L'équipe de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi tente de pulvériser de l'eau dans le réacteur nº 4. Photo prise le 22 mars par Tokyo Electric Power Co.
La centrale nucléaire frappée par le séisme et le tsunami du 11 mars au Japon émet toujours des rejets radioactifs dont il est difficile de déterminer l'origine, a confié hier un responsable de l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA).
L'AIEA a annoncé qu'elle continuait à recevoir des données du Japon confirmant « des niveaux élevés de radioactivité » dans certains aliments, notamment les épinards, au sud du complexe nucléaire de Fukushima Dai-ichi. La situation d'ensemble reste sévère, malgré quelques développements positifs qui ont vu le retour de l'électricité pour contribuer à stabiliser la centrale.
« Nous observons toujours de la radioactivité émanant du site… La question qui se pose est d'où vient-elle exactement ? », a déclaré James Lyons durant une conférence de presse. Il ne croit pas à la présence « de larges brèches ou de rejets excessifs » dans les trois premiers réacteurs, sans pouvoir confirmer que leurs enceintes de confinement sont entièrement intactes.
Hier sur le site, la montée des températures autour du cœur de l'un des six réacteurs a provoqué de nouvelles inquiétudes. Des apports d'eau ont été nécessaires pour le refroidir. Malgré les espoirs d'amélioration de la pire crise nucléaire mondiale depuis Tchernobyl, l'opérateur Tepco a précisé qu'il avait besoin de plus de temps avant d'annoncer la stabilisation des réacteurs.
Inquiétudes sur la radioactivité des aliments
Un expert de l'AIEA, Graham Andrew, a souligné que malgré les améliorations récentes, l'agence n'avait pas reçu d'informations quant à « l'intégrité du confinement du réacteur nº 1 » et qu'elle ne connaissait pas son état exact. Il a déclaré qu'il ne pensait pas que les Japonais refusaient de dévoiler leurs données, mais simplement qu'ils ne les avaient pas eux-mêmes.
Les médias nippons ont annoncé hier que l'éclairage fonctionnait désormais dans l'une des salles de contrôle, ce qui permettait d'espérer que les opérateurs puissent bientôt redémarrer les systèmes de refroidissement. Plus tôt, des rejets de fumée et de vapeur s'échappant des réacteurs les plus préoccupants (nº 2 et nº 3) avaient été observés, menaçant d'anéantir les espoirs de progrès.
L'incidence croissante des détections de radioactivité dans les légumes, l'eau et le lait autour de la centrale suscite également l'inquiétude, malgré l'assurance des autorités que les niveaux décelés ne sont pas dangereux.
« L'agence continue à recevoir des données confirmant les hauts niveaux de radioactivité dans certains aliments, notamment les épinards, d'après des échantillons prélevés dans 37 emplacements à proximité de cinq villes au sud du site de Fukushima », a souligné M. Andrew.
« Cela indique que dans quatre préfectures, certains aliments sont au-delà du niveau acceptable de radioactivité ». De forts niveaux d'iode 131 et de césium 137 ont été mesurés par les autorités japonaises dans les épinards et d'autres légumes, ainsi que de l'iode 131 dans le lait, a-t-il ajouté.
Les autorités japonaises ont déjà interrompu le transport de lait et de certains légumes hors de la région. Des particules radioactives en nombre minuscule suspectées de provenir de Fukushima ont été détectées jusqu'en Islande. |