Si l'on parle des changements survenus chez les Chinois depuis le lancement de la politique de réforme et d'ouverture, on ne peut ne pas mentionner l'argent. Je vais vous raconter l'histoire de cent yuans dans ma vie. Ceci pourrait également rappeler leur passé à beaucoup de monde.

C'est pendant la Révolution culturelle (1966-1976) que je suis allé m'installer à la campagne pour toucher la première fois le montant de cent yuans. Après avoir terminé mes études à l'école secondaire, je fus, comme bien d'autres jeunes citadins, envoyé travailler à la campagne. Nous, que l'on nommait « les jeunes instruits qui se sont établis à la campagne », devions vivre de notre propre travail. Le revenu de ma première année à la campagne était d'environ 100 yuans, ce qui comprenait l'argent en liquide, un peu plus de 60 yuans, et plus de 300 livres de grains qui coûtaient dix centimes la livre. Ce chiffre était presque égal au revenu d'un paysan pendant la Révolution culturelle.

Mon premier travail fut celui de garde magasinier dans une ferme de chevaux militaires, avec un salaire mensuel de 27 yuans, au 27e échelon sur le plan administratif. Deux ans plus tard, je fus affecté dans un autre département de travail, avec un salaire de 36 yuans, au 25e échelon. L'année suivante, je fus promu, touchant 42,1 yuans. Ce salaire était relativement élevé pour un jeune travailleur à cette époque. Un oeuf coûtait 20 centimes sur le marché, donc je touchais l'équivalent de 200 oeufs par mois. Je touchai cette somme jusqu'à la fin de mes études universitaires. À ce moment-là, je me disais : « si mon salaire augmente normalement et que j'ai la chance de devenir cadre, j'aurai la possibilité de gagner 100 yuans par mois après ma retraite ». Ceci était mon plus grand souhait.