Le prix extraordinairement élevé de l'immobilier en Chine est insupportable non seulement pour les cols bleus, mais aussi pour les cols blancs qui, bien qu'ayant des revenus supérieurs, se retrouvent coincés devant la situation immobilière du pays.

"Les cols blancs appartiennent également à la couche défavorisée car ils ne peuvent pas s'offrir un logement dû au prix trop élevé de l'immobilier", analyse Liu Jiahui, professeur à l'Université industrielle d'Harbin, lors d'un séminaire académique sur la sociologie chinoise tenu en juillet 2009.

L'expérience personnelle d'un col blanc, Li Tongxu, qui travaille à Shanghai dans une entreprise étrangère réputée, va dans le sens de cette affirmation.

"Nous jouissons, moi et ma femme, de 16 000 yuans de revenus mensuels, supérieurs au niveau moyen. Cependant, lorsque nous avons dû acheter un appartement avec trois chambres et un salon, nous nous sommes endettés de 200 000 yuans auprès de proches et d'amis pour le premier paiement de 600 000 yuans. Pour le reste, on a encore dû emprunter 1 200 000 yuans à la banque, qui nous demande de rembourser 9 000 yuans par mois. C'est à la limite de ce que l'on peut supporter," témoigne Li Tongxu.

"On marchande lorsqu'on fait des courses, on n'ose pas aller au grand magasin ni prendre des vacances ailleurs", se plaint Li, ajoutant qu'il refuse même les invitations de ses amis parce qu'il faut de l'argent.

Devant ces logements de plus en plus chers, de nombreux jeunes sont obligés de demander le soutien financier de leurs parents. Le résultat d'une enquête récente montre que 62,27% des jeunes ont besoin du soutien financier de leurs parents pour le premier apport à l'achat de leur logement. 10,67% de ces jeunes dépendent totalement de leurs parents.

La génération chinoise née dans les années 1980 est maintenant en âge de se marier et de fonder un foyer. Si elle souffre de la situation du logement, elle souffre aussi d'un taux de croissance des salaires toujours inférieur à celui de la hausse des prix immobiliers.

Ne pouvant s'offrir un logement, beaucoup préfèrent louer.

"Je suis maintenant résolu à louer un logement au lieu d'en acheter un, car le prix de l'immobilier est largement au-delà de mon pouvoir et du pouvoir d'achat de mes parents", déclare Xiang Tao, d'origine cantonaise.

Diplômée en 2006 et travaillant dans une grande entreprise d'Etat, Xiang Tao touche un salaire moyen, mais supérieur à celui de beaucoup d'autres jeunes de Guangzhou. Il reconnaît que le marché immobilier le rend perplexe, de même que ses amis du même âge. "Le logement devient un lourd fardeau pour ma génération", dit-il.

"Le marché immobilier en Chine est toujours en plein essor. Même avec la crise financière, les prix immobiliers n'ont pas vraiment baissé", constate-t-il.

"Je ne voit pas la possibilité d'acheter un appartement avec des prix immobiliers si élevés. Mais si les gens comme nous, qui ont un besoin urgent de logement, ne pouvent pas s'offrir un appartement correct, qui peut s'offrir un logement aujourd'hui en Chine?"