Aux yeux de ses collègues, Yu Zhengsheng n'est pas un homme qui respecte toujours la routine.

Il préfère ainsi éviter les inspections fixées à l'avance et faire des visites surprises. Il n'est pas intéressé par les longs rapports d'activité de ses subordonnés, mais préfère aller droit au but.

Cet ingénieur en missiles fait désormais partie de la plus haute direction de la Chine.

Yu Zhengsheng, âgé de 67 ans, a été élu, le mois dernier, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC). Les six autres hauts dirigeants sont Xi Jinping, également élu nouveau secrétaire général du Comité central du PCC, Li Keqiang, Zhang Dejiang, Liu Yunshan, Wang Qishan et Zhang Gaoli.

Tous ont été élus lors du premier plénium du 18e Comité central du PCC à l'issue du congrès national du parti au pouvoir.

LE STYLE YU

Un fonctionnaire de Shanghai se souvient qu'un jour Yu Zhengsheng, alors secrétaire du Comité du PCC pour la municipalité, effectuait une inspection de l'arrondissement de Huangpu quand il a soudain demandé à son chauffeur d'aller directement dans un quartier d'habitation situé derrière les gratte-ciel, sans en avoir informé au préalable les responsables concernés.

C'était un quartier de bidonville, où des sacs plastiques pendaient des toitures de tous les foyers afin de récupérer l'eau de pluie passant par les fuites, précise le fonctionnaire.

Cette inspection surprise a résulté en une accélération de la transformation des vieux quartiers d'habitations invivables de la métropole.

Le style du vieux Yu, surnom donné par les Shanghaïens à leur chef du comité du PCC, a été très apprécié par les habitants locaux, et Qin Ling était l'un d'eux.

En février, cet enseignant s'est plaint auprès de Yu Zhengsheng via son microblog que son père atteint d'un cancer avait été rejeté par plusieurs hôpitaux.

A la grande surprise de Qin Ling, c'est le vieux Yu, un internaute régulier, qui a répondu en personne par le site officiel du gouvernement municipal sur Sina Weibo, un site de microblogging très populaire en Chine, disant qu'il comprenait bien sa situation.

"Je ne peux vous garantir une solution à tous les problèmes, mais nous ressentons vos souffrances et je suis sûr que notre intelligence commune, dont celle des camarades des hôpitaux, vont nous faire avancer", a écrit Yu Zhengsheng.

La réponse de Yu a été retweetée environ 10.000 fois en deux heures.

"Je n'aurais jamais imaginé qu'il me répondrait et que le problème pourrait être résolu", s'est exclamé Qin Ling, dont le père a été finalement accepté par un hôpital.

Yu Zhengsheng emmène toujours un ordinateur portable avec lui lors de ses inspections. Il va en ligne tous les jours pour s'informer de l'actualité et savoir de quoi les internautes parlent.

"Internet nous offre une bonne plate-forme pour examiner et améliorer le travail du gouvernement. C'est également un outil très important pour répondre aux préoccupations du public", a-t-il expliqué.

Cependant, pour certains responsables de Shanghai, Yu Zhengsheng était un patron très dur. Devant leur chef inquisiteur, ils avaient tout intérêt à bien se préparer afin de répondre à ses questions concernant le travail en cours. Toute réponse floue pouvait faire l'objet de critiques glacées de la part du vieux Yu. (à savo