la plus influente du monde contemporain » et elle est actuellement un des principaux moteurs de la reprise économique mondiale.

Le Sommet du G20 de Hambourg, en Allemagne, devrait ainsi prendre appui sur les acquis et les résultats obtenus lors du G20 de Hangzhou ainsi que sur les avancées réalisées au cours du Forum de « la Ceinture et la Route » pour la coopération internationale qui s'est déroulé les 14 et 15 mai à Beijing.

Avant son départ à Hambourg, Xi Jinping a mis en avant, dans un article signé publié en Allemagne, les liens entre l'initiative de « La Ceinture et la Route » et le G20, qui se caractérisent par leur complémentarité et leur promotion réciproque. Il a exprimé le souhait de conjuguer les efforts avec toutes les parties concernées à l'occasion du sommet de Hambourg, de manière à envoyer un signal clair sur la coopération économique internationale et la gouvernance économique mondiale, et à contribuer activement à la croissance économique et l'amélioration des performances de la gouvernance économique mondiale.

La ville d'Hambourg est à la fois symbolique et représentative des enjeux commerciaux qui lient la Chine à l'Allemagne, et plus largement, à l'Europe.

Symbolique d'abord, car le premier train de marchandises à destination de Hambourg est parti de Zhengzhou le 18 juillet 2013. Depuis, plusieurs milliers de liaisons ont été effectuées par le China Railway Express entre Harbin, Chengdu, Chongqing et Yiwu notamment à destination de Londres, Lyon et Madrid en Europe de l'Ouest, transportant annuellement des marchandises d'une valeur d'environ 5 milliards de dollars. Il ne se passe pas un mois sans que l'on annonce de nouvelles destinations en Chine comme en Europe.

Représentative ensuite, car les 23 et 24 novembre dernier, les Nouvelles routes de la soie ont été au centre des discussions au Sommet de Hambourg, une conférence économique sino-européenne de premier plan organisée par la Chambre de commerce de cette ville hanséatique. Quelque 550 entreprises chinoises y ont un bureau et plus de 700 entreprises de Hambourg nourrissent des relations commerciales avec la Chine. Lors de son allocution devant la Chambre de commerce d'Hambourg le 24 novembre, la vice-première ministre chinoise Liu Yandong avait d'ailleurs souligné que le développement de la Chine était une source d'opportunités pour le monde et avait évoqué la dynamique enclenchée par les Nouvelles routes de la soie. « Les Nouvelles routes de la soie connectent les cercles économiques dynamiques de l'Asie de l'Est au cercle économique développé d'Europe, offrant des occasions nouvelles pour la coopération Chine-Europe et Chine-Allemagne. »

Le thème du Sommet du G20 à Hambourg est un appel à « créer un monde interconnecté » qui se décline selon trois modalités principales : assurer la stabilité économique, accroître la durabilité pour un avenir partagé et promouvoir un développement responsable.

Depuis le Sommet du G20 à Hangzhou, la résistance à la globalisation et le protectionnisme ont cependant retrouvé une nouvelle vigueur avec l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, une tendance qui s'était exprimée avec le Brexit. Le président chinois Xi Jinping avait alors repris le flambeau du libre-échange et de l'ouverture lors de son célèbre discours au Forum économique mondial de Davos le 17 janvier 2017, faisant de la Chine le champion du libéralisme économique et de l'ouverture.

Un message qui a été entendu par les deux principales économies de l'Union européenne. A Hambourg, l'Allemagne, qui assure la présidence du G20, sera en effet appuyée par la France en la personne d'Emmanuel Macron. Le président français nouvellement élu a en effet parlé d'une « alliance de confiance » entre Paris et Berlin lors de son allocution au Conseil européen à Bruxelles le 22 juin. C'est en prenant appui sur cet axe que l'Europe pourra s'ouvrir plus en avant aux Nouvelles routes de la soie et promouvoir le libre-échange et l'ouverture économique tout en facilitant le développement sain de la mondialisation.

Lors de sa rencontre à Beijing avec le vice-chancelierd'Allemagne et ministre des Affaires étrangères Sigmar Gabriel 24 mai, Wang Yi a souligné la convergence des objectifs du G20 et des Nouvelles routes de la soie dans les domaines politiques, économiques et commerciaux. « Nous sommes certains que les progrès dans les Nouvelles routes de la soie fourniront aux avancées du G20 des perspectives plus larges et une impulsion plus forte au niveau mondial », avait-il dit à son homologue allemand, laissant entendre qu'un arrimage des politiques économiques et commerciales des pays du G20 avec les Nouvelles routes de la soie se ferait au bénéfice de tous. « Nous souhaitons que ces deux plateformes de coopération, qui se complètent et s'entraînent réciproquement, jouent ensemble un rôle directeur dans le développement sain de l'économie mondiale afin qu'ils effectuent chacun une contribution immense dans l'établissement d'une communauté de destin de l'humanité. »

Les Nouvelles routes de la soie sont le symbole de l'interconnexion prônée dans cette édition du G20, ce que ne manquera pas de rappeler le président chinois Xi Jinping qui appellera les membres à l'unité et à l'ouverture.

par Jacques Fourrier (L'auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)