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Apprendre de Belfast pour mettre fin aux troubles de Hong Kong

French.china.org.cn | Mis à jour le 20. 08. 2019 | Mots clés : Hong Kong,Belfast


Des milliers de personnes en colère envahissent les rues. Ils estiment que leurs griefs sont légitimes. Ils demandent au gouvernement d’annuler une loi ou de prendre certaines mesures et de donner suite à leurs griefs.

Pourtant, une fois que le gouvernement a résolu le problème initial, les manifestations et la violence ne prennent pas fin : elles ne font que s'étendre et s'intensifier. On entend des appels à la démocratie où il n’y en a, dit-on, jamais eu auparavant. Dans certains pays, les extraits vidéo et les slogans simples et directs valent aux émeutiers un large soutien.

Les émeutes sont devenues plus violentes. La police subit une pression croissante.

Est-ce Hong Kong en août 2019 ?

Mais c’est aussi une description exacte de la montée de la violence entre deux communautés religieuses extrêmement méfiantes l’une envers l’autre, à laquelle j’ai été le témoin dans les rues de mon Belfast natal, en Irlande du Nord, sous le régime de la Couronne britannique il y a un demi-siècle exactement, alors que j’étais un adolescent en ce mois d'août inoubliable et angoissant de 1969. Les leçons que j’en ai tirées serviraient bien les habitants de la région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong avant qu’ils ne s’infligent une catastrophe inimaginable.

Les manifestations violentes contre les autorités n'aboutissent jamais la paix. Elles ne font qu'apporter la guerre, la destruction et la souffrance presque toujours à une échelle qu'aucun des manifestants n'aurait pu imaginer en descendant dans les rues. La prospérité ne résulte jamais des manifestations violentes. Au mieux, le chômage et le désespoir se généralisent, les entreprises locales et les investissements nationaux quittant le territoire – un processus qui peut se poursuivre pendant des décennies. Vous ne construisez pas d'usines et n'engagez pas d’ouvriers lorsque ces usines peuvent être rasées lors de l'un de ces affrontements sans fin.

La « liberté » réclamée par les manifestants à Hong Kong est illusoire. C'est un jeu de dupes. C'est le trésor mythique au bout de l'arc-en-ciel. Ce genre de « liberté » ne profitera jamais à la population de Hong Kong. Au mieux, elle pourrait être accordée, mais au prix d'une sérieuse baisse des investissements de la partie continentale de la Chine et d'autres régions d'Asie.

L'énorme avantage de Hong Kong depuis des décennies, y compris les deux dernières décennies, depuis la rétrocession à la Chine, est que la RAS est considérée comme un endroit sûr et prévisible pour faire des affaires avec la partie continentale et la région dans son ensemble. Mais cela ne semble plus vrai. Plus les manifestations dureront et plus elles gagneront en amplitude et en gravité, et plus cet avantage précieux sera érodé.

Quand j'étais jeune, Belfast était encore le plus grand centre de construction navale au monde. A la fin des années 1960, le gouvernement britannique avait investi dans deux gigantesques grues à portique, appelées Goliath et Samson, qui étaient à l’époque les plus imposantes au monde, destinées à la construction de superpétroliers. Elles constituent encore aujourd'hui des attractions touristiques, culminant avec leurs 32 et 35 étages sur la ville. Mais elles n'ont jamais été utilisées dans l’industrie navale. Pas une seule fois. La guerre civile en Irlande du Nord en est responsable. 

Le grand chantier naval qui employait à son apogée 35 000 travailleurs est devenu une friche industrielle peuplée uniquement de fantômes. Même après que la paix soit enfin revenue en Irlande du Nord, après 30 ans de guerre civile, le grand complexe de Queen's Island ne s’en est jamais remis. 

Hong Kong devrait éviter un tel scénario dans lequel la croissance et la prospérité vont dépérir et disparaître. La guerre civile en Irlande du Nord a fait rage – parfois de manière horrible, parfois de manière plus maîtrisée – pendant 30 ans jusqu'à la signature de l'accord phare du Good Friday, en 1998. Aujourd’hui, l’obsession suicidaire du Premier ministre britannique Boris Johnson de faire passer rapidement un Brexit « dur » menace de tirer un trait sur 20 ans de paix et de déclencher une nouvelle ère de conflit et de guerre sur mon île natale.

Le bilan britannique déplorable pour son mépris des droits de l'homme, la torture, les intrigues et la répression en Irlande du Nord, ne donne pas au Royaume-Uni le droit de se faire passer pour un exemple à donner à la Chine, et de faire la leçon sur la manière de gérer les manifestations qui secouent Hong Kong.

Au contraire, les habitants de Hong Kong devraient ignorer les paroles de compassion et de soutien factices du Royaume-Uni et des Etats-Unis qui les exhortent à se livrer à plus de violence et d’extrémités. C’est une voie qui ne peut mener qu’à des générations de mort, de désespoir et de ruine.

Il est encore temps de reculer et de rejeter cette voie horrible avant qu'il ne soit trop tard.

Martin Sieff (Université américaine de Moscou)


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Source:french.china.org.cn