Gan Zangchun

La population urbaine en Chine est passée de 172 millions de personnes au lancement de la politique de réforme et d'ouverture en 1978 à 622 millions en 2009, et le taux d'urbanisation, de 17,9 % à 46,6 %. L'urbanisation est désormais un moteur important de la croissance. La rapidité du phénomène présente toutefois de grands défis relatifs à l'emploi en milieu urbain, les ressources, l'environnement et la stabilité sociale. Il importe ainsi de chercher à éviter les détours et de suivre une voie d'urbanisation conforme à la situation du pays.

De la bonne gestion des relations entre les villes et les régions rurales

L'urbanisation a joué un rôle important dans la croissance rapide et soutenue au cours des trois dernières décennies. Elle a progressé à un rythme annuel de 1 %. Selon des études corrélatives, le niveau d'urbanisation de la Chine dépassera 50 % en 2015. D'ici 20 ans, la Chine se trouvera encore dans une période de l'urbanisation rapide. Cependant, nous avons suivi un chemin d'urbanisation d'expansion à faible coût : d'une part, des terres rurales sont devenues urbaines et le bénéfice des rentes foncières différentielles est laissé aux villes ; d'autre part, les paysans ne bénéficient pas complètement de la sécurité sociale comme les citadins. Par rapport aux pays occidentaux, le gouvernement chinois présente une capacité de macrocontrôle plus forte et peut pousser l'urbanisation de manière ordonnée. La Chine ne tombe pas ainsi dans le « piège des pays à revenu moyen », dans lesquels le développement économique est entravé par des problèmes sociaux.

Pour la planification générale des rapports entre les villes et les régions rurales, la priorité est de maintenir l'équilibre entre l'urbanisation des terres rurales et celle des paysans. Si ces deux mesures ne sont pas coordonnées, toute la société sera déséquilibrée. Selon des statistiques démographiques de la dernière décennie, l'accroissement d'un point de pourcentage du taux d'urbanisation implique l'occupation de 330 000 ha de terres cultivées et l'entrée de 20 millions de paysans dans les villes chaque année. À ce stade, l'urbanisation chinoise est plutôt celle des terres et les industries ne cessent de se concentrer vers les villes, tandis que l'urbanisation des paysans est assez en retard et les fonctions des villes et bourgs s'affaiblissent dans la concentration efficace de la population et des industries. Si ces problèmes ne sont pas résolus, la planification générale du développement urbain et rural et l'urbanisation seront gravement affectées.

L'égalisation progressive des services publics entre les villes et les régions rurales est une voie incontournable pour l'accélération de l'intégration des paysans. Celle-ci ne signifie pas seulement le statut de résident urbain, elle doit aussi permettre d'assurer leur emploi et logement dans les villes, accroître l'offre de services publics en milieu urbain.

Les différents modèles et moyens d'urbanisation des paysans doivent être respectés. D'après l'expérience de ces trois dernières décennies, l'urbanisation des paysans présente des modèles et des moyens diversifiés, par exemple, le déplacement volontaire ou forcé. Dans l'histoire, les déplacements de population de grande envergure étaient pour la plupart forcés, et depuis le lancement de la politique de réforme et d'ouverture, les déplacements sont plutôt volontaires, choisis par les paysans pour poursuivre leurs intérêts économiques ou sociaux. Le gouvernement, qui joue un rôle exceptionnel dans le processus de l'urbanisation, doit ainsi considérer globalement la volonté des paysans.