Jean-Jacques Annaud et Le Totem du Loup
French.china.org.cn | Mis à jour le 12-09-2014
Labeur et bonheur
Les préparatifs du film ont été aussi longs que difficiles. « Le loup est une bête sauvage, difficile à apprivoiser. Dresser un loup, ce serait comme dresser une langouste », a plaisanté M. Annaud. En préparation depuis 2008, les séquences de tournage n'ont débuté qu'en juillet 2012. Tout au début, les équipes sont parties à la recherche de loups à travers tout le pays. Après une stricte sélection, 35 ont finalement été retenus pour suivre des séances de dressage durant trois ans. Une fois domptés, ces loups, dont l'état sauvage avait tout de même été préservé, pouvaient répondre aux exigences du tournage. Malgré tout, il était impossible pour un loup d'assumer un rôle à lui tout seul. Il en fallait plusieurs se relayant.
« Je suis resté longtemps en Mongolie intérieure pour ce film, a rappelé M. Annaud. La prise de vues devait s'étendre sur les quatre saisons, et nous avons connu un hiver très rude, rythmé par les tempêtes de neige. Notre producteur a failli mourir de froid dans les montagnes. Nous n'arrivions pas à régler la mise au point sur nos caméras gelées. Par ailleurs, il n'était pas rare que nous escaladions plusieurs sommets au cours d'une même journée, en quête du décor idéal. C'est vraiment ce genre de film qu'on a l'occasion de faire qu'une fois dans sa vie. » Malgré les difficultés, M. Annaud ne peut cacher la joie qu'il a eue de réaliser ce long-métrage.
Afin de filmer les scènes impliquant hommes et loups, qui nécessitent une prise de vues rapide et efficace, la partie chinoise a envoyé une équipe brillante sur place. « Nous avions 30 éclairagistes et 20 techniciens d'équipement pour Le Totem du Loup. C'est la meilleure équipe que j'ai connue, a loué M. Annaud. J'ai beaucoup apprécié le tournage. Tout du long, on m'a laissé beaucoup de libertés pour développer mes idées. »
Au total, 480 personnes, dont huit étrangers seulement, ont travaillé sur cette coproduction sino-française, dans les steppes de Mongolie intérieure, proches de la frontière nord. En dépit du climat difficile et de l'altitude élevée, ces huit étrangers se sont vite acclimatés ; ils se sont très bien entendus avec le reste de l'équipe et ont même appris quelques mots de chinois. « J'étais très heureux d'être tous les jours là-bas avec mon équipe. Pour moi, c'est essentiel pour réaliser un film : si vous n'aimez pas votre équipe, il vaut mieux partir tout de suite », a conseillé le chef de file, M. Annaud.
L'essor du marché cinématographique chinois
Ces dernières années, le marché cinématographique chinois, en pleine croissance, est devenu le deuxième plus grand au monde, après celui de l'Amérique du Nord. Les coproductions entre la Chine et l'étranger, qui se sont multipliées, permettent au pays d'« introduire des ressources étrangères pour mieux sortir des frontières ». « Comme en France, la Chine a fixé un quota sur les films étrangers. Mais justement, les coproductions ont l'avantage de pouvoir contourner ces quotas et pénétrer les marchés chinois, français et européens sans restriction. De cette façon, Le Totem du Loup pourra jouir du même traitement que les films français en France et en Europe », a précisé M. Annaud.
Dans le contexte actuel de mondialisation économique, les coproductions bénéficient des échanges de capitaux, talents et technologies, des atouts permettant des gains maximums. « La France est une puissance cinématographique en Europe. Elle possède une riche expérience en matière de collaboration avec d'autres pays. Il existe même de nombreux fonds spéciaux dédiés aux films étrangers. En fait, beaucoup de longs-métrages chinois sont financés par des cinéastes français, a révélé M. Annaud. Je pense que ces procédés contribuent aux échanges cinématographiques sino-français ».
« Le marché chinois du film est entré "en éruption" ! Il attire de plus en plus l'attention, de sorte que beaucoup commencent à l'explorer progressivement. Tous les gens, d'où qu'ils viennent, s'accordent à dire que la Chine deviendra un géant du cinéma, tant en termes de succès dans les salles que de créativité. Je crois fermement en son potentiel d'innovation », a exprimé M. Annaud, confiant quant à l'avenir du marché cinématographique chinois. Et à ceux qui disent que le cinéma chinois ne triomphe pas au box-office, M. Annaud rétorque : « Je suis persuadé que dans le futur, ce marché se portera de mieux en mieux et se révèlera plus intéressant, plus professionnel et plus attractif. » Pourquoi tant d'optimisme ? « La demande sur ce marché est astronomique ! Les cinéastes chinois doivent simplement s'armer de patience. »
par LIU CHENGZI
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