François Hollande de retour à New Delhi pour finaliser le contrat Rafale

Par : Vivienne |  Mots clés : François Hollande,Narendra Modi,Rafale
French.china.org.cn | Mis à jour le 28-01-2016

Le président français François Hollande a effectué du 24 au 26 janvier sa deuxième visite d'Etat en Inde, la précédente datant de février 2013. En avril 2015, c'est le premier ministre indien Narendra Modi qui avait effectué une visite en France. Les deux dirigeants se rencontrent fréquemment, et les sujets de discussion entre eux ne manquent pas, mais cette fois, l'attention était concentrée sur les avions de combat français Rafale. Lors de cette visite, François Hollande et Narendra Modi ont annoncé un accord intergouvernemental portant sur la vente de 36 Rafale. Cette annonce marque une étape clé vers la signature formelle du contrat, mais aussi dans le renforcement de la coopération militaire entre les deux pays.

Durant la conférence de presse à laquelle les deux chefs d'Etat ont participé le 25 janvier, il a été annoncé que l'accord avait été signé par les deux ministres de la Défense. François Hollande a qualifié la signature de l'accord intergouvernemental d'étape décisive. Il a également suggéré que les dernières négociations sur le montant du contrat seraient conclues dans les prochains jours. Comme la décision indienne de commander des Rafale n'a pas suivi un processus d'appel d'offres international, conformément aux règlements, les parties doivent avoir un accord intergouvernemental pour assurer la mise en œuvre du contrat de vente. Par conséquent, il est attendu qu'un contrat de vente d'armement suive rapidement la signature de l'accord politique.

L'armée de l'air indienne impatiente de se moderniser

L'Inde envisage depuis longtemps d'acheter des avions français Rafale. Au début de l'année 2001, l'armée de l'air avait proposé l'achat de 126 avions de combat, afin d'éliminer progressivement son arsenal de 250 MiG-21 et MiG27 obsolètes. Le gouvernement avait décidé que cette dépense s'élevant à plus de 100 milliards de dollars constituait une mesure d'urgence pour remédier au plus vite aux lacunes de l'arsenal indien, tout en accélérant la production des avions produits nationalement, les HAL LCA (Light Combat Aircraft) Tejas. Cependant, l'industrie de l'aviation indienne a accumulé un grand retard en matière de recherche et développement. Finalement, l'armée de l'air a décidé en 2006 de ne plus attendre le développement de nouveaux LCA, préférant faire avancer son projet d'achat à l'étranger de chasseurs légers (à rayon d'action allant jusqu'à 200 km) et de chasseurs moyens multirôles (à rayon d'action d'au moins 1000 km). En août 2009, l'armée indienne a commencé à examiner en détail les capacités techniques des modèles concurrents fabriqués à l'étranger. Le Dassault Rafale, l'Eurofighter Typhoon, le Boeing F-18E/F, le F-16 de Lockheed Martin, le MiG-35 russe et le Saab JAS-39 Gripen suédois ont été testés. A l'issue des tests, le chef d'état-major indien a déclaré que le Rafale était le seul à satisfaire toutes les exigences du pays.

Afin d'assurer la signature de cette importante commande, le président français d'alors, Nicolas Sarkozy, a effectué deux visites à New Delhi en janvier 2008 et en décembre 2010 dans un effort de « diplomatie commerciale ». Le premier ministre indien de l'époque, Manmohan Singh, avait également été invité en France à deux reprises, et le 14 juillet 2009 les soldats indiens ont été conviés à participer au traditionnel défilé militaire de la fête nationale française. En juin 2010, la France et l'Inde ont tenu des exercices militaires conjoints. Ces activités ont sans aucun doute contribué à créer une atmosphère de coopération étroite entre les deux parties, et ont favorisé le choix des Rafale. A la fin du mois de janvier 2012, le gouvernement indien a finalement annoncé officiellement sa décision en faveur des Rafale et a entamé des négociations exclusives avec la France.

Le Rafale est un avion de combat omnirôle développé par la société française Dassault depuis le début des années 1980. Il associe des fonctions de défense aérienne, de reconnaissance aérienne, une capacité de frappe de précision pour les missiles air-sol et air-mer, ainsi que des capacités nucléaires égales à celles des avions de combat les plus avancés. En raison de sa polyvalence, le Rafale a souvent été surnommé le « couteau suisse » des avions de combat. En mai 1991, le Rafale a effectué son premier vol d'essai, et en 2004 et 2006 respectivement, il a intégré les actions de la marine française et de l'armée de l'air. Le Rafale devrait rester pour les 30 prochaines années l'avion principal de l'armée française.

Une demande qui excède l'offre

Au cours des dernières années, le Rafale a gagné une belle réputation internationale par sa participation aux opérations militaires en Libye, au Mali et en Irak. Durant la guerre de Libye, le Rafale a été le principal instrument des raids aériens français à partir de bases situées en France métropolitaine. Grâce à son ravitaillement de carburant en vol, l'opération a duré au total 9 heures et 35 minutes, un exploit difficile à reproduire avec les concurrents du Rafale, qui est devenu la vedette de l'opération en Lybie. Au Mali, le moteur du Rafale a été soumis au test des températures particulièrement élevées de l'Afrique subsaharienne, mais ses propriétés mécaniques sont restées intactes et ont pu disperser les forces terroristes armées. En Irak, les performances du Rafale ont été saluées en matière de collecte de renseignements et de frappes de précision visant les militants de l'Etat islamique. Impressionnée par les capacités du Rafale, l'Egypte a signé avec la France au début de l'année 2015 un contrat portant sur l'achat de 24 appareils, la première commande faisant enfin entrer le Rafale sur le marché international.

Après trois ans de négociations, la France et l'Inde ont conclu un accord préliminaire répondant aux exigences indiennes : sur une commande de 126 appareils, 18 seraient importés en entier, et les 108 restants seraient assemblés par une entreprise locale. Ces conditions impliquaient un transfert de technologie, des coûts et d'autres facteurs complexes qui ont entraîné des retards dans la signature du contrat.

Dès sa prise de fonctions, le premier ministre Narendra Modi a voulu faire avancer la modernisation militaire de l'Inde, et en avril 2015, lors de la conférence de presse organisée à l'occasion de sa visite en France, le gouvernement indien a annoncé l'achat de 36 appareils produits et assemblés en France, deux fois plus que les 18 prévus initialement, un contrat d'une valeur estimée à 8,3 milliards d'euros.

Pendant ce long processus de négociation, la France a signé avec l'Egypte et le Qatar deux contrats portant chacun sur l'achat de 24 Rafale, avec un processus de construction formellement engagé. Cela explique que la demande de Rafale excède actuellement l'offre en termes de capacités de production. Bien que l'armée de l'air indienne considère que la modernisation de son armement est urgente, la production des Rafale et les délais de livraison ne peuvent qu'être reportés. Dassault a décidé d'accélérer son rythme de production pour sortir trois avions de sa chaîne de production par mois au cours des trois prochaines années, afin de répondre aux besoins de ses clients étrangers.

Pour la France, la signature avec l'Inde d'un contrat portant sur 36 avions Rafale est de loin la plus importante commande à l'exportation pour ce type d'appareil, et le contrat revêt une grande importance pour l'expansion de ses exportations d'armes. La France est déjà un gros exportateur d'armement, mais ces dernières années, le montant des exportations a fortement chuté. Selon les chiffres fournis par la DGA (Direction générale de l'armement), les exportations militaires françaises ont chuté au plus bas en 2012 à 4,8 milliards d'euros, avant de remonter à 8,4 milliards d'euros en 2014. Grâce à l'arrivée en 2015 du Rafale sur le marché international, les exportations françaises d'armement ont atteint 16 milliards d'euros l'an dernier. Les ventes sont ainsi presque remontées à leurs niveaux de 2009. Selon Le Monde, les exportations françaises d'armement, auparavant au quatrième rang mondial, ont bondi à la troisième place, ex æquo avec le Royaume-Uni, derrière les Etats-Unis et la Russie.

L'Asie a toujours été l'un des plus grands marchés de l'armement du monde, et avec l'évolution de la situation de sécurité dans la région Asie-Pacifique, et la stratégie de rééquilibrage vers l'Asie des Etats-Unis, les tensions augmentent en Chine méridionale. Cette dynamique pousse les pays concernés à acheter des armes avancées, et le marché asiatique de l'armement est aujourd'hui très concurrentiel. La concurrence sur ce marché est déjà devenue un volet important de la stratégie de la France « vers l'Asie ».

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)

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