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Un développement collectif
Zuo Wenxue, secrétaire de la cellule du Parti du village, fait partie de ces intellectuels passionnés de culture traditionnelle et de littérature chinoises. Lorsqu'il a vu son village au bord du gouffre, cet érudit a immédiatement compris que le plus important n'était pas de se concentrer sur la reconstruction prochaine d'un pont ou d'une usine, mais d'unir la force de tous les habitants pour opérer un développement collectif.
Le 8 juin 2014 a marqué un tournant dans l'histoire de Tangyue. Une assemblée générale conviant les représentants des dix petits villages relevant du village de Tangyue a été organisée. Au cours de la réunion, Zuo Wenxue a expliqué pourquoi il était nécessaire d'établir une coopérative pour le village et quelle forme elle devait prendre.
Il a résumé : « Sur la base d'une planification générale des terres cultivées, il faut composer des équipes agricoles chacune spécialisée dans la production, l'élevage, la construction, le transport et la transformation des matières premières. Par la suite, nous pourrons créer des entreprises. Les femmes aussi seront mises à contribution : comme les hommes, elles iront travailler en contrepartie d'un salaire. Les villageois contribuant à la coopérative en cultivant leurs lopins récolteront des revenus en proportion de la superficie de leurs terres et percevront en plus des dividendes en fin d'année. »
Zuo Wenxue a précisé aux villageois que rejoindre ainsi la coopérative n'était pas une obligation et devait rester une démarche volontaire. Il faut, avant tout, préserver les droits d'exploitation forfaitaire des terres dont jouissent les paysans en vertu de la loi. En revanche, si un villageois cède volontairement son droit d'exploitation à la coopérative, il devient actionnaire de cette coopérative.
Zuo Wenxue ne pensait pas que les paysans, après la terrible catastrophe naturelle, auraient tant à cœur de s'engager dans le développement. À son heureuse surprise, les 86 représentants présents à la réunion ont voté unanimement en faveur de l'établissement d'une coopérative. C'est ainsi que la coopérative de Tangyue a été mise en place.
Zhang Fuyou a procédé au transfert des 3 mu de terres de sa famille vers la coopérative de Tangyue, à dessein de bénéficier de dividendes en fin d'année, raconte-t-il. Aujourd'hui, à l'heure où la coopérative affiche des besoins urgents en personnel, M. Zhang et sa femme travaillent tous deux pour la coopérative. Lui gagne 150 yuans par jour, et elle reçoit 80 yuans par jour. Ainsi, sur un an, le ménage engrange environ 60 000 yuans de revenus.
« C'est beaucoup plus que si je partais travailler à l'extérieur du village ! En plus, ici, je peux m'occuper de mes parents âgés et vivre auprès de ma femme, tout en ayant une rentrée d'argent stable », se réjouit Zhang Fuyou.
La cession du droit d'exploitation des terres passe par une procédure relativement complexe : mesure de la superficie cultivée pour chaque famille, archivage des dossiers, publication d'une annonce légale et supervision par tous les villageois. Enfin, le gouvernement local délivre aux habitants concernés un certificat de droit d'exploitation des terres.
Le système de collectivisation des terres rurales a fait ses preuves en Chine au siècle dernier. Il a consolidé le modèle de propriété collective dans les campagnes et a permis à plusieurs centaines de millions de paysans chinois de vivre du travail de la terre. Au début des années 1980, la Chine a introduit une réforme du système de responsabilité à rémunération forfaitaire, distribuant alors des terres aux foyers ruraux pour qu'ils les cultivent. Aux balbutiements de la réforme et de l'ouverture de la Chine, cette initiative a permis de hausser le rendement agricole du pays. Après une trentaine d'années de développement, la productivité a enregistré une forte augmentation. Cependant, ce système n'est plus à même de répondre aux besoins de la nouvelle ère. Comme l'a fait Tangyue en mutualisant les parcelles isolées, il convient de procéder, dans certains endroits, à une restructuration industrielle pour mettre en œuvre une économie d'échelle.
Source:La Chine au Présent |