China.org.cn : Les relations entre Lou, Lucas et No sont assez complexes et ambigües, notamment lorsque Lucas laisse éclater sa colère en découvrant que la jeune femme se prostitue. Quelle influence pensez-vous que No a sur Lucas ?

Je pense que parmi ces trois adolescents très solitaires et en grande déficience parentale, No est un révélateur, et a un effet miroir sur Lucas dans sa tristesse de petit garçon riche. À travers elle, il a conscience de ce que pourrait être une solitude encore pire, c'est-à-dire un désarroi total, et je pense qu'elle lui montre qu'il a besoin de se construire avec quelqu'un. Je crois que tout à coup, il a conscience de son début de perdition.

China.org.cn : Y a-t-il des passages du livre que vous avez dû modifier ou supprimer pour les besoins du film, mais que vous auriez originellement aimé garder ? Inversement, quels sont les éléments nouveaux que vous avez apportés au matériau source ?

C'est un livre qui est entièrement à la première personne. Mon choix était celui de garder la voix off, mais de réduire son utilisation. Du coup, j'ai dû réinventer des scènes qui étaient au départ exclusivement au style indirect, et qu'il a donc fallu tourner concrètement, ce qui est un petit peu délicat. Sinon, j'ai aussi pas mal changé le personnage de Lucas, ce qui a donc modifié la fin, car même si cela marche très bien dans le livre, il y a quelque chose qui passait mal dans l'histoire d'amour entre ce garçon de 18 ans et la jeune fille de 13 ans. J'ai donc préféré rester dans un triangle avec des possibles, plus ambigu, car je pense qu'avec la petite qui aime No d'une amitié émerveillée, et la grande qui regarde la petite, et la petite qui regarde Lucas, et Lucas qui regarde No, il y a ainsi un échange de désirs. Lucas est un personnage fondamental pour empêcher une fusion véritablement morbide des deux filles. Il leur permet d'avoir des relations plus saines, même s'il y a des désirs secrets. Je pensais qu'au lieu de la scène finale du livre, il valait mieux clore le film sur la question du retour à la maman et sur ce besoin de fusion.