La visite officielle du président américain Donald Trump en Chine - prévue dans le courant de la semaine - devrait permettre des interactions positives entre les officiels des deux pays, ainsi que la signature d’un certains nombres d’accords commerciaux. Cependant, les désaccords et les problèmes dans leur relation commerciale bilatérale risquent de persister.

M. Trump devrait enjoindre la Chine à ouvrir encore son marché pour les entreprises américaines, mais les entreprises chinoises ont également appelé la partie américaine à proposer un environnement plus ouvert et plus équitable aux Etats-Unis. Pour les spécialistes, cela démontre l’existence d’un fossé dans la façon dont les deux pays voient l’ouverture de leurs marchés respectifs, que cette visite a peu de chances de résoudre.

« Je pense qu’il y a plus d’objectifs communs et de zones de coopération entre la Chine et les Etats-Unis, que ce que nous pouvons entendre dans les médias », estime cependant Chen Fengying, un expert à l’Institut de Chine des relations internationales contemporaines.

Selon lui, les deux pays devraient signer un certain nombre d’accords dans des domaines comme l’énergie et l’investissement dans les infrastructures, sur la base des négociations dans le cadre du « Plan d’action en 100 jours », fixé lors d’une précédente rencontre entre Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, en mai aux Etats-Unis.

Sur le plan énergétique, l’entreprise d’Etat China Petroleum and Chemical Corporation (Sinopec) pourrait signer un accord avec ses homologues américains pour coopérer dans la transformation et l’importation de gaz naturel. D’autres accords pourraient également être signés, pour permettre aux entreprises chinoises d’investir dans les projets d’infrastructure aux Etats-Unis.

« Les deux dirigeants ont formé une relation personnelle positive et les deux pays ont beaucoup de zones communes dans lesquelles travailler, donc je pense qu’il y aura probablement des résultats concrets lors de cette visite », ajoute M. Chen.

M. Trump devrait venir à Beijing accompagné de 29 chefs d’entreprises américains. De son côté, le gouvernement chinois serait également en train de préparer la signature d’accords entre certaines entreprises chinoises et leurs homologues américains. Selon le journal Economic Observer basé à Beijing, le Comité des affaires étrangères de l’Assemblée populaire nationale (APN) de Chine s’est mis en relation avec plusieurs « entreprises chinoises sélectionnées » pour des accords potentiels avec les Etats-Unis.

Pas de changement substantiel

Cependant, certains spécialistes et responsables d’entreprises sont moins optimistes sur l’issue de cette visite, estimant que celle-ci ne suffira pas à apaiser la tension des relations entre la Chine et les Etats-Unis.

« Je ne m’attends à aucune percée politique majeure, ni aucun changement de ton dans la relation commerciale bilatérale », affirme ainsi Mei Xinyu, chercheur associé à l’Académie chinoise pour le commerce international et la coopération économique.

Selon lui, les Etats-Unis ont encore montré un ton hostile envers la Chine à seulement quelques jours de cette visite, en refusant dans un rapport publié la semaine dernière le statut d’économie de marché (SEM) à la Chine, et en proposant des mesures pour limiter les importations de panneaux solaires, ce qui affectera les entreprises chinoises.

« Je pense qu’il s’agit d’une tactique d’intimidation de la part de M. Trump et son équipe, qui tentent de faire pression sur la Chine pour qu’elle accepte les termes inacceptables de la part des Etats-Unis. Cela montre que les Etats-Unis ne sont pas prêts à un changement significatif », note M. Mei.

Certaines entreprises chinoises, notamment dans les domaines âprement contestés comme l’acier, les panneaux solaires et l’aluminium, appellent à des conditions de marché plus ouvertes et plus équitables aux Etats-Unis, mais elles ne sont pas non plus très optimistes.

« Nous voulons une relation commerciale plus équitable », explique Bai Shiguo, un responsable de l’entreprise sidérurgique Tiangong International. « Nous espérons que les gouvernements chinois et américain pourront résoudre les différends dans le commerce photovoltaïque », ajoute un responsable de l’entreprise Trina Solar.

Pour ces responsables, il y a cependant peu de chances que le marché américain devienne plus ouvert et plus équitable pour les entreprises chinoises. D’après les spécialistes, ces dernières - notamment les entreprises de haute-technologie qui essaient de se développer aux Etats-Unis - continueront de faire face à de fortes restrictions.

Les Etats-Unis ont récemment bloqué les efforts de plusieurs entreprises chinoises pour acquérir des entreprises et des actifs américains, pour des raisons de sécurité nationale. Certaines entreprises d’électronique, comme Huawei et ZTE, feraient également l’objet d’une surveillance intense de la part des officiels américains.

« Nous n’avons plus l’ambition de nous développer aux Etats-Unis et nous avons pratiquement abandonné notre principale activité numérique là-bas », indiquait dimanche dernier le responsable d’une entreprise chinoise de technologie, souhaitant garder son nom et celui de son entreprises anonymes.

Selon lui, les secteurs comme les circuits intégrés peuvent « facilement être politisés ».