Il est le plus grand anthropologue français du 20e siècle, l'un des fondateurs du structuralisme. Ses pas l'ont porté jusqu'au Brésil. Il a inauguré une vraie prise en considération des cultures dites «arriérées» avec ses recherches sur les tribus dans l'Amérique du Sud. Il a collaboré avec les autres chercheurs des sciences humaines pour comprendre à fond les cultures et les structures des sociétés primitives. Lors de la pédiode où il occupait des fonctions diplomatiques importantes à Newyork, il s'intéressait aux arts premiers et effectuait des recherches approfondies sur la base se sa propre collection. Il a établi des ponts sans précédent entre la langue, la société, les mythes, la religion et les arts, il a cassé le mythe de la supériorité de la race blanche, défendu avec ferveur la dignité des cultures diversifiées et a fait des contributions inouïes pour contrecarrer le racisme sous toutes ses formes. Sa disparition toute récente nous a fait regretter de ne pas avoir l'occasion de nous approcher plus de lui, et a aplongé tout le milieu intellectuel français dans la désolation et le désemparement d'avoir perdu un immense maître. Son nom est Lévis-Strauss.
C'est un travailleur de ciseleur. Le traducteur a hérité et poursuivi le goût intellectuel pour le structuralisme et l'anthropologie, né en Chine dans les années 80. Face à un domaine complètement étranger pour les Chinois, à savoir l'origine des masques dans l'Amérique du Sud, ainsi que ses relations avec la société et les mythes, il a su affronter les difficultés de la langue et bien rendu le fil conducteur de la pensée d'un grand anthropologue. Il a transposé en chinois un monde merveilleux qui allie une pensée d'une grande complexité à un imaginaire d'une grande richesse, et qui assemble les connaissances, les analyses et l'imagination littéraire. Ses travaux de traduction ont une portée de précurseur, et il a pu résoudre certains problèmes techniques pour les futurs traducteurs qui auraient à affronter des oeuvres du même domaine. Il est entouré de l'ambiance américaine et pourtant il défend la civilisation française, il vit loin de la Chine et pourtant il maintient son amour pour le chinois. Son nom est Zhang Zujian.
Leur éditeur défend une publication de grande qualité, et reste fidèle à leur choix spirituel. En fournissant bien une collaboration d'éditions, il a fait concevoir de magnifiques designs. Ils ont défendu cette pensée éditoriale que le livre est un ensemble, de penséee, de langue et de la matière physique du livre.
Face à de telles oeuvres d'importance et de tels traducteurs de qualité, le jury a eu des difficultés pour trancher. Après des débats enthousiastes, le jury a décidé de décerner le prix en exequo, pour les deux traducteurs. Ou en un terme qui plairait à la presse chinoise, sous la forme d'un « oeuf au double jaune ».
Je me permets donc, au nom du jury, d'annoncer que, les lauréats de la première édition du Prix Fulei de la Traduction et de la Publication sont Ma Zhencheng et Zhang Zujian, qui ont traduit respectivement les Essais de Montaigne et La Voie du masque de Lévis-Strauss. La maison d'éditions Librairie de Shanghai, ainsi que la maison d'éditions de l'Université du Peuple partagent en même temps cet honneur.
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