En exclusivité : l'affaire Sarkozy et ses zones d'ombre

Par : Yann |  Mots clés : Nicolas Sarkozy, corruption, trafic d'influence
French.china.org.cn | Mis à jour le 07-07-2014

Le 2 juillet, les autorités judiciaires françaises ont engagé une enquête sur l'ex-président de la République Nicolas Sarkozy, le soupçonnant d'être impliqué dans des affaires de corruption et de trafic d'influence. La veille, il avait été placé en garde à vue pendant 15 heures et mis en examen à l'office anti-corruption du quartier général de la Police judiciaire, notamment pour délit de « corruption active » et de « trafic d'influence actif ». Il s'agit du premier président de la Ve République mis en garde à vue après avoir quitté ses fonctions. L'affaire suscite un vif intérêt du public français mais également à l'étranger, chacun y allant de son avis pour tenter de connaître la vérité sur l'affaire et d'éclaircir les zones d'ombre qui subsistent.

L'affaire du financement politique

L'affaire trouve son origine dans les contributions politiques du couple Bettencourt découvertes en 2010. Mme Liliane Bettencourt, la propriétaire du groupe L'Oréal et femme la plus riche de France, avait déposé un recours en justice à la suite d'un conflit familial. Au cours de l'enquête judiciaire, Mme Thibout, ancienne comptable de Liliane Bettencourt, a déclaré à la police avoir retiré 150 000 euros en liquide au début de l'année 2007 à la demande de Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et avoir remis cette somme à Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP dirigé par Nicolas Sarkozy, pour soutenir la campagne de ce dernier aux élections présidentielles de 2007.

Le financement privé des partis politiques, rigoureusement régulé en France, ne peuvent excéder 4600 euros par an par personne physique dans le cadre d'une campagne électorale, et 7500 euros par an le reste du temps. Les 150 000 euros dépassant de loin la somme autorisée, Si les soupçons dont il fait l'objet sont confirmés Nicolas Sarkozy sera impliqué dans un scandale de financement politique.

A mesure que l'enquête progressait, plusieurs personnes de l'entourage de Mme Bettencourt fournir des preuves du financement illégal de la campagne de Nicolas Sarkozy, or l'implication de ce dernier lors de son mandat de président compliquait l'enquête en raison de l'immunité juridique dont bénéficie le président de la République. En mai 2012, Sarkozy échoue à s'imposer aux élections présidentielles, remportées par le candidat du Parti socialiste François Hollande, qui accède à la présidence de la République. L'immunité juridique de Nicolas Sarkozy a pris fin le 15 juin 2012, et ce n'est donc qu'à ce moment-là que l'enquête a pu reprendre.

Le 3 juillet 2012, profitant d'un voyage de Sarkozy en dehors de la capitale, la police fouille son bureau et son domicile bordelais, mais n'y trouve aucune preuve concernant l'ancien président. Le 22 novembre, il est interpellé par les juges d'instruction bordelais chargés d'enquêter sur l'affaire, mais les autorités judiciaires annoncent plus tard son non-lieu ainsi que son placement « sous le statut de témoin assisté par le juge dans le cadre de l'affaire Bettencourt ».

Hormis l'affaire des contributions politiques de Bettencourt, Sarkozy est soupçonné d'avoir accepté une grosse somme de la part de l'ancien dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour le financement de sa campagne. En mars dernier, les autorités judiciaires ont ouvert une enquête sur ces accusations et décidé de mettre Sarkozy sur écoute en septembre.

Bien que l'enquête n'ait pas progressé sur l'affaire Kadhafi, elle a apporté de nouvelles pistes : Sarkozy aurait, aidé par son avocat Thierry Herzog, appris par l'intermédiaire du juge de la Cour suprême Gilbert Azibert les résultats de l'enquête ainsi que la mise sur écoute de son téléphone. Sarkozy avait alors acquis un nouveau portable sous un faux nom qu'il utilisait pour échapper à la surveillance policière. En outre, le juge Gilbert Azibert ne fournissait pas ces informations secrètes gratuitement, puisqu'il espérait obtenir grâce à l'aide de Sarkozy un poste de prestige avec un revenu très intéressant à Monaco.

Accusant Nicolas Sarkozy de trafic d'influence, de corruption active et de vol d'informations judiciaires, Sarkozy a été placé en garde à vue le 1er juillet puis mis en examen, après l'interrogation de Thierry Herzog et de Gilbert Azibert la veille par la police judiciaire. S'il est jugé coupable, Sarkozy sera condamné à 10 ans de prison et à une amende pénale pouvant atteindre 150 000 euros.

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