La Route de la Soie n'est pas comparable au plan Marshall

Par : Vivienne |  Mots clés : plan Marshall,Xi Jinping
French.china.org.cn | Mis à jour le 25-11-2014

Il est crucial de connaître l'histoire pour comprendre la politique actuelle. L'histoire sert aussi souvent d'exemple aux dirigeants dans leur prise de décision. Mais le plus important pour en tirer des bénéfices est d'en faire un usage rationnel et prudent.

Seule une vision historique minutieuse peut fournir un antidote à la myopie présente. En revanche, une utilisation abusive conduit à une distorsion de l'information et des malentendus regrettables.

Un exemple récent d'utilisation inconsidérée de l'histoire est lié à la comparaison permanente de la tentative chinoise visant à revitaliser l'ancienne Route de la Soie et la décision des États-Unis de fournir une aide économique et militaire aux pays d'Europe occidentale après la Seconde Guerre mondiale.

Certains chercheurs s'efforcent à dessiner des parallèles entre le programme de relance de l'Europe, connu sous le nom de plan Marshall, de 1947, et l'initiative « Une ceinture, une route » qui fait référence à la ceinture économique de la Route de la Soie et Route maritime de la Soie au XXIe siècle.

Pour comparer ces deux projets, il faut analyser deux discours différents. Le premier a été donné en juin 1947 par le secrétaire d'État américain d'alors George Marshall à l'Université de Harvard. Le second a été prononcé par le président chinois Xi Jinping en septembre 2013 à l'Université Nazarbayev du Kazakhstan.

George Marshall a évoqué la nécessaire reconstruction de l'Europe. « Les besoins de l'Europe pour les trois ou quatre prochaines années en aliments et autres produits essentiels importés, principalement d'Amérique, sont tellement plus grands que sa capacité actuelle à payer qu'il faut lui apporter une aide substantielle, ou faire face à une détérioration économique, sociale et politique très grave », a-t-il souligné.

La quantité à fournir aux nations européennes s'élevait à ce moment-là à 13 milliards de dollars. Quelques mois plus tôt, en mars 1947, les avions américains avaient déjà apporté une aide directe à la Grèce et à la Turquie.

Dans son discours, Xi Jinping a insisté sur la politique chinoise de bon voisinage et de coopération amicale avec les pays d'Asie centrale. En mettant l'accent sur l'histoire, il a exclu le scénario d'une Chine étendant ses sphères d'influence en Asie centrale et a élaboré les idées de collaboration, de paix et de prospérité commune.

Xi Jinping a également fait part de ses espoirs pour une meilleure communication politique et des conditions de vie améliorées, des travaux d'infrastructure, des transports et une circulation monétaire efficaces. À cet égard, il a évoqué le rôle central de la Chine dans l'apport d'aide en créant un fonds de 40 milliards de dollars.

Les deux discours peuvent être rapprochés pour leur référence commune à l'engagement des États-Unis et de la Chine à soutenir d'autres pays. Une différence fondamentale est cependant évidente. Elle est liée au contexte dans lequel ces discours ont été prononcés.

D'une part, le plan Marshall faisait partie des actions de Washington pour contenir l'expansionnisme de l'Union soviétique et empêcher l'Europe occidentale de tomber dans le communisme.

D'autre part, l'initiative « Une ceinture, une route » est entreprise dans monde de plus en plus multipolaire.

En d'autres termes, la structure bipolaire de la guerre froide ne trouve aucun écho à l'ère actuelle. La confrontation entre les États-Unis et l'Union soviétique n'a aucun parallèle de nos jours.

Bien que certains chercheurs occidentaux voient avec suspicion la montée de la Chine et annoncent des tensions futures avec Washington, un plus grand nombre d'analystes prennent en compte les paramètres de la mondialisation et de l'interdépendance économique, et avertissent avec prudence les pays du risque d'une destruction mutuelle dans le cas de conflits graves au XXIe siècle.

Xi Jinping a donné son discours à l'Université Nazarbayev du Kazakhstan sans mentionner l'existence d'un adversaire dans l'arène internationale. Cela ne signifie évidemment pas que le président chinois pourrait s'abstenir de proposer et de mettre en œuvre des projets susceptibles de renforcer la position internationale de la Chine à l'ère de la mondialisation. C'est ainsi que l'initiative « Une ceinture, une route » devrait être comprise.

Comparer le plan Marshall et le projet de la Route de la Soie peut amener des observations intéressantes sur le nouvel ordre mondial du XXIe siècle et les relations internationales en général. Plus important encore, cela souligne la nécessité de bien étudier et de bien enseigner l'histoire. Cela ne saurait être réalisé si les circonstances et contextes différents sont ignorés.

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