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Réalisée par Jean-Jacques Annaud, la coproduction sino-française Le Totem du loup sortira fin 2014. (CFP)
La Chine et la France possèdent toutes deux une longue histoire et une riche culture. Malgré les différences culturelles entre les deux pays, les Chinois autant que les Français ont toujours été fascinés par la culture de l'autre, précisément à cause de ces différences. Les films sont un moyen de faire découvrir et comprendre la culture d'un peuple, un fait d'autant plus vrai entre ces deux pays passionnés de cinéma.
Un cerf-volant franchit deux pays
En 1958, la Chine nouvelle a réalisé son premier film en coproduction : Le Cerf-volant du bout du monde. Ce film franco-chinois ayant pour thème l'aventure et la jeunesse, a été coproduit par le Studio cinématographique de Beijing et la société française Garance Films, et a été réalisé par deux hommes de talent, le réalisateur français Roger Pigaut et le réalisateur chinois Wang Jiayi. Ces deux artistes, tous deux âgés de 39 ans à l'époque, ont écrit ensemble une page mémorable dans l'histoire des films franco-chinois.
À cette époque, le monde était en pleine guerre froide et personne ne se doutait que six ans plus tard, en 1964, la Chine et la France allaient établir des relations diplomatiques. Mais depuis 1956, la Chine nouvelle était dans une phase politique d'assouplissement, et le milieu culturel bénéficiait de l'air frais de la campagne des Cents fleurs qui clamait que « cent écoles rivalisent ». Grâce aux recommandations du réalisateur hollandais Joris Ivens, Roger Pigaut, réalisateur français de gauche, a établi la première coopération avec un réalisateur de la Chine socialiste, Wang Jiayi. Les deux hommes ont réussi à surmonter le fossé idéologique pour créer un film riche en imagination, humanisme et romantisme.
Le film a pour objet central un cerf-volant en forme de Sun Wukong (Sun Wukong, aussi appelé « Roi des singes », est l'un des personnages de fiction les plus célèbres de la littérature chinoise classique, héros du roman Le Voyage en Occident) qui a volé de Beijing à Paris. Trois enfants, Pierrot, sa sœur Nicole et leur ami Bébert le trouvent, avec une lettre y étant attachée. Après s'être fait traduire la lettre, ils apprennent que ce cerf-volant appartenait à un garçon chinois nommé Song Xiaoqing, et que celui qui trouverait ce cerf-volant pourrait devenir son ami. Alors, avec l'aide de Sun Wukong, les trois enfants français partent à Beijing à la recherche du propriétaire de ce cerf-volant. Le film présente, à travers le regard de ces trois enfants, le charme de la culture chinoise (la Cité interdite, le tramway dans les rues ou les marionnettes de Zhu Bajie portant sa femme sur son dos (Zhu Baijie est un cochon anthropomorphe, personnage de la mythologie chinoise décrit dans Le Voyage en Occident). Ce film fait bien ressentir les différences culturelles entre la Chine et la France, ce qui a suscité l'intérêt profond des enfants des deux pays.
De nombreuses années plus tard, en 2003, lorsque Vincent Pérez, vedette francophone, a visité la Chine pour présenter son nouveau film Fanfan la Tulipe, il a raconté : « Ma première impression de la Chine me vient du film Le Cerf-volant du bout du monde que j'ai regardé dans mon enfance. Depuis lors, j'ai toujours rêvé d'aller dans ce beau pays et de visiter la Chine. »
Ce film coproduit est exceptionnel, non seulement de par son concept de base, mais aussi de par la façon dont il est filmé, de par sa forme artistique et de par son scénario. Par rapport au contexte géopolitique mondial de l'époque, ce film recherchant la communication interculturelle a attiré l'attention des gouvernements des deux pays. Pendant le tournage, Zhou Enlai, premier ministre chinois de l'époque a visité le lieu du tournage et rencontré les comédiens. Ce film a obtenu des récompenses et les faveurs du public, aussi bien en Occident qu'en Orient. Il a remporté des prix aux festivals de Cannes et de Karlovy Vary.
Pendant le Festival international du film de Beijing en 2013, le film Le Cerf-volant du bout du monde a été encore une fois projeté. Il fait partie de la « mémoire de Beijing », présentant l'ancienne ville de Beijing plus d'un demi-siècle en arrière, et rappelle la période de l'histoire où la Chine cherchait la communication culturelle avec le monde.
Source: La Chine au Présent |
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