Selon un expert américain de la Chine qui s'est exprimé dans un entretien avec Xinhua, la nouvelle série de pourparlers sino-américains de haut niveau qui devraient commencer ici mardi va se pencher sur les moyens de faire de la première visite d'Etat prévue du président chinois Xi Jinping aux États-Unis un succès.

«Cette session, comme celle de l'an dernier, étudiera les possibilités qui pourront être menées à terme au cours de la prochaine réunion entre les deux présidents, qui aura lieu cette fois en septembre à Washington », a déclaré Douglas Paal, vice-président pour les études au groupe de réflexion Carnegie Endowment for International Peace, basé à Washington.

M. Paala fait allusion à la dernière session du Dialogue stratégique et économique entre la Chine et les États-Unis et de la Consultation de haut niveau sur les échanges de peuple à peuple, qui s'est tenue à Beijing en juillet dernier, et qui a permis d'ouvrir la voie à la visite du président américain Barack Obama en Chine en novembre dernier.

Comme l'année dernière, le Dialogue stratégique et économique de cette année –ce sera la septième session- sera co-présidé par le vice Premier ministre chinois Wang Yang et le conseiller d'Etat Yang Jiechi, qui agiront en tant que représentants spéciaux du président Xi, avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le secrétaire au Trésor Jacob Lew,qui représenteront le président Obama.

Quant à la Consultation de haut niveau sur les échanges de peuple à peuple de cette année –ce sera la sixième session-elle sera toujours co-organisée par le vice Premier ministre chinois Liu Yandong et John Kerry.

Les négociations de deux jours, qui se tiennent à un moment où les relations bilatérales sont tendues du fait de la poldérisation mise en œuvre par la Chine en mer de Chine méridionale et les allégationsaméricaines de piratage par la Chine des réseaux informatiques du gouvernement fédéraldes Etats-Unis, devraient apaiser les tensions afin de créer une atmosphère positive pour la prochaine visite du président Xi aux États-Unis cet automne.

«Je pense que les officiels de Washington et de Beijing ont pour objectif de faire du sommet de leurs dirigeants un succès, et vont s'attacher à arrondir les angles tant en termes de rhétorique que de comportement», a déclaré M. Paal.

Il a ainsi cité les déclarations relativement modérées sur le différend concernant la mer de Chine méridionale faites par le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter lors d'un forum sur la sécurité qui a eu lieu à Singapour fin mai, la visite du 8 au 12 juin aux États-Unis de Fan Changlong, vice-président de laCommissionmilitaire centrale de la Chine, et l'annonce récente par la Chine de la fin du projet de réaménagement de terrains sur certaines de ses îles de la mer de Chine méridionale.

L'atténuation des frictions sino-américaines sera probablement « le résultat le plus important» des négociations de cette année, les États-Unis entrant dans leur cycle électoral,qui les voit souvent se livrer alors à leur tendance habituelle d'accentuation de leurs gesticulations rhétoriques, a souligné M. Paal.

«Les responsables chinois ont tout intérêt à voir leur travail subir moins de critiques de la part des États-Unis, à un moment où le consensus sur la Chine s'effiloche aux Etats-Unis. Ils ne veulent sans doute pas être un sujet majeur du débat politique américain en ce moment »,a-t-il dit.

Comme les États-Unis entrent dans un nouveau cycle politique électoral avec la course à la Maison Blanche 2016 qui s'approche, le « China-bashing » ne manquera sans doute pas d'être utilisé par certains candidats comme outil pour obtenir des gains politiques.

M. Paal a dit ne pas attendre de percées majeures dans les négociations de cette année sur le différend sur la cybersécurité, mais attend en revanche des progrès dans les négociations sur la préparation d'un protocole d'entente sur les rencontres d'avions militaires pour le sommet de septembre.

Le Dialogue stratégique et économique entre la Chine et les États-Unis et la Consultation de haut niveau sur les échanges de peuple à peuple figurent parmi les quelque 90 mécanismes de dialogue multi-niveaux créés par les deux pays, qui visent à promouvoir la compréhension, la confiance et stimuler l'amélioration de la coopération.

Ils ont joué un rôle crucial dans le maintien de la stabilité des relations sino-américaines, et ont permis d'éviter qu'elles ne dérapent à l'occasion de certains problèmes.

« Ces forums offrent des points clés pour aborder des questions qui ne sont pas résolues dans le cours normal des choses, en partie grâce à la réunion des autorités locales et nationales autour d'une table commune», a déclaré M. Paal.

Au sujet de ses conseils sur la façon de sortir les relations sino-américaines du cercle vicieux des hauts et des bas, M. Paala dit que les deux parties « ont besoin de se rappeler qu'il faut articuler leurs programmes positifs en fonction de leur propre opinion publique et de l'autre quand elles traitent les problèmes qui se posent à elles ».

Sinon, a-t-il souligné, les récits publics sont dominés par les mauvaises nouvelles et les désaccords et par les questions des journalistes, et les réalisations obtenues au fil du temps seront ignorées.

Bien que certains experts aient déclaré qu'ils ne pensent pas que le nouveau cycle de négociations permettra de parvenir à de réelles avancées, M. Paal pense néanmoins qu'elles sont toujours nécessaires parce que la Chine et les Etats-Unis sont particulièrement interdépendants économiquement et sont un couple indispensable pour résoudre les problèmes régionaux et internationaux.