Dans le Musée national de Chine de presque 200 000 m2, on peut voir non seulement l'abdication du dernier empereur Puyi, le micro utilisé par le président Mao Zedong lors de la proclamation de la République populaire de Chine ou le stylo-bille dont Yang Liwei s'est servi quand il était à bord du vaisseau spatial Shenzhou V, mais aussi des sacs Louis Vuitton fabriqués en quantité limitée. Il s'agit ici de la plus grande exposition Louis Vuitton dans l'histoire des 157 ans de la marque, ainsi que de la première exposition consacrée au design des marques dans le Musée national.

« Les temps ont changé », s'est exclamé un ancien employé du Musée d'histoire de Chine. En 2003, le Musée national de Chine a été fondé sur la base des musées d'histoire et de la révolution de Chine. En mars dernier, quand les travaux d'extension d'un total de 2,5 milliards de yuans ont pris fin, après 4 ans d'efforts, le nouveau musée national, le plus grand du genre dans le monde en terme de surface construite, a été ouvert au public pour la première fois.

En ces lieux qualifiés par l'actuel conservateur Lu Zhang de « Temple ancestral de Chine » et de « Haut lieu de l'histoire et de la culture du pays », on était habitué à voir « le visage de la lutte révolutionnaire » et « les expressions de la réforme et de l'ouverture ». Mais, on peut savourer aujourd'hui pour la première fois « le goût des produits de luxe ». Tout comme un miroir, l'histoire centenaire de ce musée de niveau national reflète bien la transmutation de l'image de la Chine au cours du dernier siècle.

Le musée national s'est vu confier de nombreuses missions politiques peu après la fondation de la République populaire de Chine

Le 1er octobre 1949, le jour de la proclamation de la République populaire de Chine, le « Musée national » de la République nationaliste fut rebaptisé « Musée d'histoire de Beijing » et placé sous tutelle du ministère de la Culture du gouvernement populaire central.

Aux yeux de Su Donghai, chercheur au Musée national de Chine et ancien directeur du département des expositions du musée, à l'époque où le pays se trouvait dans un état semi-colonisé et semi-féodal, la création du musée avait pour but d'instruire le public et de sensibiliser le peuple sur le salut du pays. Peu après la fondation de la République populaire de Chine, les musées à travers le pays ont, pour la plupart, copié le modèle soviétique. « La couleur idéologique était très prononcée » et ces institutions « se sont vu confier de nombreuses missions politiques ».

En 1950, le « service préparatoire du musée révolutionnaire central » a été constitué. Différent du Musée d'histoire qui avait essentiellement pour mission de présenter l'histoire antique du pays, le Musée de la révolution exposait essentiellement l'histoire de la révolution chinoise et du Parti communiste chinois. Il avait dans ses fonds le premier drapeau rouge à 5 étoiles hissé sur la place Tian'anmen lors de la cérémonie de proclamation de la République populaire de Chine.

En 1958, à l'occasion du 10e anniversaire de la fondation de la nouvelle Chine, les autorités centrales ont décidé de construire, du côté est de la place Tian'anmen qui n'existait que dans le plan, soit en face du Grand Palais du peuple, les musées d'histoire et de la révolution de Chine.

Su Donghai, âgé cette année de 84 ans, coule ses vieux jours de retraité chez lui. Il habite dans le quartier de Qianmen. Depuis la fenêtre du salon de son appartement, on voit bien le Musée national rénové. En ces lieux où sont conservés des photographies du mouvement agraire et des petits journaux des gardes rouges, ainsi que le procès-verbal de la troisième session plénière issue du 11e congrès du PCC, on commence à exposer des pièces de collection rarissimes de la marque LV, comme la malle de voyage que la femme de Napoléon III utilisait dans ses déplacements, le boîtier des fameux violons Stradivarius, de même que le premier lit coffre.