La coopération sino-européenne doit tenir compte des intérêts à long terme

Les présidents américain et français, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, ont discuté de l'entrée de la monnaie chinoise au panier de devises sur lesquelles reposent les droits de tirage spéciaux du FMI. Ce sujet mérite une grande attention.

Au début de la crise, la Chine, dont l'économie évolue à grande vitesse, avait décidé d'apporter un investissement de 4 000 milliards de dollars dans le but d'augmenter la demande intérieure et d'atténuer ainsi la pression sur l'économie mondiale. La croissance économique de la Chine dans les années qui s'ensuivirent s'est révélée être positive pour la reprise de l'économie mondiale.

L'économie mondiale a été affectée par la crise de la dette européenne et la demande a de façon définitive diminué. La Chine doit, dans ce cas-là, tenir compte non seulement de la dette européenne mais également de la planification prudente de ses futurs investissements selon ses intérêts d'ensemble et à long terme.

Il faut noter que l'effet de levier excessif des économies développées n'est pas le seul déclencheur de la crise de la dette en Europe. Le déséquilibre structurel, la vacuité industrielle et le chômage qui frappe les ouvriers qualifiés, le déséquilibre économique ainsi que la surcapacité de production entraînée par la surconsommation, ont ensemble contribué à l'éclatement de la crise.

Les économies développées et émergentes sont actuellement confrontées au même casse-tête : comment accroître la demande ? Rien ne manque dans notre monde, sauf la demande. Le mode de croissance à l'américaine, caractérisé par une consommation excessive, n'est pas durable. Tous les pays ont pour responsabilité de trouver une solution pour faire face au marché d'aujourd'hui. Par conséquent, au lieu de chercher à obtenir des succès immédiats, la Chine et l'Europe doivent assumer leurs responsabilités respectives et examiner ensemble, sur un pied d'égalité, les projets de coopération.

La Chine doit diversifier ses investissements

Dans un environnement économique complexe, les colossales réserves de change de la Chine, très attrayantes, servent de base à la forte croissance de l'économie chinoise. Néanmoins, un effet à double-tranchant semble évident.

Certains responsables américains ont promis que les Etats-Unis ne mettraient pas fin au contrat si la Chine achetait leurs dettes souveraines. Toutefois, il y a quelques mois, l'Oncle Sam a laissé entrevoir que, dans le pire des cas, il n'arriverait probablement pas à suivre ses engagements. Ce changement surprenant rappelle à la Chine la nécessité de diversifier ses investissements et d'ajuster au bon moment sa stratégie d'investissements à l'étranger afin de pouvoir faire face à ces brusques changements.

Aux yeux de certains spécialistes, cette crise des dettes des économies développées a multiples facettes et peut également être perçue comme une opportunité pour les entreprises chinoises et pour l'internationalisation du yuan. Je suis d'avis qu'il est toujours important d'encourager les entreprises chinoises à investir à l'étranger, car il est indispensable, malgré les obstacles et les difficultés, de chercher plus de partenaires et plus d'opportunités de coopération. En même temps, la Chine doit acheter une quantité adéquate d'or et de matières premières pour diversifier les risques. Il est également nécessaire que la Chine fasse des investissements en actions, notamment dans les secteurs des nouvelles et hautes technologies.

Le changement de la structure économique mondiale est inévitable. Avec l'internationalisation du RMB, la Chine doit se donner plus de choix.

(Traduction de l'article chinois de Mme. Ni Xiaolin, commentatrice émérite en économie et finances)