2020 sera une année clé pour que la Chine puisse accomplir ses principaux objectifs. 

Etant donné la pression de la restructuration économique en Chine et la morosité du marché mondial dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis, la Chine va devoir renforcer ses efforts pour stabiliser la croissance − une priorité fondamentale – tout en approfondissant la réforme et en poursuivant l’ouverture en 2020, une année au cours de laquelle le pays vise à réaliser l’édification intégrale d’une société de moyenne aisance.

La Conférence centrale sur le travail économique, qui a lieu chaque année pour donner l’orientation de la politique économique du pays au cours de l’année suivante, s’est déroulée à Beijing du 10 au 12 décembre. 

A cette occasion, Xi Jinping, le secrétaire général du Comité central du Parti communiste de Chine (PCC), président chinois et président de la Commission militaire centrale, a passé en revue le travail économique du pays en 2019, analysé la situation actuelle et défini les tâches clés pour 2020, rapporte l’agence d’information Xinhua.

Faisant face à des défis croissants intérieurs et à l’étranger depuis le début de l’année, la Chine a insisté sur sa voie de développement de la réforme du côté de l’offre, avancé une croissance de haute qualité, réalisé des progrès majeurs dans les trois batailles difficiles de prévention des risques financiers, de réduction de la pauvreté et de lutte contre la pollution, a-t-il été noté pendant la conférence. Celle-ci a en outre souligné que la Chine resterait engagée pour maintenir ses activités économiques « dans une fourchette raisonnable ». 

Ces accomplissements n’ont pas été faciles et le fondement de ces réalisations durement accomplies réside dans l’adhérence à un leadership centralisé et unifié du Parti, dans les efforts fournis pour approfondir la réforme et l’ouverture, ainsi que dans la pleine mise en valeur de l’initiative des gouvernements central et locaux.

Les législateurs ont défini les tâches économiques majeures pour l’année prochaine, incluant la promotion d’une croissance économique de haute qualité, la garantie que la tâche de la réduction de la pauvreté puisse être achevée dans le délai imparti et de manière intégrale, la poursuite de politiques fiscales proactives et de politiques monétaires prudentes, ainsi que l’approfondissement de la réforme du système économique du pays.

Dans un effort pour réaliser les objectifs de l’année prochaine, la première des priorités est de maintenir une croissance stable, de préserver la stabilité des politiques macroéconomiques et la flexibilité des politiques microéconomiques, mais aussi de s’assurer que les politiques sociales couvrent les besoins fondamentaux de la population et le bien-être des plus défavorisés. 

« Cette conférence a envoyé un signal fort au monde : peu importent les incertitudes externes et internes auxquelles est confronté le pays à l’heure actuelle, la deuxième économie mondiale continuera de s’en tenir fermement à son plan d’ajustement structurel et de mise à niveau industrielle l’année prochaine », assure Cong Yi, un professeur de l’Université de finance et d’économie de Tianjin.

« Tous les points clés que le gouvernement central a soulignés au cours de cette conférence impliquent la stabilisation. Celle-ci n’est pas conçue pour assurer une croissance économique rapide, mais pour maintenir le rythme de l’approfondissement des réformes et l’orientation vers un modèle de développement de haute qualité », a-t-il expliqué, ajoutant qu’il fallait se concentrer « plus sur la qualité que sur la quantité ».

Une situation économique intérieure saine et stable, centrée sur le plan de stabilisation du gouvernement central, sera le soutien le plus fort pour permettre à la Chine de faire face aux défis externes dans le contexte de la guerre commerciale sino-américaine actuelle et le ralentissement de l’économie mondiale.

Des tâches majeures

« La Chine affronte des défis majeurs à l’intérieur comme à l’extérieur. Néanmoins, peu importe la pression, la Chine insistera sur son propre rythme et restera engagée pour accomplir les objectifs qu’elle s’est fixées », affirme Dong Dengxin, le directeur de l’Institut des finances et des valeurs mobilières de l’Université de sciences et technologies de Wuhan.

La Chine est entrée dans la dernière ligne droite pour éradiquer la pauvreté absolue d’ici 2020 et doubler son PIB et son revenu par habitant en 2020 par rapport aux niveaux de 2010. D’après les analystes, de tels objectifs pourraient être réalisés, car le pays est resté engagé pour maintenir son activité économique dans une « fourchette raisonnable » et faire face aux défis par des efforts constants.

Alors que la Chine vise à édifier de façon intégrale une société de moyenne aisance d’ici la fin de l’année et à accomplir son « objectif du premier centenaire », l’année prochaine revêt pour elle une grande importance. Globalement, cela signifie que la croissance de la Chine peut améliorer la qualité de vie de l’ensemble de sa population, notamment de ceux vivant en-dessous ou proche du seuil de pauvreté.

En matière de réduction de la pauvreté, la Chine témoigne d’un bilan remarquable, ayant réussi à sortir près de 700 millions de personnes de l’extrême pauvreté au cours des 40 années depuis le lancement de la réforme et de l’ouverture, un chiffre qui représente près de 70 % de l’élimination de la pauvreté mondiale au cours de cette période.

D’ici la fin de cette année, plus de 90 % des xian pauvres et près de 95 % de la population pauvre dans le pays seront sortis de la pauvreté, indiquait jeudi le People’s Daily, l’organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste de Chine.

« A ce moment final, nous devons continuer. [...] Même si la victoire n’est pas possible, la retraite n’est pour autant pas envisageable », a-t-il rapporté, citant un officiel du Bureau du groupe dirigeant pour la réduction de la pauvreté et le développement affilié au Conseil des affaires d’Etat.

« L’objectif du pays d’éradiquer la pauvreté est entré dans une période critique, mais même s’il s’agit d’une bataille difficile à mener, cette tâche peut être remplie. Les 5 % de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté seront sorties de la pauvreté en 2020 », annonce Dong Dengxin.

Des facteurs sociaux, comme l’inégalité dans l’éducation et les ressources médicales, constituent les raisons majeures de la pauvreté dans le pays et ceux-ci seront résolus au cours de l’année prochaine par un soutien financier plus important, croit savoir Cong Yi.

La guerre commerciale, une « nouvelle normalité »

Le maintien de la croissance du PIB autour de la barre psychologique des 6 % en 2020 représente par ailleurs une tâche majeure, alors que la guerre commerciale en cours avec les Etats-Unis risque d’imposer une pression croissante sur l’économie intérieure, analyse Tian Yun, le vice-directeur de l’Association des opérations économiques de Beijing.

L’année prochaine, les tensions commerciales avec les Etats-Unis pourraient devenir une « nouvelle normalité », du fait du manque de sincérité de la part des Etats-Unis et de leur volonté d’entraver l’essor de la Chine.

« Toutefois, cela ne doit pas décider du développement de la Chine », précise-t-il, notant que la croissance de la Chine dépend des ajustements sur sa structure industrielle, mais également de l’approfondissement de la réforme et de l’ouverture.

La Chine insiste depuis longtemps sur l’ouverture et ses efforts pour renforcer la coopération avec les pays et régions le long de l’initiative des nouvelles Routes de la soie et d’autres marchés dans le monde lui permettront d’élargir les horizons pour sa croissance économique.

D’après Dong Dengxin, l’accroissement de la demande intérieure en stimulant la consommation jouera aussi un rôle plus important pour soutenir le développement du pays. De plus, d’autres efforts − dont la réduction des charges fiscales pour les PME et l’amélioration de l’environnement des affaires − apporteront une aide non négligeable.