Beijing a décidé de se débarrasser de son indice flou sur la pollution atmosphérique et de le remplacer par un nouvel indice de qualité de l'air (IQA).
« Les données précédentes de contrôle atmosphérique étaient trop vagues et différentes du ressenti des résidents », a déclaré hier Feng Yongfeng, fondateur de l'organisme de surveillance environnementale Green Beagle à Beijing.
M. Feng a salué la décision du gouvernement de passer au système IQA, en ajoutant que « le gouvernement ne peut pas éviter les véritables statistiques, car le public les réclame depuis un an. »
L'annonce du Bureau de la protection environnementale de la ville samedi n'a pas précisé comment le nouvel indice serait calculé, mais a indiqué que lorsqu'il atteindrait le niveau 200 (« pollution grave »), des mesures de sécurité seraient mises en place, notamment un avertissement aux personnes âgées et aux enfants de limiter les activités de plein air. Au niveau 300 (« sévère »), les écoles devraient annuler tout exercice en plein air. Au niveau 500 (« extrême »), tous les événements sportifs en plein air devraient être annulés, et le gouvernement devrait réduire de 30 % le nombre de véhicules gouvernementaux sur les routes.
Le nom et l'échelle du nouvel indice suggèrent des similitudes avec l'IQA utilisé par l'ambassade américaine à Beijing.
Les données récoltées par les États-Unis, fournies par l'ambassade toutes les heures, ont fait l'objet d'une plainte diplomatique du gouvernement chinois. Les différences entre ces données et celles des autorités chinoises ont provoqué le mécontentement du grand public.
Par exemple, dimanche soir, la qualité de l'air était « très malsaine », selon les relevés de l'ambassade américaine, tandis que le Bureau de protection environnementale de Beijing jugeait l'air « légèrement pollué ».
Jusqu'à cette année, le Bureau ne mesurait pas les minuscules particules mesurant 2,5 micromètres de diamètre (PM 2,5), qui sont les plus dangereuses pour la santé humaine, car elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons.
Irrité par cette politique, Green Beagle a commencé l'année dernière à aider les résidents à surveiller les niveaux de PM 2,5 et à afficher les résultats en ligne.
Face à cette pression, le Bureau s'est mis à révéler les données sur les niveaux de PM 2,5 en octobre dernier. De nombreux résidents ont critiqué ces données en affirmant que la méthodologie imprécise minimisait les risques de pollution.
Bien que les écologistes aient salué dimanche la décision d'utiliser un nouvel IQA, ils restaient sceptiques quant à l'impact des nouvelles mesures, comme la réduction du nombre de voitures gouvernementales sur les routes en cas de pollution extrême.
« La pollution est un problème régional, elle ne peut pas être améliorée en retirant quelques véhicules », a souligné Zhou Rong, une écologiste de l'ONG Greenpeace. Elle a également mis en doute la faisabilité de la mesure, car le gouvernement n'a pas expliqué comment elle serait mise en œuvre, ni qui la superviserait. |