Les deux jours de consultations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, qui ont pris fin jeudi, ont montré que les deux pays ne souhaitaient pas une guerre commerciale totale et que les différends pourraient être résolus d'ici à la mi-2019.

A l'invitation des Etats-Unis, une délégation chinoise a eu des échanges « constructifs et francs » sur des questions économiques et commerciales d'intérêt commun avec leurs homologues américains mercredi et jeudi à Washington, a annoncé vendredi le ministère chinois du Commerce, qui a également indiqué sur son site Internet que les deux parties resteront en contact pour le prochain arrangement.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Lu Kang, a déclaré lors d'une conférence de presse ordinaire vendredi que les consultations au niveau des vice-ministres avaient pris fin à Washington et que les deux pays resteraient en contact pour les arrangements futurs. S'agissant des déclarations de certains responsables américains, M. Lu a dit que la Chine préférait rester silencieuse pendant les consultations plutôt que de « crier de temps en temps pour se donner plus de courage ».

« S'ils veulent que les Chinois entendent cela, ils devraient se rendre compte que les faits ont prouvé leur futilité et leur insignifiance ; s'ils veulent que leurs propres citoyens les entendent, peut-être ont-ils vraiment besoin de le faire (avoir du courage), a-t-il ajouté.

De son côté, la porte-parole de la Maison-Blanche, Lindsay Walters, a déclaré que les deux pays avaient discuté « de la manière de parvenir à l'équité, à l'équilibre et à la réciprocité dans leurs relations économiques, notamment en s'attaquant aux problèmes structurels en Chine », a rapporté vendredi Reuters.

« Il semble qu'aucun progrès significatif n'ait été obtenu dans cette série de consultations, mais les Etats-Unis et la Chine reconnaissent que les différends commerciaux ne serviront à rien des deux côtés et espèrent maintenir des consultations efficaces », a pour sa part commenté vendredi dans le Global Times Sang Baichuan. Directeur de l'Institut de commerce international à l'Université de commerce et d'économie internationaux de Beijing.

Pour les États-Unis, le but ultime du déclenchement d'une guerre commerciale était de freiner la croissance rapide de la Chine, et compte tenu de cela, il est difficile pour les deux pays de parvenir à un consensus dans un court laps de temps.

« Les Etats-Unis ont de nombreuses demandes pour obtenir des conditions plus favorables de la part de la Chine dans les négociations, mais il est irréaliste de se conformer aux exigences américaines, et c'est le plus grand écart entre les deux pays », a-t-il souligné, ajoutant que les deux pays discuteront plus avant de sujets tels que la protection des droits de propriété intellectuelle, les subventions gouvernementales, les niveaux des droits de douane, l’accès au marché, les restrictions aux investissements étrangers et le transfert de technologie à l’avenir.

Mais, estiment les experts, certaines demandes des États-Unis sont injustes, violent les règles de l'OMC et nuisent à la souveraineté économique de la Chine, et la Chine ne cèdera jamais.

Outre les consultations bilatérales, ce qui compte le plus, c'est d'amener les États-Unis à discuter des problèmes dans le cadre du système commercial multilatéral et de mettre en place un mécanisme de communication à long terme entre les deux pays.

Le ralentissement économique américain

Pour Jin Canrong, doyen associé de la Faculté d'études internationales de l'Université Renmin de Chine, les positions actuelles des deux parties sont très différentes et les États-Unis ont trop de demandes.

Il a toutefois prédit que le différend commercial entre la Chine et les Etats-Unis sera probablement résolu par des négociations d'ici à la mi-2019, affirmant vendredi dans le Global Times que « L'économie américaine se porte bien, mais elle pourrait ralentir l'année prochaine, ce qui affaiblira la confiance du pays dans les négociations ».

Les efforts des États-Unis, tels que les réductions d'impôts, rapatrier de grandes quantités de capitaux des marchés étrangers et les investissements dans les infrastructures, ont contribué à la croissance du PIB, mais ces avantages diminueront l'année prochaine lorsque les retours de capitaux ralentiront et que tout le monde se rendra compte que les investissements dans les infrastructures sont également un investissement à long terme

Il a par ailleurs noté que « Wall Street a été haussier pendant 10 ans et que certains problèmes devraient émerger l’année prochaine », ajoutant que les États-Unis n’ont pas de projets industriels attrayants, ce qui devrait ralentir le retour des capitaux de l'étranger et affecter le marché boursier américain.

Selon les experts, qui pensent que la résilience de l'économie chinoise devrait freiner l'arrogance américaine, les tensions commerciales devraient avoir un impact sur le développement économique de la Chine, mais celle-ci peut résister aux incertitudes engendrées par les tensions commerciales.

He Weiwen, un ancien conseiller économique et commercial des consulats de Chine à San Francisco et à New York, a quant à lui déclaré vendredi dans le Global Times que la Chine pourrait gérer correctement les défis et la volatilité du marché non directement liés aux différends commerciaux. « Les problèmes rencontrés par l'économie chinoise sont en grande partie causés par des facteurs internes », a-t-il souligné.