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Le président américain Donald Trump est arrivé dimanche au Japon, entamant ainsi sa première tournée en Asie depuis sa prise de fonction. Il n'a pas encore présenté sa stratégie concernant l’Asie ou l’Asie-Pacifique, et certains analystes pensent qu’il veut éviter de s’engager dans une stratégie, préférant garder les mains libres pour des mesures susceptibles de bénéficier à sa politique de « priorité à l’Amérique ».
Sur les questions asiatiques, il s'est avant tout concentré sur la crise nucléaire nord-coréenne et sur la balance commerciale. Ces deux questions sont aussi liées aux préoccupations des Etats-Unis à propos de la montée en puissance de la Chine.
La gestion des relations avec la Chine est au cœur de la politique sur l’Asie-Pacifique de Washington. Le rééquilibrage voulu par Barack Obama en Asie-Pacifique était clair en termes de stratégie, mais cela n'a pas été couronné de succès. La stratégie n’est pas parvenue à entraver la montée de la Chine et n'a apporté aucun avantage concret aux Etats-Unis. Par conséquent, bien que l'administration Trump ait hérité de la méfiance d'Obama envers la Chine, la stratégie de pivot vers l'Asie-Pacifique a été pour ainsi dire abandonnée.
Depuis sa prise en fonction, Donald Trump a non seulement continué à renforcer le système d'alliance de Washington dans la région Asie-Pacifique, il a aussi récemment mis l'accent sur le concept « Indo-Pacifique », en renforçant ses liens avec l'Inde. Cela suit la voie prise par Obama, même si Washington a abandonné l'accord de libre-échange du Partenariat transpacifique voulu par ce dernier. En faisant cela, la colonne économique de la stratégie de rééquilibrage a été mise de côté, ce qui rend improbable le maintien de l'intégrité de cette dernière.
Donald Trump veut renforcer les liens de sécurité avec ses alliés en Asie-Pacifique, mais au lieu d'offrir des avantages économiques pour consolider un front uni de sécurité, les Etats-Unis envisagent d'utiliser des cautions pour inciter les pays de la région à agir dans leur intérêt sur le plan économique. C'est peut-être tout ce que Trump attend de la relation entre les Etats-Unis et l’Asie. En ce qui concerne le problème nucléaire nord-coréen, il espère que les pays concernés prendront les mesures souhaitées par Washington, afin de contraindre conjointement Pyongyang à se rendre.
Même si les alliés des Etats-Unis sont mécontents des calculs de Washington, ils attachent une grande importance à la visite du président américain et se montrent chaleureux tout en tentant de déchiffrer ses véritables intentions. La relation entre Trump et les pays asiatiques traverse une période délicate.
La politique de Washington en Asie-Pacifique est confrontée à un problème fondamental : dans quelle mesure les pays périphériques se sentent-ils réellement menacés par la montée en puissance de la Chine ? Certains pays n’ont pas encore accepté l'ascension de la Chine et, étant donné les conflits territoriaux dans la région, la théorie de la « menace chinoise » est parfois brandie et exagérée. Cela dit, ces pays sont loin de devoir s’incliner devant les Etats-Unis pour assurer leur sécurité. Les pourparlers sur le renforcement de la sécurité avec Washington découlent d'un besoin de réconfort, mais aussi d'un désir d’obtenir des faveurs économiques.
La Chine et les Etats-Unis sont engagés une plus grande concurrence qu’auparavant. Washington peut soit maintenir ses avantages en affaiblissant et en contenant Beijing, soit continuer de se développer pour que ses avantages deviennent durables de manière autonome. Barack Obama a choisi la première option, mais Donald Trump semble pencher pour la seconde, en dépit d'un certain nombre d'obstacles. Compte tenu du grand volume d'échanges entre Beijing et Washington, de l'intégrité économique entre la Chine et les pays voisins et de la politique d’émergence pacifique de Beijing, la stratégie de rééquilibrage vers l'Asie-Pacifique se retrouvera tôt ou tard dans l’impasse. L'intention de Washington de renforcer la coopération en matière de sécurité avec les pays asiatiques pour contenir la Chine sans fournir de privilèges économiques en contrepartie est tout à fait irréaliste.
Donald Trump devrait concentrer plus de ressources à la construction nationale, dans laquelle une relation amicale et coopérative avec l’Asie est nécessaire. « L'équilibre offshore » est coûteux et n'apportera que des avantages politiques aux Etats-Unis. Les progrès en matière de commerce et dans la crise nucléaire nord-coréenne dépendent dans une large mesure de la coopération avec la Chine. Tous ces facteurs indiquent qu'il est peu probable que Trump traite la Chine comme sa grande rivale dans la conception de sa politique en Asie-Pacifique.
De manière cruciale, il n'y a pas de véritables raisons pouvant inciter les pays de la région à s’allier dans un effort conjoint pour contenir la Chine. De telles précautions excessives contre la Chine seraient vaines.
Source:french.china.org.cn |