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Wu Xiaolin : le plus important, c'est de mener une vie confortable

French.china.org.cn | Mis à jour le 02. 09. 2013 | Mots clés : Bateaux-Dragons; rêve chinois; Chine; Lushan; Sichuan

Nous arrivons dans le district de Lushan (Sichuan) la veille de la fête des Bateaux-Dragons, célébrée cette année le 12 juin.

Tout est calme et paisible. Des habitants bavardent devant les étaux de légumes au coin de la rue. Les magasins qui la jalonnent sont ouverts, chacun abritant leur gérant, qui pour s'occuper derrière le comptoir, regarde la télévision ou lit le journal. Devant de nombreuses maisons, est posée au sol une bassine dans laquelle trempent des feuilles de bambou, destinées à préparer des zongzi (un aliment à base de riz gluant farci de diverses garnitures et enveloppé dans des feuilles de bambou ou de roseau, traditionnellement consommé durant la fête des Bateaux-Dragons). Des écoliers, sac sur le dos, jouent et chahutent ensemble sur le chemin de l'école.

Toutes ces scènes ne diffèrent en rien de celles que l'on peut observer dans les autres districts en Chine. Hormis les fissures qui lézardent les murs, les toits effondrés et les tentes installées provisoirement au bord de la route principale, rien ne laisse penser que la région a été frappée par un tremblement de terre de magnitude 7,0, il y a environ deux mois.

Le snack-bar de Wu Xiaolin se situe à l'angle de l'avenue Dongfeng. Sur sa devanture très modeste n'apparaît même pas d'enseigne officielle, juste une plaque sur laquelle est écrit en lettrage blanc sur fond rouge 砂锅饭 (shāguōfàn, marmite de riz). Le snack-bar, d'une superficie de 30 m², est divisé en deux parties : à l'avant sont disposés six tables ; l'arrière est réservé à la cuisine. Quand nous nous sommes introduit dans cette dernière pièce, la patronne était en train de faire bouillir des nouilles pour ses clients.

« Ce snack-bar a ouvert le 19 mai, il y a exactement vingt jours. Regardez les murs, on voit qu'ils ont été peints récemment. Le propriétaire des lieux étant un ami à moi, le loyer que je paie est relativement bon marché, a précisé Mme Wu. Auparavant, je gérais un restaurant en plein cœur de la vieille ville, mais il a été détruit par le dernier séisme. Nous avons donc été obligés de changer d'endroit. »

En fait, Wu Xiaolin et son mari ne sont pas originaires de Lushan. Ils viennent du district de Yingjing, à 60 km de là. « Après notre mariage, mon mari et moi avons eu l'occasion de venir à Lushan, et quand nous avons découvert que le loyer annuel n'était que de 3 000 yuans, nous avons décidé de nous y installer et d'ouvrir un petit restaurant. Nous n'imaginions pas à l'époque que nos affaires perdureraient si longtemps. Aujourd'hui, treize ans se sont déjà écoulés. »

Fils de restaurateurs, le mari de Wu Xiaolin, Yang Dejun, est de fait bon cuisinier. C'est pourquoi le couple a décidé de louer un local pour y vendre des petits repas, tels que du riz ou des nouilles préparés dans une marmite en terre cuite. Proposant des plats savoureux à des tarifs raisonnables, leurs activités ne mollissent pas.

Wu Xiaolin a deux enfants : l'aînée suit des cours dans une école qui forme des instituteurs à Mianyang, tandis que la cadette est inscrite dans un jardin d'enfants. Bien que le couple ne roule pas sur l'or, il arrive néanmoins à subvenir aux besoins de quatre personnes. « Nous n'émettons pas de grandes prétentions. Nous désirons simplement vivre dans un endroit paisible », explique Mme Wu, faisant référence aux évènements advenus antérieurement dans sa vie.

Le séisme de Lushan du 20 avril est venu bouleverser la tranquille existence de Wu Xiaolin. « Ce jour-là, nous avons ressenti les secousses dès l'ouverture de notre commerce. Quelqu'un dehors a crié “tremblement de terre !”. J'ai alors pris ma fille dans mes bras, et je me suis précipitée vers la sortie. À ce moment-là, j'ai vu des habitations de l'autre côté de la rue s'effondrer, se remémore Mme Wu, encore toute tremblante. Dans notre restaurant, toute la vaisselle s'est brisée et les meubles ont été gravement endommagés, mais heureusement, pour mon plus grand bonheur, personne n'a été blessé parmi mes proches et mes amis. Le gouvernement a, quant à lui, agi immédiatement pour nous aider, nous approvisionnant en pain, en eau et en médicaments. Aucune pénurie ni inflation s'en sont suivies. »

Après avoir confié leur fille cadette aux parents de leur district natal, Wu Xiaolin et son mari sont repartis de zéro en ouvrant un snack-bar dans la nouvelle ville. « Tout se passe bien pour le moment, et la vie a repris son cours normal pour chacun. Après avoir été contraint de dormir un temps sous une tente et dans le van d'un ami, nous vivons désormais dans notre restaurant », a commenté Mme Wu. Pour ce qui est de ses rêves, elle n'est pas trop exigeante, espérant simplement qu'aucun autre séisme ne viendra troubler le bonheur de sa famille. « Bien que nous travaillons dur tout au long de la journée, nous prenons le temps de jouer au mahjong avec nos voisins après la fermeture du restaurant. »

Le séisme de Lushan n'est pas le premier tremblement de terre qu'a connu Wu Xiaolin. Lors du séisme de Wenchuan survenu le 12 mai 2008, Lushan faisait également partie des régions sinistrées. Un jour plus tôt, elle avait quitté la maternité, après avoir donné naissance à sa deuxième fille. Heureusement, le district n'avait pas subi de graves dégâts.

Pour l'avenir, Wu Xiaolin a déjà tout planifié. À la rentré de septembre, elle inscrira sa fille cadette au jardin d'enfants local. Elle continuera à travailler d'arrache-pied avec son mari, afin de pouvoir régler les frais de scolarité pour sa fille aînée, tout en économisant de l'argent pour pouvoir, plus tard, passer leurs vieux jours dans leur district natal.

« Nous sommes des gens ordinaires, à qui rien ne sert de demander la lune. Le plus important pour nous, c'est de mener une vie confortable », a conclu Mme Wu.

 

Ecrit par JIAO FENG, membre de la rédaction

 

Source: La Chine au Présent

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