Cadran solaire du Panthéon au solstice d'hiver.
Lisa Carducci
Depuis l'antiquité l'homme a toujours accordé du respect au Soleil, promesse de fécondité de la terre dont dépend sa survie, et célébré le solstice d'hiver, considéré comme la naissance (Natale en latin) du Soleil. Le solstice d'hiver correspond à la nuit la plus longue de l'année. À partir de cette date, les jours commencent à allonger et le soleil à briller avec plus d'éclat. Dans la Rome antique, les Saturnales étaient des célébrations en l'honneur de Saturne, le dieu des Semailles et de l'Agriculture. C'est de son nom que vient le nom du septième jour de la semaine, Samedi (Saturday en anglais). La période de réjouissances s'étendait du 17 au 24 décembre. Les habitants déambulaient en foule dans les rues et s'offraient des vœux de « Bonnes Saturnales ». Ils s'échangeaient des invitations et des cadeaux, qui consistaient surtout en poupées d'argile et chandelles. Les hostilités connaissaient une trêve ; les écoliers avaient congé, et l'on amnistiait les prisonniers. Même les esclaves avaient congé ce jour-là, leur seul jour de liberté de l'année ! Ces fêtes dégénéraient souvent en orgies de toutes sortes et l'on sombrait dans la débauche la plus complète. Ainsi les Saturnales sont-elles à l'origine de la coutume des fêtes de fin d'année.
Pour une autre raison, la date du 25 décembre était très importante dans l'empire romain : en effet, depuis le règne d'Aurélien (275), l'empereur était considéré comme l'incarnation divine, et sa date de naissance avait symboliquement été fixée au 25 décembre. Lorsque Jules César réforma le calendrier (julien), le 25 décembre – date du solstice d'hiver – devint pour les Romains la fête de la naissance du Soleil. Dans l'Égypte ancienne, le soleil nouvellement né était représenté par l'image d'un petit enfant. En Orient, le culte de Mithra, divinité de la Lumière, exigeait le 25 décembre le sacrifice d'un jeune taureau pour célébrer la naissance du Soleil. En Syrie et à Babylone, il était d'usage de célébrer, le 25 décembre, la fête d'une mère et son enfant qui étaient la Reine du ciel et Baal, le dieu du Soleil réincarné.
C'est d'ailleurs pour christianiser cette fête païenne que plus tard, l'Église catholique établit le 25 décembre comme date de naissance de Jésus, considéré lui-même comme la Lumière du monde, alors que selon des recherches ultérieures Jésus serait né en juillet du calendrier grégorien. Noël fut célébré la première fois comme fête chrétienne par le pape Libère, en l'an 354.
Que les Chinois s'ouvrent au monde extérieur après des siècles de concentration sur eux-mêmes, c'est là un point positif. Mais gare à la tendance à adopter aveuglément tout ce qui existe ailleurs ! Une culture ancienne et riche comme la culture chinoise mérite d'être protégée ; ses valeurs sont profondes et précieuses. En ouvrant la porte à la Saint-Valentin, l'Halloween et Noël, la Chine finira par trahir son essence et elle commence déjà à trouver moins de saveur à ses propres fêtes traditionnelles. La Chine fait tout pour sauver les antilopes, les pandas, les tigres, mais d'autre part elle plonge hardiment dans l'océan de la « mondialisation étatsunienne ». Les enfants apprennent à l'école à dire « Merry Christmas », mais ils ignorent que Santa Claus est une création des États-Unis.
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