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Beijing a-t-elle perdu son identité avec son développement?

Géographie de la Beijing historique intra-muros

Élever des oiseaux, une activité populaire typique à Beijing
Élever des oiseaux, une activité populaire typique à Beijing (Photo : Philippe Bourgeois) 

Les hutong ont été construits historiquement à l'intérieur des deux murailles qui protégeaient Beijing.

La première entourait la « Cité intérieure » qui abritait aussi la « Cité interdite ». On y trouvait des ministères, universités, académies, temples, bâtiments administratifs, ainsi que des résidences de princes, de hauts dignitaires du régime et celles du personnel indispensable à l'administration de l'empire et à sa protection militaire. Cette muraille se situait à l'emplacement actuel du deuxième périphérique de la ville (ou de la ligne 2 du métro dont de nombreuses stations portent le nom des anciennes portes d'accès).

La seconde enceinte, plus au sud, protégeait la « Cité extérieure » où étaient situés de nombreux commerces, boutiques d'artisans, établissements de loisirs, résidences de fonctionnaires et militaires, mais aussi le temple du Ciel et son parc impérial.

À l'intérieur de la première enceinte, de nombreuses maisons traditionnelles ont été conservées, restaurées, et protégées en priorité. C'est le cas des siheyuan proches du lac Houhai, de Nanluoguxiang ou de Gulou, par exemple. Certaines sont accessibles au public et se visitent comme des musées; d'autres n'offrent aux visiteurs que leurs murs de brique grise et leur porte d'entrée richement décorée, laissant tout de même apprécier la tranquillité des ruelles qui les entourent. On peut parcourir ces hutong à pied, ou en empruntant l'un des nombreux tricycles taxis qui proposent des circuits organisés.

À l'intérieur de la seconde enceinte, les hutong sont historiquement plus modestes et ont fait l'objet de moins de protection. Cependant, ils sont également plus animés, plus authentiques du point de vue des activités artisanales traditionnellement installées dans ces quartiers du sud de la ville. Mais surtout, ils sont pour certains encore habités, et moins envahis par les activités touristiques. On peut encore y voir des enfants qui s'amusent dans la rue, des personnes âgées qui jouent aux cartes avec leurs voisins, de petits restaurants de quartier qui servent leurs plats sur de petites tables installées dehors, des échoppes et quelques marchands ambulants... Mais pour combien de temps encore?

Pour nous, Occidentaux, c'est tout cela qui, au premier abord, mérite d'être protégé comme patrimoine culturel de Beijing, au-delà des monuments, objets et autres symboles de la puissance impériale passée de la ville, car cela fait partie de son identité. Nous retrouvons aussi dans les hutong une ambiance de village, un espace à taille humaine, des relations sociales que nous avons perdues depuis longtemps dans bon nombre de nos capitales occidentales développées. Peut-être sommes-nous un peu nostalgiques aussi. Chez nous, c'est également un luxe de vivre dans une maison en centre-ville, surtout avec un jardin, des arbres, des oiseaux et sans vis-à-vis !

 

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La Chine au Présent     2011/02/24

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