L'homme habitait sur le plateau
Qinghai-Tibet avant notre ère. Après une longue période, les tribus
dispersées se sont réunies progressivement pour former l'actuel
groupe ethnique tibétain.
Après avoir souffert des guerres
successives au début de la dynastie des Tang (618-907), les
Tibétains ont eu des relation cordiales avec la cour des Tang par
les liens de mariage, et ont commencé leurs liens commerciaux avec
les régions centrales sous la dynastie des Song (960-1279). Sous la
dynastie des Yuan (1206-1368), la Chine a été réunifiée et les
ethnies vivaient en bonne intelligence. Dès les dynasties des Ming
(1368-1633) et des Qing (1644-1911), les Tibétains, avec d'autres
groupes ethniques, ont été témoins des changements de l'histoire de
la Chine.
La dynastie des
Tubo
Au début du VIIe siècle, la
puissante dynastie des Tang fut fondée dans les plaines centrales
de la Chine, mettant fin à une période de confusion et de division
qui avait duré plus de 300 ans dans cette région. En même temps,
Songtsan Gambo, célèbre héros national du Tibet, fédéra sous son
autorité une dizaine de tribus et fonda la dynastie des Tubo,
premier pouvoir unifié sur le plateau du Tibet. En 641, il épousa
la princesse Wencheng, fille de l'empereur Taizong des Tang. Depuis
lors, les Tubo resserrèrent des relations amicales avec les Tang
dans les domaines politique, économique et culturel et instaurèrent
l'« amitié entre la nièce et l'oncle » avec les Tang, qui dura plus
de 200 ans.
En 821, le roi de Tubo, Tri
Ralpachen, envoya trois fois des délégués à Chang'an, capitale de
la dynastie des Tang, pour demander une alliance. Muzong, empereur
des Tang, convoqua alors ses hauts fonctionnaires pour une grande
cérémonie d'alliance dans la banlieue ouest de Chang'an. L'année
suivante, la dynastie des Tang et le royaume de Tubo conclurent
officiellement leur alliance dans la banlieue est de Lhassa. Les
deux parties avaient réitéré leur relation étroite d'« amitié entre
la nièce et l'oncle » et décidaient de se traiter en tant que
membres d'une même famille. Cet alignement a été gravé sur trois
monuments d'Alliance Tang-Tubo, dont un se dresse devant la
monastère de Jokhang à Lhassa.
En 842, du fait de dissensions au
sein de la famille royale, de rivalités et de guerres entre tribus
et entre commandants de postes frontaliers, un grand nombre de
forces locales apparurent, qui tentèrent de s'emparer du pouvoir.
Ces guerres intestines se prolongèrent pendant plus de 400 ans.
Nombreux étaient les Tibétains qui furent obligés de quitter leur
terre natale pour vivre dispersés dans le Gansu, le Qinghai, le
Sichuan et le Yunnan. Pendant trois siècles qui suivirent
l'écroulement de la dynastie des Tubo, les tribus morcelèrent le
territoire et s'attaquèrent l'une l'autre, ce qui entrava gravement
le développement économique et culturel.
La dynastie des Yuan
(1271-1368)
Au début du XIIIe siècle, Gengis
Khan fonda au nord de la Chine le Khanat mongol. En 1247, le pandit
Gonggar Gyaincain, de la secte Sagya, et Godan, un prince mongol,
se rencontrèrent à Liangzhou (l'actuelle ville de Wuwei, dans la
province du Gansu) pour discuter de la soumission pacifique du
Tibet au Khanat mongol et mettre au point le texte d'un système
administratif régional. C'est ainsi que fut établi le pouvoir
régional de la secte Sagya. En 1271, les Khans mongols prirent
comme nom de dynastie celui de Yuan, et huit ans plus tard, en
1279, réussirent à unifier la Chine. La dynastie des Yuan fit du
Tibet une de ses régions administratives relevant directement du
gouvernement central.
Compte tenu des particularités du
Tibet dans les domaines de la tradition historique, de la situation
sociale, des conditions naturelles et géographiques, de l'ethnie et
de la croyance religieuse, le gouvernement de la dynastie des Yuan
adopta, dans l'administration du Tibet, des politiques et mesures
spéciales différentes d'autres provinces.
Premièrement, en 1270, Kubilay,
empereur Shizu des Yuan, nomma Phagspa, chef religieux du Tibet et
roi de la Loi du Sagya, dishi, ou tuteur religieux de l'empereur.
C'était un poste suprême de clerc institué pour la première fois
dans l'histoire chinoise. Le dishi devint officiellement un haut
fonctionnaire du gouvernement central, nommé directement par
l'empereur, qui dirigeait les affaires bouddhiques du pays et les
affaires locales du Tibet.
Deuxièmement, dès sa fondation, la
dynastie des Yuan établit le Conseil d'administration générale du
bouddhisme (qui fut rebaptisé en 1288 Conseil des affaires de
pacification), chargé des affaires militaires et politiques du
Tibet et des affaires bouddhiques du pays. Les fonctions de chef de
ce conseil étaient cumulées en général par le premier ministre et
celles de chef adjoint étaient assumées par un moine recommandé par
le dishi. Ce fut le premier organisme central chargé spécialement
des affaires du Tibet dans l'histoire chinoise.
Troisièmement, le dishi fut chargé
de la division administrative locale du Tibet et de la décision de
l'effectif des fonctionnaires des organismes d'administration à
tous les échelons.
Ensuite, le Tibet est passé sous
l'autorité de la dynastie des Yuan. Bien que la Chine ait connu
grandeur et décadence sous plusieurs dynasties, le Tibet est resté
jusqu'à aujourd'hui sous la juridiction des autorités
centrales.
La dynastie des Ming
(1368-1644)
En 1368, la dynastie des Ming se
substitua à celle des Yuan en Chine. Elle abolit le Conseil des
affaires de pacification et le système de dishi qui devait être
conféré à un moine tibétain mais en même temps établit un système
particulier qui consiste à conférer les titres de chefs religieux.
Selon ce système, le titre le plus élevé de chef religieux était
celui de « roi de la Loi » qui différait de celui de dishi sous les
Yuan ; plus précisément, les rois de la Loi ne travaillaient pas
dans la capitale, n'avaient pas le pouvoir d'administrer les
affaires religieuses du pays, ne possédaient pas leurs propres
fiefs permanents, ils ne s'occupaient pas des affaires politiques
et n'exerçaient pas de juridiction sur les fiefs, et leur titre
était honorifique et différent. Les chefs religieux inférieurs au
roi de la Loi possédaient leurs fiefs. Ils gouvernaient une région,
ne se subordonnaient pas au chef supérieur mais relevaient
directement du gouvernement central.
Les autorités centrales des Ming,
suivant le système administratif des Yuan, installèrent les
administrations locales au Tibet pour gouverner respectivement les
affaires politiques et militaires au Tibet antérieur et postérieur
et dans les préfectures de Qamdo et de Ngari.
La dynastie des Qing
(1644-1911)
Après avoir remplacé en 1644 la
dynastie des Ming, le gouvernement de la dynastie des Qing arrêta
une série de lois et de systèmes rigoureux et efficaces concernant
le contrôle du Tibet, afin d'exercer sa souveraineté sur cette
région de façon plus légale et plus systématique.
Premièrement, légaliser la région
administrative du Tibet. Tout en procédant à la division
administrative du pays, le gouvernement central des Qing délimita
législativement la région administrative du Tibet et les frontières
entre le Tibet et ses voisins (Yunnan, Sichuan, Qinghai et
Xinjiang). La région administrative du Tibet d'alors (aussi appelé
Weizang) correspond approximativement à la région autonome du Tibet
d'aujourd'hui.
Deuxièmement, définir le système
politique et administratif du Tibet et la forme organisationnelle
du pouvoir local du Tibet. Les « Règlements sur les affaires du
Tibet approuvés par l'empereur » promulgués en 1793 et le « Recueil
des codes du Grand Qing » rassemblant des lois et règlements
administratifs de la dynastie des Qing stipulaient explicitement :
Au Tibet, le dalaï-lama et le panchen-lama administrent les
affaires religieuses et une partie des affaires administratives
respectivement du Tibet antérieur et du Tibet postérieur et ne sont
pas subordonnés l'un à l'autre. C'était l'envoyé impérial qui était
chargé de gouverner tout le Tibet.
Troisièmement, conférer des titres
aux chefs religieux du Tibet. En 1653, le gouvernement central des
Qing conféra au Ve dalaï le titre de « dalaï-lama
Wachilatanta-bouddha sans souci qui domine le monde le l'Ouest »,
et en 1713, au Ve panchen le titre « panchen erdini ». Après quoi,
seuls les dalaï et les panchen qui recevraient un titre conféré par
le gouvernement central seraient légaux. Cette forme de
consécration fut érigée en règle.
Quatrièmement, pour éviter que les
chefs religieux poursuivent des intérêts personnels en abusant de
leur pouvoir ou cherchent à élargir leur sphère d'influence, le
gouvernement central des Qing décida en 1793 d'établir le système
du choix des successeurs du dalaï-lama et du panchen-lama par «
tirage au sort au moyen de l'urne d'or » au lieu de la
détermination d'un successeur par le dalaï-lama, le panchen-lama ou
le grand lama lui-même. Le nouveau système exigeait que le choix
des candidats du successeur du dalaï ou du panchen soit effectué
sous la présidence et la surveillance de l'envoyé impérial au Tibet
en recourant au « tirage au sort », et que le résultat du choix
soit soumis au gouvernement central pour approbation. Ce fut l'une
des mesures les plus importantes prises par le gouvernement des
Qing pour renforcer le contrôle administratif des affaires
religieuses du Tibet et aussi une action concrète du gouvernement
central qui exerçait sa souveraineté entière sur le Tibet.
La République de Chine
(1912-1949)
Puis vint la Révolution de 1911 en
Chine. L'année suivante fut fondée la République de Chine
réunissant les ethnies han, mandchoue, mongole, hui, tibétaine et
autres. Sous le régime de la République de Chine, le pouvoir
central changea de mains à plusieurs reprises, mais la politique
fondamentale de l'État insistant sur l'unité, la souveraineté et
l'intégrité du pays ne varia jamais.
Premièrement, sauvegarder la
souveraineté de l'État sur le Tibet en recourant aux déclarations
du gouvernement et à la législation. Le 11 mars 1912, la «
Constitution provisoire de la République de Chine » fut arrêtée et
promulguée sous la présidence du Dr Sun Yat-sen. L'article 3 de ses
principes généraux stipulait que le Tibet était l'une des 22
provinces de la République. Le gouvernement de la République de
Chine possédait donc légalement la souveraineté sur le Tibet. Dans
la Constitution officielle promulguée plus tard, les articles
concernant le Tibet insistaient aussi sur le fait que le Tibet
était partie intégrante du territoire de la Chine et que le
gouvernement central exerçait sa souveraineté sur lui.
Deuxièmement, établir un organisme
central chargé d'administrer les régions peuplées de Tibétains et
de Mongols – le Bureau des affaires mongoles et tibétaines. Ce
bureau fut fondé en 1912 et relevait directement du Conseil des
affaires d'État. En 1914, il changea de nom et prit celui de
Conseil des affaires mongoles et tibétaines. En 1927, la République
de Chine transféra sa capitale à Nanjing et constitua un
gouvernement nationaliste. Le Conseil des affaires mongoles et
tibétaines fut réorganisé en Comité des affaires mongoles et
tibétaines. Le IXe panchen-lama et le XIIIe dalaï-lama ainsi que
Gongjor Zongnyi, Zamgyia Hutogtu et Xeirab Gyamco, représentants du
gouvernement local du Tibet et accrédités à Nanjing, étaient
membres de ce comité, et Xeirab Gyamco, célèbre maître de
bouddhisme, en était le vice-président.
Troisièmement, octroyer au
dalaï-lama et au panchen-lama des titres honorifiques et présider
la cérémonie d'intronisation de l'enfant-incarnation du dalaï-lama
ou du panchen. Au début de la République de Chine, le XIIIe
dalaï-lama, qui s'était réfugié en Inde et avait donc perdu le
titre honorifique octroyé par le gouvernement des Qing, exprima son
vœu de regagner le pays. Yuan Shikai lança le 28 octobre 1912 son
ordre présidentiel de lui rendre le titre. Peu après, le dalaï-lama
retourna au Tibet. Pour atténuer les contradictions au sein du
Tibet et citer le IXe panchen-lama pour sa contribution à la
sauvegarde de l'unification du pays, Yuan Shikai lança encore une
fois le 1er avril 1913 un ordre présidentiel de conférer le titre
honorifique au panchen.
En décembre 1933, après l'entrée
dans le nirvâna du XIIIe dalaï-lama, selon la coutume historique,
les autorités locales du Tibet informèrent immédiatement de cet
événement le gouvernement central et ce dernier lui conféra le
titre posthume de « Grand maître d'intelligence parfaite, de
bienveillance immense et défenseur du pays » et envoya Huang
Musong, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines, au
Tibet participer aux obsèques. En 1938, sous la présidence du tulku
Razhen, régent du Tibet, on trouva, selon la règle bouddhique, au
Qinghai, l'enfant-incarnation du XIIIe dalaï-lama, qui s'appelait
Lhamo Toinzhub. Le 5 février 1940, le gouvernement nationaliste
émit une ordonnance approuvant que « Lhamo Toinzhub, enfant du
Qinghai, succède, sans tirage au sort, au XIIIe dalaï comme XIVe
dalaï-lama ». Wu Zhongxin, représentant spécial du gouvernement
central, et Razhen présidèrent conjointement la cérémonie
d'intronisation. En décembre 1937, le IXe panchen décéda au
Qinghai, en route vers le Tibet. Le gouvernement nationaliste lui
conféra le titre posthume de « grand maître d'intelligence
parfaite, grand sage et défenseur du pays » et envoya Dai
Chuanxian, président du Conseil des examens, à Ganze honorer sa
mémoire. Au début de 1949, l'envoyé spécial du gouvernement
nationaliste assista à l'intronisation de l'enfant-incarnation du
IXe panchen qui eut lieu au monastère de Ta'er, au Qinghai, et
donna lecture d'une ordonnance selon laquelle Guangbo Cidain
devenait officiellement le Xe panchen. En août de la même année,
Guan Jiyu, président du Comité des affaires mongoles et tibétaines,
se rendit au Qinghai pour présider, en qualité d'envoyé spécial du
gouvernement nationaliste, la cérémonie d'intronisation.
Quatrièmement, admettre des
personnalités religieuses et laïques de couche supérieure du Tibet
dans l'administration des affaires d'État. On trouve des délégués
du Tibet au parlement et à l'assemblée nationale à tous les
niveaux. Par exemple, lors de la convocation de l'Assemblée
nationale à Nanjing du 15 novembre au 25 décembre 1946, 17 délégués
du Tibet étaient présents à la session qui adopta la
Constitution.
La République populaire de
Chine (depuis 1949)
En 1949, la République populaire de
Chine fut proclamée.
Libération pacifique du Tibet en
1951 : Lors de la fondation de la Chine nouvelle, le 1er octobre
1949, le Xe panchen erdini, l'un des deux grands tulku de la lignée
Gelug du bouddhisme tibétain envoya un télégramme au président Mao
Zedong et au commandant en chef Zhu De pour exprimer son soutien au
gouvernement populaire central et son vif désir que le Tibet soit
libéré le plus tôt possible. Le 23 novembre, le président Mao et le
commandant en chef Zhu répondirent au télégramme. Par la suite, le
gouvernement populaire central réitéra plusieurs fois aux autorités
locales du Tibet son appel à négocier la libération pacifique.
Mais avec l'appui d'une certaine
force impérialiste, le régent Dagzhag et d'autres personnes qui
contrôlaient alors le gouvernement local du Tibet concentrèrent le
gros de l'armée tibétaine et la milice populaire de 8 000 personnes
sur la ligne de Qamdo et le long de la rive ouest du fleuve
Jinshajiang dans le but de résister à l'Armée populaire de
Libération. Le 24 octobre 1950, Qamdo fut libéré. S'en tenant au
principe de libération pacifique du Tibet, le Comité central du PCC
et le gouvernement populaire central ordonnèrent à l'armée
populaire de libération d'arrêter sa marche en attendant la
négociation avec la délégation tibétaine à Beijing. Parallèlement,
la commission militaire et administrative du Sud-Ouest et la région
militaire du Sud-Ouest promulguèrent conjointement le « Pacte
concernant la libération du Tibet en dix articles » en chinois et
en tibétain. Inspiré par les politiques et les efforts du Comité
central, en janvier 1951, le XIVe dalaï-lama et les autorités
locales du Tibet exprimèrent leur désir relatif aux négociations de
paix.
Le 29 avril 1951, les représentants
plénipotentiaires du gouvernement populaire central et du
gouvernement local du Tibet commencèrent à négocier à Beijing.
Après avoir abouti à un accord sur tous les problèmes importants,
le 23 mai 1951, une cérémonie solennelle de signature de l'« Accord
entre le gouvernement populaire central et le gouvernement local du
Tibet sur les mesures concernant la libération pacifique du Tibet »
(en abréviation l'accord en 17 articles) eut lieu à Zhongnanhai.
Ensuite, le dalaï-lama adressa au président Mao Zedong un
télégramme dans lequel il disait, quant à l'accord sur les mesures
concernant la libération pacifique du Tibet, que « le gouvernement
local, les clercs et la population laïque du Tibet le soutiennent à
l'unanimité. Sous la direction du président Mao et du gouvernement
populaire central, ils apportent une aide active à l'armée
populaire de Libération entrée au Tibet pour consolider la défense
nationale, chasser les forces impérialistes et sauvegarder l'unité
territoriale et la souveraineté du pays. »
Le panchen erdini adressa également
au président Mao Zedong un télégramme pour témoigner son soutien à
cet « Accord en 17 articles » afin de sauvegarder l'unité et la
souveraineté de la patrie.
Selon l'accord, le 26 octobre de la
même année, l'Armée populaire de Libération entra sans encombre à
Lhassa, gagnant l'accueil chaleureux des fonctionnaires, clercs et
laïques locaux, soit plus de 20 000 personnes. Par la suite, elle
pénétrera successivement les lieux importants d'inspection des
frontières comme Nagqu, Ngari, Zayu, Gyangze, Xigaze et Yadong.
Jusqu'ici, le Tibet était libéré pacifiquement.
En 1954, le dalaï-lama et le panchen
erdini se rendirent à Beijing pour participer à la Première
Assemblée populaire nationale. Au cours de cette session, le
dalaï-lama fut élu vice-président du Comité permanent, et le
panchen, membre du Comité permanent.
Réforme démocratique en
1959
Le système social ancien fut
maintenu malgré la libération pacifique du Tibet. Pourtant, pour
faire progresser la société tibétaine et améliorer la vie du
peuple, la réforme démocratique fut l'une des questions qui
intéressaient le gouvernement central. Du fait que les conditions
n'étaient pas mûres pour une réforme, le 17 février 1957, lors
d'une réunion des affaires nationales, le président Mao a fait le
rapport intitulé « Quelques questions concernant le traitement
correct des contradictions internes du peuple » pour exposer le
principe que « la réforme n'aurait pas lieu avant six ans ». En
réalité, le gouvernement central cédait encore une fois à la couche
supérieure du Tibet, dans l'espoir que le délai permettrait
d'éveiller la conscience des autorités du Tibet, afin que se
réalise fructueusement la réforme démocratique.
La clique réactionnaire au sein de
la couche supérieure du Tibet déchira publiquement l'« Accord en 17
articles » le 10 mars 1959 et déclara l'« indépendance du Tibet ».
Elle ordonna aux armées du Tibet d'encercler la région militaire du
Tibet et les organes du gouvernement central au Tibet et de lancer
une attaque générale le 20 mars au petit matin. Pour sauvegarder
l'unité de la patrie, le gouvernement central assigna l'ordre de
réprimer la révolte, ordonna de dissoudre les autorités locales du
Tibet dont la plupart des fonctionnaires participèrent à la
rébellion et déclara que le comité préparatoire de la région
autonome du Tibet exercerait les fonctions du gouvernement local du
Tibet. Le Tibet entra dans une nouvelle période : étouffer la
révolte et pratiquer la réforme démocratique.
Le Comité préparatoire de la région
autonome du Tibet adopta en juillet 1959 la « Résolution sur la
réforme démocratique », décidant qu'il faut réprimer à fond la
révolte, mobiliser pleinement les masses et pratiquer la réforme
démocratique dans la région tibétaine. Ainsi, s'opposer à la
révolte, au système de corvée et d'esclavage, ainsi que lancer le
mouvement de réduction du fermage et du taux d'intérêt
constituèrent le premier pas de la réforme. Les serfs et esclaves
réveillés organisèrent leur propre institution dirigeante –
association de paysans, formant le centre du pouvoir. Depuis lors,
des associations de paysans furent établies en quelques mois dans
les régions où ils lancèrent la réforme démocratique.
Conformément aux politiques, à
l'égard des terres des propriétaires de serfs qui avaient pris part
à la rébellion, « qui fait les semailles fait la moisson » ; pour
les propriétaires de serfs qui n'avaient pas participé à la
révolte, 80 % des produits agricoles de leur terre appartiendraient
aux serfs, le reste, aux propriétaires de serfs. Toutes les dettes
contractées par les serfs envers les « trois seigneurs » avant 1958
furent abrogées, et quant aux emprunts faits en 1959 aux seigneurs
qui ne s'étaient pas mêlés à la révolte, l'intérêt mensuel fut
réduit à 1 %. De 1959 à 1960, lors de l'achèvement de la réforme
dans l'ensemble, tous les prêts usuraires abrogés (y compris les
céréales et l'argent) fut converti en plus de 400 000 tonnes de
céréales, brisant les lourdes chaînes des serfs.
La troisième réunion plénière du
comité préparatoire de la région autonome du Tibet tenue en
septembre 1959 adopta la « Résolution sur l'abolition de la
propriété foncière des propriétaires de serfs et l'application de
la propriété foncière des paysans » pour satisfaire la juste
demande d'un million de serfs.
La réforme agraire dans la région
agricole se déroula de l'hiver 1959 au printemps 1960. Les terres
et autres moyens de production des propriétaires de serfs rebelles
et de leurs régents furent confisqués. À la fin de 1960, les terres
distribuées aux serfs et aux esclaves atteignirent 186 000
hectares, soit 0,23 ha par personne.
Et on pratiqua la politique de
rachat parmi les propriétaires de serfs non engagés dans la
rébellion et de leurs régents. Plus de 60 000 ha de terre agricole,
820 000 têtes de bétail (seulement dans les régions rurales), 20
000 ensembles d'instruments aratoires et 64 200 pièces d'habitation
excédentaires furent rachetés au prix du marché moyen et seraient
payés dans huit à treize ans par le gouvernement. Jusqu'en
septembre 1961, quelque 2 000 foyers réglèrent le certificat de
rachat et reçurent le premier versement. On fournit du travail aux
progressistes patriotes ; quelques-uns assumèrent des fonctions au
comité préparatoire de la région autonome.
La réforme démocratique a renversé
radicalement le servage féodal réactionnaire et arriéré, émancipé
un million de serfs et d'esclaves du joug et de l'opposition des
propriétaires de serfs et obtenu le droit à la liberté personnelle.
Cet événement a fondamentalement changé les conditions de droits
humains du peuple tibétain et ouvert une voie en faveur du
développement de la société tibétaine.
Fondation de la région
autonome du Tibet en 1965
L'autonomie régionale est pratiquée
au Tibet en vertu de la Constitution chinoise. Selon la
Constitution et les lois, l'État garantit les droits politiques des
divers groupes ethniques de participer, sur un pied d'égalité, à la
gestion des affaires de l'État et d'administrer de façon
indépendante les affaires de leur propre région et de leur propre
ethnie. Ces droits concernent la politique, l'économie, la culture
et tous les domaines du progrès social. En fonction des
circonstances spécifiques de l'histoire et des facteurs politiques,
économiques, religieux, culturels et autres, tout en pratiquant
l'autonomie régionale, on a pris quelques mesures souples,
particulières et différentes de celles des autres régions autonomes
du pays.
Le 9 mars 1955, la 7e séance élargie
du Conseil des affaires d'État, présidée par le premier ministre
Zhou Enlai, a examiné et adopté la « Décision sur l'établissement
du Comité préparatoire de la région autonome du Tibet », stipulant
que sous la direction du Conseil des affaires d'État, le Comité
préparatoire est un organe politique chargé de la fondation de la
région autonome du Tibet. Sa tâche principale consiste à préparer
l'application de l'autonomie régionale au Tibet en vertu de la
Constitution, de l'Accord en 17 articles et de la situation
spécifique locale. Le Conseil des affaires d'État a désigné le
dalaï-lama comme le directeur-membre du comité, le panchen comme
premier directeur adjoint et membre, et Zhang Guohua, comme
deuxième directeur adjoint et membre. Le 22 avril 1956, l'assemblée
constitutive du Comité préparatoire s'est tenue solennellement dans
la grande salle de Lhassa nouvellement ouverte.
Au cours de la répression de la
révolte et de la réforme démocratique en 1959, le servage féodal a
été aboli et un million de serfs et esclaves ont été émancipés ;
ils n'ont été plus vendus, transférés, échangés pour payer une
dette en nature comme biens privés des propriétaires de serfs,
ainsi forcés à travailler. Dès lors, ils ont obtenu la liberté
individuelle et sont devenus les maîtres de la société. Pendant
cette période, on a établi le pouvoir politique populaire local aux
divers échelons. À partir de la situation réelle tibétaine, en
juillet 1959, le Comité préparatoire a adopté les « Règlements
organisationnels des associations paysannes à l'échelon de
district, de préfecture et de canton du Tibet », stipulant que les
associations paysannes au niveau de préfecture et de canton
exercent les fonctions à la place du pouvoir politique local.
Jusqu'en avril 1960, les autorités populaires de sept commissariats
préfectoraux, d'une ville, de 72 districts, de 20 préfectures et
300 cantons ont été établies. En mars 1962, le Comité préparatoire
a distribué les « directives concernant les élections aux échelons
de base dans la région autonome du Tibet (projet) ». En juillet et
août 1965, 1 359 cantons, bourgs ont accompli l'élection de base,
567 autres cantons et bourgs ont organisé la réunion populaire
locale, remplaçant les fonctions de l'assemblée populaire, soit 92
% des cantons et bourgs du Tibet. De plus, 54 districts ont
convoqué la première session de l'assemblée populaire locale, élu
les chefs de district, et établi la commission populaire au niveau
de district et choisi 301 députés pour assister à l'assemblée
populaire de la région autonome du Tibet.
Approuvée par le gouvernement
central, la première session de la première Assemblée populaire de
la région autonome du Tibet s'est tenue du 1er au 9 septembre 1965
à Lhassa. La région autonome du Tibet a déclaré sa fondation à
cette occasion et Ngapoi Ngawang Jigmei a été élu président.
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