Ces mesures ne devraient toutefois pas entraver les efforts de la Chine pour devenir une puissance dans l’énergie de pointe.

L’ajout par les Etats-Unis de quatre entreprises chinoises du nucléaire à sa Liste des entités, qui empêche ces dernières de bénéficier des exportations américaines, n’affectera pas la transformation actuelle de la Chine en une puissance du nucléaire.

Mercredi, le Bureau de l’industrie et de la sécurité affilié au Département du commerce des Etats-Unis a ajouté le groupe China General Nuclear (CGN) et ses filiales China General Nuclear Power, China Nuclear Power Technology Research Institute et Suzhou Nuclear Power Research Institute à sa Liste des entités.

Les entreprises qui figurent sur cette liste doivent obtenir une licence spéciale du gouvernement américain pour pouvoir importer des matériaux et des technologies depuis les Etats-Unis. En pratique, ces approbations sont rarement accordées.

Les entreprises chinoises précédemment ajoutées à cette liste incluent le géant de la haute technologie Huawei Technologies et cinq autres entreprises technologiques spécialisées dans les domaines des circuits intégrés et des supercalculateurs.

D’après plusieurs spécialistes, cette nouvelle mesure fait partie des efforts entrepris par les Etats-Unis pour entraver le secteur en rapide croissance du nucléaire chinois. Toutefois, ces tentatives seront vaines.

« La restriction sur la CGN est une nouvelle tentative, similaire à celle contre Huawei, d’entraver le développement de la Chine. […] Cependant, la Chine possède des technologies nucléaires développées de façon indépendante et elle est capable de concevoir et de produire la plupart des composants et des dispositifs par elle-même. Parmi les quelques éléments importés, un très petit nombre proviennent des Etats-Unis », explique Hu Chi, un chercheur de la Commission chinoise d’administration et de supervision des actifs publics (SASAC).

La Chine peut toujours se tourner vers d’autres pays pour des importations similaires ou investir davantage dans la recherche et développement au niveau national pour éviter les importations américaines, même si les centrales nucléaires existantes utilisant des technologies américaines seront probablement affectées, explique-t-il.

D’après la CGN, l’une des entreprises du nucléaire les plus importantes en Chine, la mesure américaine aura une « influence fondamentalement gérable » sur son développement.

Au mois d’octobre, le gouvernement américain a annoncé un nouveau cadre politique pour la coopération nucléaire civile avec la Chine, qui impose des restrictions significatives sur les exportations américaines de technologies, d’équipements et de matériaux nucléaires commerciaux vers la Chine.

En 2016, le Département de la justice des Etats-Unis a accusé la CGN de conspiration pour voler les secrets du secteur de l’énergie des Etats-Unis.

Un chercheur de l’Université Jiao Tong à Shanghai spécialisé dans le domaine de l’énergie nucléaire explique que cette restriction pourrait avoir une certaine influence sur le projet Hualong One de la CGN dans la centrale nucléaire de Bradwell au Royaume-Uni, mais elle n’aura globalement que peu d’impact sur l’entreprise en elle-même et sur le secteur du nucléaire en Chine.

« La Chine a accompli un haut niveau de conception et de capacité de production au niveau national sur l’ensemble de la chaîne industrielle du nucléaire. Même si elle continue d’importer certains logiciels de conception et certains composants depuis les Etats-Unis, les trois géants chinois du nucléaire ont tous accéléré leurs efforts dans les domaines concernés pour réduire leur dépendance vis-à-vis des importations », explique cet expert souhaitant rester anonyme.

Alors que les Etats-Unis tentent de freiner le secteur du nucléaire chinois, de nombreux autres pays sont ravis de faire des affaires avec la Chine, étant donné l’importance de ses investissements dans ce secteur et son marché colossal.

L’expert se soucie toutefois de l’influence que cette mesure pourrait avoir sur la communication académique entre les chercheurs chinois et américains.

Pour Lin Boqiang, le doyen de l’Institut de Chine pour l’étude de la politique énergétique affilié à l’Université de Xiamen, cette restriction imposée par les Etats-Unis nuit aux relations commerciales normales basées entièrement sur la concurrence du marché, ainsi que l’offre et la demande. De ce fait, elle est préjudiciable à tous.