Des partisans pendant un match entre deux équipes de la Ligue de Chine, au Stade des travailleurs de Beijing
Les étrangers qui vivent en Chine n'échappent pas non plus à la fièvre du football; d'ailleurs, certains suivent aussi le football chinois. Ronan Daniel, 34 ans, est un Français qui travaille en Chine. Il nous parle d'une rencontre de championnat entre le Beijing Guo'an et le Shanghai FC, un derby auquel il a assisté : « J'ai trouvé le niveau de jeu très bas, et j'ai été frappé par le peu d'engagements sur le terrain. Chauvin, mais sans agressivité, le public m'a cependant permis de passer un bon après-midi. Les supporteurs chinois sont assez enthousiastes pour se prendre de passion pour un match, mais en même temps, ils parviennent à relativiser une défaite. »
Le Néerlandais Brennus van Os van den Abeelen est tombé amoureux d'une Chinoise... et de la Chine; il travaille à Beijing et a un abonnement de saison pour le Beijing Guo'an. Les matchs de ce club sont disputés au Stade des Travailleurs de Beijing, et il n'en manque pas un seul. Il est un ardent supporteur de l'équipe chinoise et il lui arrive souvent de crier son soutien, en chinois, avec un fort accent de Beijing. Il exprime très clairement son attachement à la Chine, mais aussi ses réserves : « J'espère que la Chine sera un jour le pays hôte de la Coupe du monde. Je crois que cela serait un championnat magnifique s'il avait lieu en Chine! La Coupe du monde exige toutefois plus qu'une organisation sans faille, et même si la Chine a montré sa capacité d'organiser des JO réussis, il faut que la Coupe du monde repose sur une ferveur populaire bien ancrée. Ce n'est pas encore le cas. » Il est ainsi du même avis que les Chinois qui croient que ce serait possible que la Coupe du monde vienne en Chine, mais qu'il faudra travailler fort pour y arriver.
Le football, quelle que soit l'heure?
Le problème de différence de fuseau horaire lors de la diffusion des matchs ne semble pas refroidir l'ardeur des supporteurs en Chine. En tout cas, ce n'est pas un problème pour le supporteur néerlandais : « Durant la Coupe du monde, le football est plus important que le travail. Alors, je vais regarder les matchs. » Comme ses amis, il se rendra dans un bar en portant des vêtements orange, la couleur de son pays, les Pays-Bas. Il souhaite évidemment que son pays puisse remporter le championnat, mais il pense qu'il y a plus de chances que ce soit l'Espagne. « Si jamais mon équipe perdait, je crois que je ne voudrais plus travailler », confie-t-il, à la blague.
Notre supporteur français est passablement du même avis : « Un effort sera nécessaire pour les rencontres prévues à 21 h, heure locale d'Afrique du Sud, puisqu'elles exigeront de se lever à 3 ou 4 h. Je pense que j'essaierai de me lever très tôt, même si suivre un match de foot au réveil n'est pas l'idéal. Je vais évidemment regarder les matchs de la France, et ceux de certaines équipes que j'aime bien, comme l'Angleterre et l'Argentine. Mais le grand favori reste le Brésil; ce pays remporte généralement les éditions qui se disputent hors de l'Europe. Je pense que la Coupe du monde alimentera les conversations, mais la multitude des nationalités représentées sur mon lieu de travail devrait faire en sorte qu'au moins un collègue sera heureux des performances de son équipe. De plus, la France n'a pas toujours été brillante dans ces compétitions internationales, mes compatriotes sont préparés à l'éventualité d'une déception. » Puisque c'est la première fois que la Coupe du monde a lieu en Afrique, sa seule inquiétude concerne l'ambiance, étant donné que beaucoup d'adeptes locaux sont exclus des tribunes à cause du prix des places.
Colin Robinson, 23 ans, est originaire de Londres. Ce flegmatique Anglais avoue qu'il ne serait pas perturbé si l'équipe nationale de son pays devait s'arrêter aux quarts de finale ou à la demi-finale. Seuls les matchs captivants l'intéressent vraiment. Ce jeune partisan considère que le Brésil est l'équipe championne, entre autres grâce à sa défense bien organisée. Même s'il dit adorer son compatriote Frank Lampard, il avoue toutefois préférer les matchs disputés par l'Espagne (avec Villa) et par l'Argentine (avec Messi). Bien que des hooligans anglais aient souvent troublé des matchs de la Coupe du monde, il est confiant que, cette année, la sécurité est bien assurée : « Je ne prévois pas de troubles causés par les hooligans. Ce n'est pas un problème aussi grave qu'auparavant. »
En somme, du 11 juin au 11 juillet, quelle que soit l'équipe que favoriseront Chinois et étrangers, tout semble en place pour que ce soit vraiment l'occasion de faire « Jabulani » (mot zoulou signifiant être joyeux, faire la fête. C'est aussi le nom du ballon officiel de la Coupe du monde 2010). Secrètement ou non, les Chinois espéreront sûrement que l'équipe chinoise soit présente à la Coupe du monde de 2014, au Brésil!
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