Les entreprises chinoises en Afrique : réalités et opportunités
Le 3 juillet 2007, à l'hôtel Shangri-La de Wuhan, s'est tenu le Forum de promotion de la coopération Chine-Afrique en matière de commerce et d'investissement. (CFP)
Les investissements des entreprises privées chinoises en Afrique sont une vraie tendance. Avec quels résultats, pour elles et pour les Africains ? Éclairage.
Ces dernières années, les entreprises chinoises ont accru leurs investissements en Afrique. De 2009 à 2012, les investissements directs chinois en Afrique sont passés de 1,44 milliard (de dollars US) à 2,52 milliards, soit une augmentation de 20,5 % par an. Sur la même période, les investissements directs cumulés de la Chine en Afrique sont passés de 9,33 milliards (de dollars US) à 21,23 milliards. Actuellement, plus de 2 000 entreprises chinoises sont installées dans plus de 50 pays africains, la grande majorité d'entre elles étant des entreprises privées.
Le secteur privé de l'économie de la province méridionale du Zhejiang est en plein développement, et les marchands locaux ont d'ailleurs commencé à explorer les marchés mondiaux il y a des siècles. De novembre 2011 à juillet 2012, mon équipe a mené trois études sur les entreprises privées locales. La première a étudié leurs objectifs et leurs conditions d'investissement en Afrique. La seconde avait pour thème les grossistes et les détaillants du Zhejiang à Johannesburg, en Afrique du Sud. Enfin la troisième portait sur la responsabilité sociale des entreprises privées chinoises qui ont investi au Sénégal et au Nigeria.
92 % des chefs d'entreprises interrogés se sont montrées enthousiastes à l'idée d'investir en Afrique. La plupart n'y ont pas encore investi mais envisagent de le faire. En ce qui concerne les secteurs économiques dans lesquels ils préfèreraient investir, le secteur manufacturier (45 %), l'immobilier (17 %) et l'agriculture (12 %) ont leur préférence.
Intention contre réalité
Il y a un écart énorme entre les secteurs économiques africains dans lesquels les entreprises chinoises déclarent avoir l'intention d'investir et ceux dans lesquels elles ont en fait investi. Cet écart est particulièrement important dans le secteur de la restauration. Bien que peu d'entreprises chinoises envisageaient d'investir dans ce secteur à la base, c'est en fait celui qui a recueilli la plupart des investissements chinois. D'un autre côté, certaines entreprises déclaraient vouloir investir dans l'agriculture mais aucune ne l'a fait. En ce qui concerne le marché de l'immobilier, 17 % des entreprises déclaraient vouloir y investir mais seulement 3 % l'ont fait. Et ces statistiques sont quasi similaires pour le secteur manufacturier, ainsi que pour l'éducation, la finance et le secteur des loisirs.
Cet écart conséquent montre que, d'une certaine manière, des entreprises voulant investir en Afrique rencontrent des difficultés d'adaptation aux réalités locales pour différentes raisons. Cela montre aussi que les entreprises chinoises manquent encore d'informations fiables et d'analyses de faisabilité en ce qui concerne les investissements en Afrique.
En termes de rentabilité, 62 % des entreprises concernées par notre étude ont eu de bons ou de très bons résultats, et aucune n'a essuyé de pertes. Cela indique qu'investir en Afrique vaut le coup et est prometteur.
À propos de la manière par laquelle les entreprises ont obtenu leurs informations sur le marché africain, 39 % d'entre elles déclarent avoir utilisé les moteurs de recherche sur internet. Parallèlement, 16 % d'entre elles récoltent toujours leurs informations grâce aux foires, aux séminaires et à leurs clients. Avoir des informations est un point critique concernant le processus de prise de décision d'investir en Afrique. Néanmoins, si les entreprises devaient collecter des informations par elles-mêmes, les coûts seraient énormes et la plupart d'entre elles ne pourraient pas les assumer. C'est pourquoi il est nécessaire que les autorités compétentes fournissent des informations aux entreprises en organisant (ou en incitant les entreprises à le faire) des foires et des séminaires sur le sujet.
Toutes les entreprises chinoises concernées par notre enquête ont qualifié d'important le support du gouvernement, en particulier en ce qui concerne les politiques, les informations et l'assistance financière. Le besoin de professionnels ayant une expertise du marché africain se classe à la quatrième place.
Les dernières réactions Nombre total de réactions: 0 |
Sans commentaire.
|
Voir les commentaires |