La vie heureuse des Frank
Au premier étage du Tianxiu Building, Frank, originaire du Ghana, est très occupé dans son bureau de directeur. Il gère une entreprise de logistique au premier étage et une société internationale des services de télécommunication au rez-de-chaussée. Il nous a fièrement présenté son épouse Luo Jieting, une belle Cantonaise extravertie. Ensemble, ils ont deux enfants, un fils âgé de cinq ans et une fille de trois ans. Une vie heureuse.
Frank a avoué qu'il avait eu beaucoup de chance de trouver l'amour en Chine, mais tous les Africains faisant du commerce à Guangzhou n'ont pas ce même bonheur. Bien que la plupart d'entre eux collaborent avec des Chinois, leurs relations se limitent généralement au plan commercial. Ils éprouvent des difficultés à se faire de vrais amis. Face aux grandes différences de cultures, de couleurs et de langues, les Africains vivant à Guangzhou ont créé leur propre cercle, qui les éloignent de la société chinoise extérieure. On voit souvent les Africains regroupés dans les bars ou les cafés, mais en réalité, ils se sentent très seuls et meurent d'envie de se faire des amis chinois.
« La Chine ne manque pas de liberté »
« Je vous souhaite de gagner beaucoup d'argent durant l'année du dragon ! Je m'appelle John, mais tout le monde m'appelle Azhuang. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me demander. » Le mandarin bien fluide de Azhuang nous a grandement impressionné. Puisqu'il parlait bien chinois, nous l'avons interviewé dans cette langue. Azhuang a 48 ans et est originaire de la Tanzanie. Depuis son enfance, il connait le président Mao Zedong et le premier ministre Zhou Enlai, et sait également que c'est la Chine qui a construit le chemin de fer Tanzanie-Zambie.
Azhuang est venu faire ses études en Chine en 1987. Il a appris le chinois pendant un an à l'Institut des langues de Beijing, puis est parti à Shanghai pour étudier la mécanique. Suite à ses études, il a travaillé un an à Shanghai, puis aux États-Unis. Mais la Chine lui manquait beaucoup, c'est pourquoi il y est retourné et qu'il ne la quitte plus désormais.
« Quand je travaillais en Afrique, mes collègues qui construisaient le stade et des routes pour notre pays étaient Chinois. Comme je faisais de la mécanique et que je savais parler chinois, je servais alors de ''pont''entre les peuples chinois et tanzanien. En 2006, à la fin des travaux, je suis venu à Guangzhou et j'y ai établi mon entreprise de matériel de construction », a raconté Azhuang.
Il a deux filles, l'une de sept ans et l'autre de trois ans. Elles sont toutes deux scolarisées à Guangzhou. Puisque la vie en Afrique est trois fois plus chère que celle à Guangzhou, il est plus facile pour Azhuang de vivre avec ses filles à Guangzhou. Quant à la différence culturelle, il souligne : « La Chine est un grand pays, j'espère que mes enfants apprendront à connaître la culture chinoise. »
Il a avoué que sa femme ne s'adaptait pas très bien à la vie à Guangzhou. Elle ne parle pas chinois et veut souvent retourner en Afrique. Mais lui s'y est très bien acclimaté. Il aime les fruits de mer et particulièrement la cuisine cantonaise. Chaque dimanche après-midi, il va à l'église pour assister à la messe, et pendant les fêtes de Noël et de Pâques, il va toujours retrouver ses compatriotes à l'église. Il a souligné que la participation aux activités religieuses en Chine est tout à fait libre et que le gouvernement chinois protège la liberté religieuse. « Tout va bien tant que cela reste dans le cadre de la loi. La Chine ne manque pas de liberté. »
« Les policiers chinois nous aident beaucoup »
À la Station de gestion des services envers les étrangers de la rue Shipai, dans l'arrondissement Tianhe, nous avons rencontré par hasard quelques Africains. Ils se sont liés d'amitié avec les agents de la station et leur ont spécialement apporté du chocolat africain. L'un d'entre eux a affirmé : « Les policiers chinois nous aident beaucoup, sans aucune discrimination. Ils sont très gentils avec nous, et nous sommes maintenant amis. »
Shi Jing est une jeune policière de la station. Elle a déclaré : « Si nous vivions à l'étranger et que nous ne nous sentions pas les bienvenus, nous serions extrêmement tristes. Il faut traiter les autres comme vous voudriez qu'on vous traite. »
Vincent, un Guinéen de 28 ans, nous a indiqué : « Comme beaucoup d'Africains, à mon arrivée en Chine, j'évitais d'être vu par les policiers, au point de courir parfois. »
Les Africains ont peur des policiers, ils n'ont aucune confiance envers le gouvernement ou la police. Conscients de cette fausse image que les Africains se font des policiers, les commissariats cherchent des façons de communiquer avec eux. Ils diffusent des politiques chinoises par le biais de la télévision, de la radio et de brochures en langues chinoise et étrangères. Ils ont même établi un centre de services pour les étrangers. Il arrive parfois que des conflits surviennent entre les forces de l'ordre et des étrangers. Le commissariat invite alors certains étrangers, qui résident à Guangzhou depuis longtemps, pour qu'ils fassent les médiateurs et qu'ils expliquent à leurs compatriotes les politiques gouvernementales. Au fil du temps, le taux de crime a manifestement baissé.
Les amis africains viennent en Chine et rapportent des marchandises chinoises dans leurs pays. D'un côté, ils répondent aux besoins de leur patrie, et de l'autre côté, ils participent aux développements de la Chine et de l'Afrique. Pourvu que les amis africains continuent à être heureux en Chine et qu'ils ressentent la sincérité et la tolérance du peuple chinois à leur encontre.
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