Vendredi dernier, un tribunal du district Yanbian, situé dans la province du Sichuan dans le sud-ouest de la Chine entendra la deuxième plainte déposée dans le pays pour discrimination à l'emploi contre un porteur du VIH.
Xu Xinhua, représentant le plaignant Xiao Jun (un pseudonyme), s'est dit confiant sur les possibilités de victoire de son client, malgré le rejet de la première plainte de ce genre dès la première audience.
Xiao Jun, un habitant de Yanbian de 28 ans souhaitant devenir enseignant, a été déclaré porteur du virus VIH lors d'un examen médical imposé préalablement à son entrée en fonction dans une école gérée par le gouvernement.
Après avoir pris connaissance du résultat, le bureau de l'éducation du district a retiré son offre d'embauche. Comme si cela ne suffisait pas, Xiao Jun se rendit compte que la nouvelle de sa contamination par le virus du VIH faisait le tour du bureau de l'éducation.
Xiao Jun déposa plainte le 20 octobre, réclamant de pouvoir occuper le poste promis. Il demanda également au bureau de l'éducation des excuses pour avoir divulgué des informations médicales le concernant.
Le tribunal du district de Yanbian a accepté de recevoir la plainte en une semaine, sans toutefois fixer de date d'audience dans les trois mois suivants, comme il a coutume de le faire.
« Le délai dans la fixation de la date est dû au fait que le bureau de l'éducation du district a essayé de convaincre Xiao Jun d'accepter une compensation financière en échange du retrait de sa plainte. Il a toutefois refusé d'honorer la promesse d'embauche qu'il lui avait faite », a expliqué Xu, sans révéler le montant offert à son client.
Xiao Jun a déclaré qu'il n'accepterait pas d'argent. « Ce que je veux, c'est un emploi afin de pouvoir aider mes parents, car je suis un enfant unique », a-t-il déclaré.
« Je suis même disposé à accepter un poste de non-enseignant au sein de l'école, si le bureau de l'éducation me le propose. »
« Nous pensons pouvoir gagner », a confié Xu, dont le cabinet est situé à Kunming dans le Yunnan. Il a en effet rappelé que la Loi sur le traitement et la prévention du SIDA prévoit que les porteurs du virus VIH et les malades du SIDA ont le droit de se marier, de travailler, d'être soignés et de poursuivre des études.
Un membre du personnel du bureau parlant sous couvert de l'anonymat a pourtant déclaré que Xiao Jun n'avait aucune chance d'obtenir un emploi en Chine, notamment car les parents ont peur de voir leurs enfants dans une classe dirigée par un professeur porteur du VIH.
Xiao Jun, qui a grandi dans une famille de paysans analphabètes du Sichuan a obtenu son diplôme de musique en 2002, dans une école de la province formant des professeurs. Depuis lors, il a travaillé comme professeur remplaçant dans plusieurs écoles primaires, tout en acceptant de petits boulots en parallèle afin d'arrondir ses fins de mois.
En août dernier, Xiao Jun a passé un examen visant à évaluer ses compétences d'enseignement de la musique à des élèves d'école primaire au siège du district. Il devait commencer à travailler le 31 août. Mais avant cela, il dut subir deux examens médicaux organisés par le bureau d'éducation du district et c'est alors qu'il faut découvert qu'il était porteur du VIH. Le bureau l'informa un peu plus tard qu'il ne pouvait maintenir son offre d'emploi.
Xiao Jun se défendit en disant qu'il était juste porteur du VIH et qu'il était en mesure de travailler comme une personne normale, tant qu'il ne contractait pas le SIDA.
Xiao Jun, qui est célibataire et n'a pas de petite amie, explique ne pas savoir comment il a contracté la maladie. Peu après avoir appris la nouvelle, il contacta le Centre Yirenping à Beijing, une organisation à but non lucratif qui l'aida à trouver son avocat, Xu.
Avant Xiao Jun, un jeune porteur du VIH de la province de l'Anhui dans l'est de la Chine était devenu le premier Chinois à déposer plainte pour discrimination à l'emploi contre une personne atteinte du VIH. Il poursuivit le bureau de l'éducation d'Anqing dans l'Anhui, après que ce dernier ait refusé de lui offrir un poste d'enseignant.
Le tribunal a débouté le plaignant en décembre dernier. Suite à cette décision, le jeune homme a fait appel devant un tribunal supérieur. Selon Xu, celui-ci n'a pas encore rendu son jugement.
Xu affirme que Xiao Jun n'est pas le seul porteur du VIH à avoir subi un préjudice.
« Nombre d'entre eux n'ont pas le courage d'en parler, car ils ont peur que l'information soit révélée », explique-t-il. Ils ont peur d'être soumis à davantage de discriminations. » |