Attirés par la qualité des produits et leur prix bas, de nombreux Africains sont venus faire du commerce en Chine, notamment à Guangzhou, où s'étend aujourd'hui « la rue africaine ».
Rue Xiaobei Lu, arrondissement Yuexiu de Guangzhou. Les Africains dans la rue, les t-shirts imprimés représentant les célébrités ou les dirigeants africains exposés en vitrine, les noms typiquement africains des cafés ou des restaurants : on se croirait en Afrique. Ici, à Guangzhou, on l' appelle « la rue africaine ». Outre la rue Xiaobei Lu, l'avenue Sanyuanli Dadao fait également office de centre de regroupement des Africains.
Ces dernières années, la venue d'un grand nombre d'Africains à Guangzhou a attiré l'attention de la Chine comme des pays étrangers. Pour déterminer la situation réelle des Africains à Guangzhou, nous avons commencé par visiter la rue Xiaobei Lu.
« La Chine est bien meilleure que je ne l'avais imaginée »
D'après les dires, le Tianxiu Building serait le lieu qui concentre le plus d'Africains à Guangzhou. Selon un responsable de l'immeuble, en 2007, 70 % des locataires vivant dans les 600 bureaux étaient originaires d'Afrique et du Moyen-Orient.
Le bloc B de cet immeuble de quatre étages se divise en de petites boutiques, où se vendent principalement des vêtements, des appareils électroménagers et du matériel de communication. Le jour où nous avons visité le bâtiment, la plupart des boutiques n'ouvraient qu'à partir de midi. D'après un commerçant au premier étage, les Africains arrivent en général l'après-midi. Ils sont plutôt du soir et travaillent parfois jusqu'à 23h. Pour faire des affaires, l'immeuble a même changé ses heures d'ouvertures selon les habitudes des Africains.
Dans un restaurant situé au rez-de-chaussée du Tianxiu Building, nous avons rencontré Rama, une femme d'affaires malienne, arrivée à Guangzhou cing jours auparavant. Elle montrait à son ami le portable qu'elle venait d'acheter et qu'elle aimait tant. Elle s'apprêtait à retourner dans son pays le soir même, mais cette joie de découvrir la Chine pour la première fois l'envahissait toujours.
Elle nous a confié qu'auparavant, elle se fournissait aux États-Unis et à Dubaï. Mais ses compatriotes installés à Guangzhou lui avaient fait découvrir cette ville. Guangzhou la satisfaisait entièrement, excepté le climat, plus froid que dans son pays. « La Chine est bien meilleure que je ne l'avais imaginé », a-t-elle déclaré. Au cours de ce voyage, elle a acheté des canapés, des appareils électroménagers et des étoffes. Ses achats chinois, additionnés à ceux effectués aux États-Unis et à Dubaï, vont lui suffire pour faire du commerce pendant un an. Elle était satisfaite des marchandises achetées en Chine, en particulier des appareils électroménagers, des vêtements et des étoffes. « C'est moins cher et de bonne qualité. »
« La Chine me permet de mener une vie aisée »
Un café, le long de la rue Xiaobei Lu, est peuplé de clients africains. Certains y prennent un café et s'assoient devant un ordinateur près de la fenêtre pour communiquer avec leurs parents et amis, à des milliers de kilomètres.
Un simple « bonjour » a suffit pour entamer la conversation avec Osmer. Il fait du commerce entre le Mali et la Chine depuis six ans. Comme la plupart des Africains, les vêtements représentent environ 70 % de ses achats, et le reste concerne de petits appareils électroménagers et autres objets d'usage courant. Quelques années suffirent à Osmer pour développer son commerce et devenir l'ami des Chinois. Il nous a raconté qu'au Mali, on dit que les Maliens sont des Juifs en Afrique. S'il choisit aujourd'hui de faire du commerce en Chine, c'est parce qu'il trouve qu'il est plus facile de gagner sa vie ici. D'après lui, bien que l'économie mondiale, surtout celle de l'Europe, connaisse actuellement un marasme, les marchandises chinoises sont de bonne qualité et à des prix bas - un tiers de ceux en Afrique - abordables pour les Africains.
Son plus grand rêve serait de « gagner suffisamment d'argent le plus vite possible pour déléguer mes affaires en Chine à une personne de confiance, et ainsi profiter de la vie au Mali. Mais je n'ai aucune idée quant à la quantité d'argent nécessaire. » Il est également très fier d'avoir construit un nouveau bâtiment résidentiel dans la banlieue de Bamako, capitale malienne, tout près du troisième pont bâti avec l'aide de la Chine. « C'est la Chine qui me permet de mener une vie aisée. »
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