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Une confiance Chine-France approfondie
Enfin, la CIIE semble être perçue par Emmanuel Macron comme un outil de la diplomatie française pour sortir d’une certaine rigidité de la coopération avec la Chine. La visite de Macron s’inscrit donc dans un projet plus large, dont l’objectif est d’introduire une coopération fluide capable de renforcer à la fois les échanges de savoir-faire de chaque partie dans les domaines de la santé, de l’intelligence artificielle, du tourisme, des cosmétiques, etc. Le patron de Cosmérêve espère, par exemple, que les discussions entre Emmanuel Macron et Xi Jinping conduiront à l’assouplissement de la réglementation des marchés chinois et français et à de nouveaux partenariats entre les deux pays.
Cette coopération fluide s’applique aussi au renforcement des précieux liens d’amitié qui unissent la Chine et la France. Dans les temps qui vont suivre la fin de la CIIE 2019, la visite d’Emmanuel Macron permettra sans aucun doute de proposer une approche globale renouvelée de la coopération entre la Chine et la France dans l’industrie des services, de la santé et de l’intelligence artificielle. Cet appel pourrait porter sur la création d’un écosystème fondé sur une politique économique de coopération franco-chinoise impulsée par le développement durable, l’innovation et la propriété intellectuelle. Cet écosystème permettrait aussi de proposer des solutions politiques innovantes à des problèmes globaux, dont certaines solutions font déjà consensus entre la Chine et la France, comme la lutte contre le changement climatique.
Cette position a été réaffirmée par le ministre de l’Économie Bruno le Maire, lors de sa visite préparatoire à Beijing les 7 et 8 octobre pour la venue d’Emmanuel Macron à la CIIE 2019, en parlant d’un libre échange plus juste. Pour cette raison, la présence des présidents chinois et français à la CIIE 2019 ne se borne pas simplement aux échanges économiques. Il s’agit aussi pour les deux hommes d’État d’atteindre un nouveau stade de confiance entre la Chine et la France dans les discussions préparatoires sur la réforme de l’OMC. En effet, la CIIE 2019 sert également de cadre pour tracer les traits futurs de l’ordre international à l’ère du multilatéralisme, lesquels ne peuvent être garantis que par des pays responsables.
En outre, si l’on en croit la déclaration de Bruno Le Maire à Beijing sur le « rôle de la France de partenaire responsable, soucieux d’un renforcement équilibré de ses relations avec l’Union européenne et la Chine dans un monde incertain », la CIIE 2019 devrait aussi permettre à la France de jouer le rôle de médiateur entre une Union européenne qui n’arrive toujours pas à convertir sa puissance économique en puissance politique sur la scène internationale et la Chine qui réussit progressivement à le faire. La CIIE 2019 est donc aussi une bonne occasion pour donner un nouveau souffle à la politique européenne d’Emmanuel Macron, en difficulté actuellement avec le rejet de la nomination de la française Sylvie Goulard à la Commission européenne.
L’imbrication de tous ces différents enjeux, concentrée dans l’événement particulier de la CIIE, montre une nouvelle fois que le monde du XXIe siècle n’est plus seulement globalisé, il est surtout en voie de multipolarisation avec la montée en puissance des différences culturelles qui sont autant de nouvelles normes à comprendre en termes de production, d’innovation et de politique tant pour les multinationales que pour les gouvernements. Loin d’être un obstacle, ces différences culturelles doivent être analysées comme l’un des vecteurs capable de libérer tout le potentiel de croissance des différentes économies dans le monde pour les pays développés et ceux en voie de développement grâce à la consommation chinoise. En somme, la CIIE 2019 incarne, à tous les niveaux, le gagnant-gagnant.
Source:La Chine au Présent |