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L'Europe ne devrait pas faire de remarques irresponsables sur la question de la mer de Chine méridionale

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 06. 2016 | Mots clés : mer de Chine méridionale,remarques irresponsables ,Europe,Shen Xiaoquan

Les pays européens ont jusqu'ici maintenu une position prudente en ce qui concerne la mer de Chine méridionale ; ils ont publiquement dit « ne pas choisir son camp ». Cependant, ces derniers temps, L'Europe a commencé à faire fréquemment des remarques irresponsables sur le sujet. Ce développement ne contribue pas à la paix et la stabilité dans la région Asie-Pacifique, et est préjudiciable aux relations amicales de longue date entre la Chine et l'Europe.

Le 11 avril dernier, durant la réunion des ministres des Affaires étrangères du Groupe des Sept (G7) qui s'est tenue à Hiroshima, le Japon a publié une « déclaration de sécurité maritime ». Bien que la déclaration ne mentionne pas la Chine, une « forte opposition » à la construction de soi-disant bases militaires en mer de Chine méridionale est exprimée. Ceci est la deuxième année consécutive que la réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 donne lieu à une déclaration sur des questions de sécurité maritime. Certains analystes estiment que cette année, le ton s'est visiblement durci. Après la mention d'une « préoccupation » sur la question de la mer de Chine orientale et méridionale l'an dernier, la déclaration de 2016 parle d'une « forte opposition », en mentionnant également des installations militaires spécifiques. Le G7 a non seulement durci le ton sur la mer de Chine méridionale, la cible qui est faite de la Chine est également plus visible.

Le sommet du G7 qui s'est tenu au Japon le 27 mai a confirmé la déclaration de la réunion des ministres des Affaires étrangères, soulignant que « tous les pays doivent respecter le droit international et éviter d'entreprendre des actions unilatérales pouvant mener à des tensions, s'abstenir de faire usage de la force ou de la menace, et défendre leurs revendications par des moyens pacifiques comme l'arbitrage ou les procédures judiciaires ».

Dans cette déclaration, il est facile de voir que le Japon, hôte de l'événement, a convaincu les autres membres du G7 de rejoindre le « chœur anti-chinois ». Le G7 compte, outre les Etats-Unis, le Japon et le Canada, des membres de l'UE : le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie. L'UE participe également aux réunions du G7 en tant qu'organisation régionale. L'Europe, fortement représentée au sein du G7, n'est pas à la merci de la volonté politique des autres membres. Sans son assentiment, ces déclarations sur la mer de Chine orientale et Chine méridionale n'auraient pu être publiées.

Le Royaume-Uni et la France s'expriment

Parmi les pays européens, le Royaume-Uni et la France se sont montrés particulièrement vocaux.

Le 8 janvier 2016, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Royaume-Uni et du Japon se sont réunis dans le cadre de leur mécanisme de consultation « 2 + 2 » et ont émis une déclaration appelant à « faire preuve de retenue » en matière « d'actions qui intensifient les tensions » en mer de Chine méridionale, ainsi qu'à privilégier le règlement pacifique des différends, conformément au droit international. La déclaration parle d'une d'une action unilatérale menaçante, et souligne le caractère contraignant des décisions du tribunal d'arbitrage international saisi par les Philippines. Lors du mécanisme 2 + 2 organisé en mai 2014 lors de la visite du premier ministre japonais Shinzo Abe à Londres, une décision commune avec le premier ministre britannique David Cameron avait été publiée. L'an dernier, à l'issue de la première réunion 2 + 2 entre les ministres des Affaires étrangères de la Défense, le secrétaire britannique à la Défense Michael Fallon a annoncé que « la Grande-Bretagne veut être plus impliquée dans les affaires régionales d'Asie-Pacifique ». Le ministère japonais des Affaires étrangères a qualifié le partenariat du Japon avec le Royaume-Uni comme « l'équivalent du partenariat avec les Etats-Unis ». Les deux parties se sont engagées à effectuer de la recherche et du développement dans l'armement et de renforcer leurs échanges militaires.

Pendant sa participation au sommet du G7, le premier ministre britannique David Cameron s'est également exprimé en faveur de l'arbitrage et a demandé à la Chine de respecter la décision de la Cour internationale d'arbitrage de La Haye. « Dans ce dossier d'arbitrage, nous estimons qu'il est conforme avec les intérêts britanniques de respecter les règles internationales, et nous voulons encourager la Chine à devenir une partie du monde qui respecte ces règles ».

La France a également exprimé une position claire sur la question de la mer de Chine méridionale. Le 5 juin, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a prononcé un discours à l'occasion du Dialogue de Shangri-la sur la sécurité en Asie organisé à Singapour. En évoquant ses préoccupations quant à la situation actuelle en mer de Chine méridionale, il a dit que « si le droit de la mer n'est pas respecté aujourd'hui dans les mers de Chine, il sera menacé demain dans l'Arctique, en Méditerranée ou ailleurs ». Il a appelé les marines européennes à se coordonner « de manière à assurer une présence aussi régulière et visible que possible dans les espaces maritimes en Asie » pour protéger la liberté de navigation. Il a annoncé qu'il détaillerait cette proposition avec ses collègues européens pour « en mesurer les effets lors de la prochaine édition du Shangri-La ».

Les médias étrangers ont souligné que « bien que le ministre français de la Défense ne nomme pas la Chine, ses remarques constituent des accusations à peine voilées à l'égard de Beijing », que « la position de la France marque une forte stratégie d'opposition à la Chine, ajoutant à la pression internationale sur la question de la mer de Chine méridionale ».

Les Etats-Unis font pression sur l'Europe

Le plus souvent, les voix appelant en Europe à une intervention sur la question de la mer de Chine méridionale résultent clairement de la pression des Etats-Unis. En juillet dernier, alors que le différend entre les Etats-Unis et la Chine en mer de Chine méridionale s'intensifiait, la secrétaire adjointe américaine à la Défense chargée des affaires d'Asie du Sud-Est Amy Searight a déclaré que Washington se félicitait de la déclaration de l'UE sur la résolution pacifique des différends territoriaux de la mer de Chine méridionale, conformément au droit international. Il a souligné qu'il « serait utile que l'UE soutienne ces principes de manière plus explicite ». Ce commentaire montre que cette rare prise de position officielle a été le résultat d'une pression exercée par les Etats-Unis pour que l'Union européenne « choisisse son camp » dans le différend en mer de Chine méridionale.

Certains analystes ont indiqué que les Etats-Unis ont exhorté l'Europe à intervenir dans la situation en raison de la mise en œuvre de la « stratégie de rééquilibrage » vers l'Asie du président Obama. La publication The National Interest a publié un article du chercheur Peter Mattis de la Fondation Jamestown exhortant le gouvernement américain à rééquilibrer sa stratégie vers le continent européen. Selon le chercheur, depuis que Barack Obama est arrivé au pouvoir et a mis en œuvre sa stratégie de retour en Asie, l'Europe s'inquiète parce qu'elle a longtemps été au centre de la stratégie de sécurité des Etats-Unis. Ces deux dernières années, les Etats-Unis, en adoptant l'expression de « stratégie de rééquilibrage », ont clairement montré la connotation relative au rôle de l'Europe dans cette stratégie.

Le directeur régional adjoint pour les affaires européennes de l'Institut international républicain a suggéré que « la politique américaine envers la Chine ne devrait pas ignorer l'Europe ». Selon lui, l'Europe est cruciale dans la « stratégie de rééquilibrage » des Etats-Unis pour défendre le droit international. « Dans le cadre juridique, l'Europe peut aider indirectement le Vietnam et les Philippines », ce qui contribue également à la présence maritime des Etats-Unis en Asie. Il a également suggéré que les Etats-Unis donnent à l'Europe la responsabilité de défendre la sécurité dans l'océan Atlantique, en Méditerranée, dans la mer Rouge et l'océan Indien occidental, pour pouvoir se concentrer sur le Pacifique et la baie occidentale du Bengale.

Ces dernières années, l'Europe a subi une crise de la dette, une guerre en Ukraine, une crise de réfugiés, des attaques terroristes et d'autres chocs multiples. La situation est très difficile pour l'UE et son statut international a nettement diminué. La crise d'Ukraine a conduit à une situation de « nouvelle guerre froide » avec un conflit aigu avec la Russie. L'Europe dépend ainsi davantage des Etats-Unis. Pour les pays européens dans lesquels le commerce extérieur est essentiel, le maintien de la libre navigation dans les eaux internationales est crucial. La spéculation malveillante des Etats-Unis a reconnu le malaise présent en Europe si la circulation fluviale et maritime est menacée. Ces deux facteurs ont manifestement permis aux Etats-Unis de contraindre l'Europe à intervenir dans la situation de la mer de Chine méridionale.

Il faut noter également que l'Europe n'a pas de conflit d'intérêts stratégiques avec la Chine dans le monde, et même que les exigences stratégiques des deux parties sont complémentaires. A l'heure actuelle, l'économie européenne connaît une reprise difficile, les pays européens veulent obtenir plus d'opportunités de coopération en Chine pour dynamiser leur croissance. Par conséquent, les pays européens ont exprimé leur intérêt pour la stratégie chinoise des Nouvelles Routes de la soie et ont commencé à en bénéficier. Comme certains commentateurs l'ont souligné, une interférence des pays européens dans une zone extérieure à leur territoire pour suivre les Etats-Unis en mer de Chine méridionale n'en vaut clairement pas la peine.

 

(Traduction d'un article en chinois rédigé par Shen Xiaoquan, maître de recherche au Centre de recherche sur les problématiques mondiales de l'agence de presse Xinhua.)

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Source: french.china.org.cn

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