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Pour l'amour de l'art

French.china.org.cn | Mis à jour le 04. 01. 2017 | Mots clés : Qiaozi,Qiaozi,Commune artistique ,Shangyuan

Des nouvelles tendances

La plupart des artistes ici sont en quête d'une nouvelle image ou d'un nouveau son. Li Ke, un artiste de scène interactif expérimental, nous présente son alter ego : « Lapin ». Vêtue d'un costume de lapin blanc, elle interagit avec une personne choisie au hasard dans le public, utilisant des objets dans son environnement immédiat pour se connecter aux émotions qu'éprouve la personne intérieurement. « Je suis vide », annonce-t-elle, son sourire à peine visible sous son déguisement. « Je suis un miroir. » Elle arrive à susciter des réactions des plus surprenantes. Les participants ont qualifié cette « expérience du lapin » d'extrêmement émouvante, souvent jusqu'aux larmes, en raison de l'intense catharsis ressentie.

Lors de la cérémonie d'ouverture, les musiciens en résidence, jouant des instruments traditionnels chinois en association avec de la musique classique occidentale, mettent en scène une corrida musicale, deux violonistes simulant un affrontement tête contre tête dans une danse fantastiquement improvisée. Les quatre musiciens sont des multi-instrumentistes et peuvent tout aussi bien jouer du erhu (violon chinois à deux cordes) et de la pipa (guitare chinoise à quatre cordes) que du violon et du violoncelle. Ils cherchent, inlassablement, à faire résonner un nouveau son, synonyme de fusion des cultures. Tout le monde ici est imprégné d'une immense énergie créative.

Après le spectacle, Lapin se déchaîne. Avec l'aide d'un des visiteurs, elle se met à nouer des rubans sur une installation, attache les gens avec des cordes et bidouille les instruments de musique du groupe, avant d'être maîtrisée et sortie par un groupe de résidents, ricanant. La scène est honorée des applaudissements et des rires des spectateurs. Tout un chacun est impliqué dans les nouvelles tendances qui naissent ici, quelle qu'elles soient.

Des bénéfices globaux

En demandant aux artistes ce que leur apporte ce mode de vie, nous comprenons que les bénéfices sont globaux : un développement sur les plans physique, mental et artistique. « J'ai eu l'occasion de mener véritablement une réflexion sur moi-même », livre Li Ke, songeant au calme et à l'isolement de la commune. « Tu n'as pas le choix, cet endroit te place dans cette situation. » Toutefois, même au milieu de nulle part, les opportunités ne manquent pas quand il s'agit de partager des idées, de découvrir divers parcours et d'explorer différentes approches, de par le contact constant avec les autres artistes en résidence. Maria, peintre originaire d'Espagne, est l'un des quelques résidents étrangers venus vivre parmi les artistes chinois et explorer une nouvelle culture. Elle essaie d'établir une connexion avec la Chine à travers son travail et sa complicité avec les autres artistes. Cet échange, déclencheur d'une réponse artistique nouvelle, est vital pour quiconque vit ici.

« Je croise les autres artistes tous les jours, explique Li Ke. Je connais bien leur caractère, donc je trouve des artistes qui peuvent interagir avec moi. » Ce genre de collaboration est exactement ce qu'encourage la commune. Peintres, écrivains, poètes et musiciens interagissent dans le cadre de leur travail et trouvent l'inspiration pour de nouvelles créations. Nombre d'œuvres présentes dans l'exposition sont le produit d'une idée partagée ou d'une expérience en commun. Maria pointe du doigt une série de peintures sur le mur extérieur. Une scène relativement sombre d'une foule entassée, avec un personnage les bras levés, comme en adoration. « Cette œuvre a été réalisée après l'une de nos folles soirées », indique-t-elle, le sourire aux lèvres.

Les artistes ont pour habitude d'aller faire une promenade tous ensemble après le dîner. Donc, après l'excitation du vernissage de l'exposition et une petite fête en guise de célébration, nous emportons nos verres et partons marcher. À quelques pas de là se dresse l'une des « folies » bizarres de Zhang Yimou : une étrange structure en bois pyramidale installée dans des jardins feng shui. Le gardien nous autorise à jeter un coup d'œil, puis nous suivons le chemin à travers les vergers, sous l'ancien pont ferroviaire construit par les Japonais presque un siècle auparavant. Les lilas et les pêches exhalent leur parfum intense à la faveur de la brise. Bien que l'air soit pollué ce jour-là, la fragrance de la nature en fleurs est enivrante. Le poète en résidence nomme tous les arbres sur son passage, tandis que les autres, bras dessus bras dessous, papotent et s'amusent comme des petits fous. Une scène idyllique !

Ces artistes ont relativement bien réussi à construire un monde utopique. Mais, comme le souligne Cheng Xiaobei, l'art n'est pas pour tout le monde ; ou plus précisément, la vie d'artiste, une existence contemplative au calme, ne convient pas à toutes et à tous. L'un des objectifs de Shangyuan est d'offrir une « expérience de vie d'artiste authentique » : une vie où les artistes peuvent se plonger dans leur travail corps et âme, mais aussi demeurer en communion avec les autres dans un environnement naturel. Nos ancêtres poètes, j'en suis sûre, auraient convenu que ce lieu est le cadre idéal pour la créativité. Et pour ceux désireux d'instiller un zeste de souffrance dans leur plaisir, la récompense sera sans limite.

La Chine au présent


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Source: La Chine au Présent

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