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Le président chinois Xi Jinping a proclamé le 4 septembre l'ouverture du Sommet du G20 de Hangzhou. Pendant deux jours, les grands de ce monde ont discuté des moyens de relancer la croissance de l'économie mondiale et de transformer la gouvernance internationale dans un monde qui a profondément changé depuis la première édition du Sommet du G20 en novembre 2008, alors au creux de la vague de la crise financière internationale. Le thème de ce sommet est programmatique et annonce une nouvelle donne : « Vers une économie mondiale innovante, revigorée, interconnectée et inclusive ».
Dans son discours d'ouverture, le président chinois a repris chacune de ces thématiques en prenant soin de faire un rappel de ce qui avait conduit en 2008 les représentants des 20 principales économies de la planète à se rencontrer tous les ans : surmonter les effets d'une crise d'une ampleur inégalée avec « un esprit de partenariat pour avancer ensemble dans la même direction » afin de remettre l'économie mondiale « sur la voie de la stabilité et de la reprise ». Xi Jinping remarque cependant que huit années plus tard, les moteurs traditionnels de la croissance au cours de la décennie précédente s'épuisent, qu'il s'agisse du progrès technique, du dividende démographique et de la mondialisation. Il constate en effet que le progrès technique stimule moins la croissance, mais aussi une tendance accrue au vieillissement de la population mondiale et à la résistance à la mondialisation. Une vague de protectionnisme, de fermeture sur soi et de conflits déferle sur le monde et l'économie mondiale fait face à des risques systématiques nés de l'endettement et de la spéculation. Tel est le bilan que dresse le président chinois. Pour y remédier, il soumet cinq modalités de réponses aux dirigeants mondiaux.
Tout d'abord, il propose de renforcer l'ajustement des politiques macroéconomiques pour une croissance mondiale appropriée et de maintenir la stabilité financière ainsi que la confiance des marchés. Le président chinois appelle à la mise en œuvre de réformes structurelles visant à accroître la demande, améliorer la qualité des marchés et renforcer les bases de la croissance économique. C'est ce que formule le « Plan d'action de Hangzhou ».
Parallèlement, le président chinois incite à innover pour ouvrir de nouvelles voies de développement. Xi Jinping propose de fusionner d'un côté les politiques à court terme et à moyen-long terme, et de l'autre, la maîtrise de la demande en énergie et la politique du côté de l'offre. Ces idées ont fait l'objet d'un consensus et sont inscrites dans le « Plan directeur du G20 pour la croissance par l'innovation ».
Enfin, le président chinois veut faire aboutir l' « Agenda 2030 » de développement durable et encourager le développement inclusif. « C'est un souhait commun à tous, particulièrement aux populations des pays en développement », précise Xi Jinping. Il illustre cette volonté en soulignant que le coefficient de Gini - qui mesure l'inégalité des revenus et des richesses – se situe autour de 0,7. Il appelle à la plus grande vigilance afin de ne pas dépasser la « ligne rouge » de 0,6. Pour cela, il est nécessaire d'aider à l'industrialisation de l'Afrique et des pays les moins avancés, de faciliter l'accès aux énergies et de renforcer le rôle des énergies propres et renouvelables, mais aussi de généraliser l'accès à la finance et d'encourager les jeunes à entreprendre.
Ces propositions sont un « New Deal » à la chinoise où résonnent clairement les appels au multilatéralisme dans la gouvernance économique mondiale et au libéralisme commercial pour sortir de l'ornière actuelle. Xi Jinping veut insuffler un nouvel élan à l'économie mondiale, et à la différence des autres pays du G20, la Chine possède les atouts maîtres qui lui permettront de faire davantage encore entendre sa voix et ses propositions. Le pays a ainsi déjà montré sa détermination dans les faits avec les initiatives récentes « Ceinture et route » et la création de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, qui vont faciliter la construction et l'interconnexion des infrastructures entre la Chine et l'Europe via l'Asie centrale d'un côté (la Ceinture économique de la Route de la Soie), et la Chine et l'Afrique via l'Asie du Sud-Est de l'autre (la Route maritime de la Soie du XXIe siècle).
L'allocution de Xi Jinping à l'ouverture de ce Sommet du G20 de Hangzhou marque un tournant décisif : si la Chine a été le moteur de l'économie mondiale pendant 10 ans, elle est maintenant prête à en prendre le volant.
par Jacques Fourrier (l'auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
Source: french.china.org.cn |
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