L'exposition « Louis Vuitton, voyages » a ouvert ses portes le 30 mai au Musée national de Chine à Beijing.
La Chine ouverte sur le monde extérieur a besoin d'un musée intégré
De nos jours, les jeunes gens auraient du mal à imaginer le choc pour le public chinois produit par l'inauguration de la première boutique LV dans la partie continentale de Chine à l'hôtel Peninsula Palace de Beijing. À l'époque, les habitants chinois des grandes villes comme Beijing et Shanghai n'avaient pour salaire mensuel qu'environ 200 yuans en moyenne.
Quand tout le pays a commencé à changer grâce à la politique de réforme et d'ouverture, le Musée national qui représentait le visage du pays a également entamé sa transformation, sans tambour ni trompette. Le 1er octobre 1979, après avoir apporté des modifications à leurs expositions de base, les musées d'histoire et de la révolution de Chine ont été rouverts au public. À partir de 1982, 800 m2 de salles d'exposition ont été aménagés dans le Musée d'histoire pour recevoir des expositions thématiques en provenance des musées locaux du pays.
« Le tourisme a commencé à se développer. On nous demandait pourquoi nos expositions restaient les mêmes, sans présenter de nouvelles choses », a expliqué le retraité. « Comme de nombreuses nouvelles découvertes archéologiques ont été faites à l'époque, nous avons donc pensé à changer les expositions ».
M. Su Donghai a indiqué que le Musée de la révolution a connu un changement en termes de structure. Les expositions consacrées à la révolution de la démocratie de type ancien, à la révolution de la démocratie nouvelle et à la révolution et l'édification socialistes sont devenues celles sur la Chine contemporaine et la Chine moderne. Le contenu a été élargi d'un caractère auparavant purement politique à d'autres domaines comme l'économie et la culture.
En 2003, les musées d'histoire et de la révolution, qui ont été à plusieurs reprises scindés et fusionnés, ont été combinés à nouveau pour donner naissance au Musée national. À cet effet, le conservateur Lu Zhang a expliqué que les dirigeants de l'État estimaient que comme ces musées se consacraient tous deux à l'histoire et à l'art et qu'ils étaient des établissements intégrés, si l'on conservait leurs noms en l'état, cela ne correspondait peut-être pas à l'image actuelle de la Chine. « Aujourd'hui, nous sommes un pays ouvert sur l'extérieur, qui va vers le monde ».
La Chine se montre plus confiante et sûre d'elle-même
Selon une étude récente de Bain & Company, la vente des produits de luxe s'est fortement accrue dans le monde cette année, principalement sous la pression du taux de croissance à deux chiffres du marché chinois de 15 milliards de dollars. World Luxury Association a rendu public récemment un rapport disant que selon ses prévisions, la Chine dépasserait le Japon au plus tôt l'an prochain pour devenir le plus grand pays consommateur de produits de luxe au monde.
Quand Louis Vuitton, marque représentative par excellence des produits de luxe, accède au haut lieu du Musée national de Chine, cela suscite évidemment des controverses. Selon un commentaire du Wall Street Journal, nombreux sont ceux qui se demandent si une marque est dotée du pouvoir de définir ses propres produits comme œuvres d'art. Quand LV ouvrait un musée d'art dans sa boutique sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, cela a déjà suscité des controverses. Lors d'une exposition, des femmes noires et blanches nues formaient les lettres L et V à l'aide de leur corps.
M. Su Donghai estime qu'on ne doit pas s'émouvoir de si peu de chose. Selon lui, cela va tout à fait dans la direction indiquée par le conservateur Lu Zhang. C'est-à-dire l'accent mis en même temps sur l'histoire et l'art, puisque dans ce musée, il y a des objets comme des cuvettes en céramique colorée à dessins de poisson, chef-d'œuvre de la culture de Yangshao, ainsi que des boules de fer coulées dans le Hebei au temps de la grande campagne de forge du fer.
Selon un critique spécialisé dans les études culturelles, ces évolutions reflètent d'une part l'orientation de l'ouverture, de la tolérance et du développement multidimensionnel du Musée national de Chine, mais aussi l'expression de la Chine comme pays de plus en plus puissant, confiant, sûre de lui-même et désinvolte.
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