La commande indienne de 36 Rafale à la France reflète des besoins stratégiques croissants

Par : Vivienne |  Mots clés : Modi ,France
French.china.org.cn | Mis à jour le 13-04-2015

Le premier ministre indien Narendra Modi a choisi la France comme première étape de sa tournée européenne en cours. Le point culminant de sa visite de deux jours a été la commande officielle par le gouvernement indien de 36 avions de chasse français Rafale. Les négociations de ce contrat étaient en cours depuis des années, et M. Modi a finalement annoncé son feu vert dans le but d'améliorer le niveau de coopération militaire entre l'Inde et la France. C'est aussi le résultat des demandes croissantes générées par le développement de la stratégie bilatérale.

Les médias français ont déclaré que la décision de l'Inde a été une « agréable surprise » pour la France, car l'opération a connu beaucoup de rebondissements. En 2001, les forces aériennes indiennes avaient déjà fait part de leur projet d'acquérir 126 avions de combat avancés pour remplacer leurs appareils obsolètes encore en service. Ce gros contrat d'une valeur dépassant 100 milliards de dollars était vu comme le plus grand contrat d'armement dans le monde, et a enclenché une concurrence féroce parmi les grands groupes de fabrication d'avions. Dans son long processus de sélection, l'armée de l'air indienne a commandé en 2009 six modèles concurrents pour déterminer à qui accorder le contrat. Les six prétendants étaient le Rafale de Dassault, l'Eurofighter Typhoon, le FA-18E/F de Boeing, le F-16 du groupe américain Lockheed Martin, le MiG-35 russe et le JAS-39 Gripen suédois de Saab.

Trois ans de négociations

Afin de gagner ce contrat incontournable, le président français d'alors Nicolas Sarkozy s'est rendu à New Delhi en janvier 2008 et en décembre 2010 dans un effort de « diplomatie commerciale ». Le premier ministre indien de l'époque, Manmohan Singh, a également été invité à visiter la France à deux reprises, et en juillet 2009 les soldats indiens ont été invités à participer au traditionnel défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. En juin 2010, la France et l'Inde ont également effectué des exercices militaires conjoints. Ces activités ont sans aucun doute permis d'améliorer l'atmosphère de coopération étroite entre les deux pays, et c'est ainsi que l'avion de chasse Rafale a remporté la partie. Fin janvier 2012, le gouvernement indien a finalement pris la décision de choisir le Rafale, et entamé des négociations exclusives avec la France.

Trois années de négociations très difficiles ont suivi. La partie indienne demandait la livraison de 18 avions assemblés, et 108 autres à assembler par ses entreprises sur son territoire, ce qui impliquait des facteurs complexes de transfert de technologie et de coûts imprévus. C'est pourquoi la signature du contrat a tant tardé. Après la prise de fonction de Narendra Modi au poste de premier ministre, la politique de modernisation militaire de l'Inde est devenue plus active, et le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian s'est rendu en Inde à deux reprises pour faire avancer le contrat, jusqu'à ce que Narendra Modi annonce finalement la finalisation du contrat lors de sa visite en France. Le 11 avril, lors d'une conférence de presse conjointe tenue après leur réunion, le premier ministre indien et le président français François Hollande ont annoncé la décision de l'Inde d'acheter 36 Rafale « clé en main », un contrat d'une valeur estimée à 4 milliards d'euros. L'Inde a donc décidé d'acheter deux fois plus d'avions assemblés en France que prévu. Les deux parties s'attachent désormais à régler les derniers détails du contrat en vue de sa signature prochaine. Selon les médias, les négociations se poursuivent sur la question du transfert de technologie et de l'assemblage en Inde de certains appareils, mais le premier lot de 36 appareils a ouvert la voie à un accord.

Le Rafale, un couteau suisse volant

Le Rafale est le résultat des efforts de la société française Dassault, qui a commencé dans les années 1980 à développer un avion de combat polyvalent de défense, de reconnaissance, de lancement de missiles de précision air-sol et air-mer, égal aux capacités des plus avions de combat avancés. Sa polyvalence lui a conféré à juste titre le surnom de « couteau suisse volant ». Le premier vol du Rafale a été effectué en mai 1991, et il est utilisé par les forces navales et aériennes françaises depuis 2004 et 2006. Le Rafale devrait rester le principal appareil de vol de l'armée française pour les 30 prochaines années.

Malgré son utilisation officielle par l'armée française depuis de nombreuses années, son prix élevé et ses performances manquant de fiabilité ont souvent découragé les clients étrangers. Ces dernières années, sa participation aux opérations menées en Libye, au Mali et en Irak lui a fait progressivement gagner une réputation internationale. Pendant la guerre en Libye, le Rafale a assuré des frappes aériennes en partant de bases situées sur le territoire français grâce à son ravitaillement de carburant en vol, une opération d'une durée de 9 heures et 35 minutes. Au Mali, le moteur du Rafale a prouvé sa résistance aux hautes températures du Sahara. En Irak, ses performances dans la collecte de renseignements et dans les missions de bombardements aériens ont impressionné, et l'avion est devenu la Némésis des militants de l'Etat islamique.

Ces succès ont été salués par les clients potentiels de Dassault, et a ouvert au groupe de nouvelles opportunités sur le marché international. En février dernier, le besoin urgent d'améliorer son niveau d'armement a conduit l'Egypte à commander 24 Rafale, signant le premier contrat étranger de Dassault sur cet appareil. Un mois plus tard, l'Inde a finalement décidé d'acheter 36 appareils, devenant ainsi le plus grand client étranger de Dassault pour cet avion de chasse. Dix ans après l'adoption du Rafale par l'armée française, les marchés étrangers sont enfin séduits.

La France en quête d'opportunités de développement en Asie

Certains analystes ont souligné que cet accord colossal entre les deux pays s'inscrit dans la stratégie bilatérale de développement des besoins mutuels. Depuis son accession au poste de premier ministre, Narendra Modi s'efforce d'améliorer les capacités de défense de l'Inde, et souhaite ardemment remplacer les avions militaires en service, les missiles et d'autres équipements obsolètes. Le Figaro a noté que cette stratégie est dirigée vers les pays voisins de l'Inde, le Pakistan et la Chine. Du point de vue économique, le gouvernement met en œuvre un programme de revitalisation de l'industrie du « Fabriqué en Inde », pour lequel les investissements et le soutien technique de l'Occident sont essentiels. L'une des raisons de la décision de l'Inde d'acheter des Rafale est d'introduire dans le pays la technologie de pointe de la France, dans l'optique de fabriquer un jour localement de l'armement de ce niveau. Le deuxième pays de la tournée européenne de Narendra Modi est l'Allemagne, où il visitera la célèbre Foire de Hanovre. De toute évidence, ce programme est lié à la promotion du « Fabriqué en Inde ».

L'industrie de l'armement est un pilier des exportations industrielles de la France, et dans le cadre actuel de récession économique de longue date en France, l'expansion des exportations militaires est une étape clé de la reprise économique nationale. La décision de l'Egypte et de l'Inde de devenir les premiers acheteurs étrangers du Rafale aura certainement pour effet de promouvoir davantage les produits militaires français sur le marché international. Pour sortir de la crise, le président François Hollande a mis le cap sur l'Asie, qui connaît une croissance économique soutenue en Asie. Au printemps 2013, peu de temps après sa prise de fonction, le président français a choisi l'Inde pour son premier voyage officiel en Asie, avant de se rendre en Chine et au Japon. L'impressionnante croissance de l'Inde a convaincu la France de faire de ce pays l'un de ses principaux points de recherche d'opportunités de coopération en Asie.

Ainsi, les besoins mutuels de la France et de l'Inde, en pleine expansion dans le cadre de leur stratégie de développement, expliquent aussi les résultats exceptionnels de la visite de Narendra Modi en France.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par M. Shen Xiaoquan, maître de recherches au Centre d'Etude des problèmes mondiaux, de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn
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