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La mise en examen de François Fillon change la campagne présidentielle française

French.china.org.cn | Mis à jour le 17. 03. 2017 | Mots clés : mise en examen ,présidentielle française,Shen Xiaoquan

 

Le 14 mars, le candidat à l'élection présidentielle française François Fillon a officiellement été mis en examen par la justice dans l'affaire des « emplois fictifs ». Bien que cela ne l'empêche pas de participer à l'élection, ses chances de victoire en sont considérablement réduites. M. Fillon étant le seul candidat du parti de droite Les Républicains, sa perte de vitesse risque d'affaiblir le leadership de son courant politique, ce qui change la donne dans le déroulement de l'élection.

M. Fillon a été mis en examen pour détournement de fonds publics, complicité et recel de fonds publics, complicité et recel d'abus de biens sociaux et manquement aux obligations de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Depuis le début de l'année, les médias parisiens ont couvert l'affaire sans interruption : la femme de M. Fillon, Penelope, a touché une rémunération en tant qu'assistante et assistante parlementaire d'un total de 900 000 euros. S'il n'est pas du tout illégal d'embaucher un proche comme assistant parlementaire, le travail de Mme Fillon n'a jamais été enregistré auprès de l'Assemblée nationale, alimentant le soupçon de son caractère « fictif ».

L'affaire qui accable Fillon

Outre cette affaire, M. Fillon est soupçonné d'abus de pouvoir. Entre mai 2012 et décembre 2013, sa femme Penelope a été employée par le magazine La Revue des deux mondes en tant que critique littéraire. Toutefois, Mme Fillon n'a jamais travaillé dans les locaux du magazine. Certains affirment qu'après la recommandation de M. Fillon (alors premier ministre) en vue de son embauche, le directeur du magazine s'est vu décerner la Légion d'honneur. De plus, François Fillon a lancé une entreprise de conseil nommée 2F, dans laquelle il aurait utilisé la position privilégiée de son statut de premier ministre et de député, ce qui lui aurait permis de toucher la rémunération considérable de 200 000 euros.

D'après les derniers rapports médiatiques, le candidat Fillon, aurait avec « grande libéralité » déboursé 13 000 euros pour deux costumes haut de gamme, taillés sur mesure. Un article rapporte également que depuis 2012, il a commandé de nombreux costumes auprès du tailleur Arnys pour un total de 35 500 euros, tous payés comptant, bien que l'identité du payeur reste un mystère. Les règles de l'Assemblée stipulent qu'au-delà de 150 euros, la valeur des cadeaux faits aux parlementaires doit être déclarée au fisc. Pourtant, M. Fillon n'a pas déclaré ces sommes.

La brigade spéciale des autorités de police financière s'est aussitôt saisie de l'affaire des emplois fictifs, et le bureau parlementaire de M. Fillon a été perquisitionné. Le 24 février, la justice a décidé de lancer une procédure judiciaire à l'encontre de M. Fillon. Le 1er mars, il était convoqué par la justice. Le 14 mars, il était convoqué par la police, et interrogé.

M. Fillon fait face à une affaire calamiteuse, qui porte un grand coup au principal parti de la droite française. L'ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy avait remporté l'investiture de son parti lors de la primaire de la droite à la fin de l'année dernière, devenant ainsi le seul candidat des Républicains. Il y a cinq ans, le socialiste François Hollande a remporté la présidence contre M. Sarkozy, et la droite souhaite depuis reconquérir le pouvoir. Lorsque M. Fillon a remporté l'investiture, il était extrêmement populaire, et les sondages en ligne le prédisaient vainqueur de l'élection, avec une marge confortable par rapport aux autres candidats. Cependant, depuis l'annonce du scandale, sa popularité n'a fait que chuter, et les sondages le placent déjà en troisième position, ce qui rend incertain son passage au premier tour.

Eruption de la discorde chez les Républicains

Les difficultés de M. Fillon ont aussitôt suscité de sévères oppositions chez Les Républicains. Des appels se sont élevés de toute part : « Fillon doit retirer sa candidature », « Juppé doit remplacer Fillon », l'ancien ministre de l'Agriculture M. Lemaire, ainsi que le directeur de l'équipe de campagne de M. Fillon, M. Stefanini et de nombreux autres ont démissionné, et le président du parti centriste UDI, Jean-Christophe Lagarde, allié des Républicains, a publié une déclaration pour retirer son soutien à la campagne électorale de M. Fillon. Cependant, à moins de deux mois des élections, une candidature d'Alain Juppé semblait difficilement pouvoir faire consensus. Dans cette ambiance de confrontation, M. Juppé, lucide, a publié un communiqué annonçant qu'il ne serait pas candidat. De même, M. Fillon a fait clairement savoir qu'il ne se retirerait pas et qu'il « se battrait jusqu'à la fin ». Il a reçu un fort soutien du secrétaire du parti M. Accoyer, ainsi que du président du Sénat M. Larcher. La crise s'est finalement résorbée, même si M. Fillon reste loin de faire l'unanimité.

Celui à qui cette crise a le plus profité est le candidat indépendant Emmanuel Macron. A tout juste 39 ans, ce dernier est un ancien membre du Parti socialiste, et ancien secrétaire général du président Hollande, qui a servi au gouvernement en tant que ministre de l'Economie. En avril 2016, il a fondé le mouvement « En marche ! », et a démissionné de son poste de ministre. En novembre, il a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, et défini l'orientation de son programme « ni à droite, ni à gauche ».

La pensée politique de M. Macron a suscité une vaste réponse dans les cercles politiques. Le chef du Mouvement démocrate François Bayrou, vétéran de la vie politique française qui a participé trois fois à l'élection présidentielle, avait obtenu 18,7 % des voix à l'élection de 2007, se classant troisième. Cette fois, il avait initialement exprimé son soutien pour Alain Juppé, avant de soutenir Macron après l'élimination du candidat Juppé aux primaires des Républicains. Dernièrement, M. Macron et lui ont formé une alliance, qui a considérablement renforcé ce dernier. M. Juppé est également admiratif des principes politiques de M. Macron, et dans l'éventualité de son élection, le considérait comme un membre potentiel de son gouvernement de droite. Alain Juppé a de nombreux supporters parmi les Républicains, et il est donc probable que ces supporters décident de soutenir M. Macron, plutôt que M. Fillon.

Macron sème la discorde au Parti socialiste

L'ambition de M. Macron a également semé le chaos au sein du Parti socialiste. Lors des primaires socialistes organisées au début de cette année, après la défaite du premier ministre Manuel Valls, le ministre de l'Education Benoît Hamon est devenu le candidat officiel. Mais ce résultat ne reflète pas un consensus au sein du parti, où Hamon représente la frange plus traditionnelle opposée aux réformes, tandis que M. Valls représentait la mouvance plus libérale. Pour cette raison, beaucoup s'opposent à la candidature de M. Hamon et se reportent vers celle de M. Macron, pour ses idées avec lesquelles ils se sentent « plus en phase ».

Un sondage réalisé le 9 mars donne pour la première fois Emmanuel Macron gagnant du premier tour avec 26 % des intentions de vote, devant les 25 % pour Marine Le Pen, 20 % pour François Fillon et 13 % pour Benoît Hamon. Il remporterait ensuite le second tour avec 65 % des voix. Pour l'instant, l'avantage semble rester entre les mains de Macron et Le Pen. Après un début de campagne qui prévoyait un affrontement entre François Fillon et Marine Le Pen au second tour de scrutin, le nouveau modèle de l'élection place la candidate du Front national en confrontation directe avec Macron.

Au temps de presse, une nouvelle affaire arrive : Emmanuel Macron aurait présenté des déclarations de revenus et de patrimoine bien différentes entre sa prise de fonction et son départ du poste de ministre de l'Economie. L'affaire a été portée à l'attention de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique. Si l'accusation était retenue, cela endommagerait fortement les perspectives politiques de M. Macron, et l'élection présidentielle deviendrait encore plus difficile à déchiffrer.

Marine Le Pen peut ainsi observer les féroces conflits internes des partis traditionnels et en tirer profit. En attendant de voir ce qu'il advient de ses adversaires, sa campagne progresse à bon pas. Force est d'admettre que sa victoire ne semble plus du tout impossible.

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn

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